GENEVE (AFP) - Un incendie a ravagé une des principales synagogues de Genève tôt jeudi matin, semant tristesse et désarroi parmi les fidèles.
Les enquêteurs ont, "pour l'heure, relevé un seul foyer, à l'entrée de la synagogue", ont précisé quelques heures après le sinistre les autorités du canton de Genève pour qui "l'acte criminel n'est pas plus probable que l'accident".
"Lorsque les pompiers sont arrivés tôt ce matin, l'embrasement était généralisé", a expliqué sur place jeudi matin le porte-parole de la police cantonale de Genève Philippe Cosandey.
"On peut imaginer que plusieurs foyers sont partis en même temps", avait-il estimé avant de relativiser la piste criminelle qu'il avait tout d'abord privilégiée.
L'entrée de la synagogue, où se trouve une armoire électrique, "a été détruite par le feu. Le lieu de culte a, lui, été endommagé par la suie dégagée par l'incendie, d'une part, et par l'eau déversée pour éteindre l'incendie, d'autre part", a précisé le Conseil d'Etat (gouvernement cantonal).
Selon le porte-parole de la police, aucun graffiti antisémite n'a été trouvé sur les lieux et l'incendie n'avait pas été revendiqué jeudi en fin de matinée. Personne n'a été blessé dans l'incendie que les pompiers ont mis une heure à maîtriser, de 04H00 à 05H00 locales (02H00 et 03H00 GMT).
Un petit attroupement de fidèles, certains portant la kippa, s'était rassemblé jeudi matin devant la synagogue sinistrée. "La salle de prière est intacte, les livres n'ont pas souffert", se rassurait l'un d'eux. "Le sol est rempli d'eau, le plafond s'est effondré", déclarait un autre en désignant le bâtiment où s'affairaient les pompiers.
Parmi les fidèles rassemblés, l'homme d'affaires Nessim Gaon. C'est lui qui, en 1972, a fait construire sur la route de Malagnou (est de Genève) cette synagogue de rite sépharade (oriental), appelée Hekhal Haness.
"Soit c'est un acte de Dieu, soit c'est un acte terroriste", dit à l'AFP Nessim Gaon, 84 ans. Avant d'ajouter : "le dégât est trop grand, ça doit être un acte terroriste". Selon lui, la salle pouvait contenir jusqu'à 1.200 personnes les jours de grandes fêtes.
Dans la cour intérieure de la synagogue, des hommes se sont rassemblés pour la prière du matin. "On va faire la prière quand même", a insisté un fidèle.
Les juifs célèbrent, de mercredi soir à jeudi soir, la fête de Chavouot, commémorant le souvenir du don de la Torah.
Ron Aufseesser, président de la Communauté israélite de Genève a déclaré à l'AFP être "extrêmement triste et choqué de ce qui s'est passé".
Johanne Gurfinkiel, secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (CICAD), une association basée à Genève, a exprimé "sa tristesse et sa consternation".
Six synagogues et oratoires représentent à Genève les différents courants du judaïsme. La Suisse compte environ 20.000 personnes de confession juive, dont 5.000 à Genève. Selon la CICAD, on compte environ 60 à 70 actes antisémites en Suisse romande chaque année.
Le financier suisse Nessim Gaon, propriétaire de la synagogue incendiée, est un habitué des démélés commerciaux et judiciaires retentissants, notamment avec la Russie.