A la radio, à la télévision, dans les journaux ou dans ses livres, Alain Finkielkraut semble habité par le sens de sa mission. Parfois imprécateur, mais toujours avec une honnêteté sans faille.
C'était samedi dernier, sur France Culture. Alain Finkielkraut recevait Edouard Balladur et Hubert Védrine. L'effondrement de l'URSS et la chute du Mur n'ont pas été le signal de la fin de l'histoire mais le signal de la fin d'un monde, avait précisé d'emblée l'animateur à l'adresse de ses deux invités. La conversation allait bon train, on discutait pour l'essentiel autour de l'ouvrage de l'ancien premier ministre intitulé Pour une Union occidentale entre l'Europe et les Etats-Unis (Fayard). Tout le monde étant d'accord sur à peu près tout, Alain Finkielkraut décida d'aborder un sujet d'actualité : la récente visite à Paris du colonel Kadhafi. Il n'y avait, dit-il, qu'une seule question à lui poser, une seule, et personne, pas un journaliste, pas un responsable politique ne l'a fait : reconnaissez-vous que les infirmières bulgares étaient innocentes ? En guise de réponse, sur un ton assez sec, Hubert Védrine lui asséna : "Vous êtes resté un missionnaire." Réplique immédiate de l'intéressé : "Je parle simplement de l'innocence des infirmières. Je suis un missionnaire de ça. Je défends l'objectivité quand elle est menacée."
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http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/02/01/le-missionnaire-par-franck-nouchi_1006097_0.html