Sur Aharon Appelfeld

http://lobservateurdudouaisis.pointscommuns.com/aharon-appelfeld-commentaire-lecture-74172.html

Merci Georges,

J'ai énormément aimé la présentation ce cet écrivain Aharon Appelfeld.

" Que reste-t-il d'un homme quand il n'en reste plus rien ?
Voici tout l'enjeu et de danger de ce récit qui vise à faire le deuil pour mieux renaître... "

" L'homme se construit aussi de ce qu'il élude volontairement ou pas ".

Finalement, c'est dans l'isolement et la solitude qu'il s'est emparé du creuset pour brûler les miasmes et en faire la plus pure des lumières.
C'est comme s'il avait voulu transformer le plomb en or.

Bien loin des préchi précha, il a su découvrir seul l'état de transcendance.

Ici, nulle complaisance envers sa propre douleur...

tu as, Georges, l'expérience de ces gens revenus des camps de la mort, tu sais que rien n'est dit, comme s'ils ne voulaient pas choquer leurs interlocuteurs, parce que l'expérience de la douleur ne se partage pas. L'interlocteur peut "comprendre", mais pas ressentir.
On peut savoir ce qu'a vécu Appelfeld en lisant "le livre noir"
http://www.france-ukraine.com/Le-livre-noir-sur-l-extermination,832.html
mais savoir ce n'est pas ressentir. Ce sont des expériences uniques, dont le récit n'est supportable que si le narrateur conserve de la pudeur.

Comme tu as raison Guitl,
quand rien ne peut se raconter, si ce n'est aux personnes ayant partagé viscéralement ce qui humainement reste inconcevable...
Oui, savoir ce que l'on a pas vécu soi même, peut être compris dans sa tête, mais certainement pas dans ses tripes.
Dans ce " livre noir " c'est en effet, un rapport que j'appelle " circonstancier " qui nourrit l'histoire sur la Shoah,

Mais dans le livre de Aharon Appelfeld, c'est ce qu'il a fait de tout son vécu, qui me fait le voir comme un " alchimiste "

Et c'était de ça qu'il me semblait intéressant de parler.

Quand même avec ses anciens compagnons d'infortune, il s'ennuie pour ne plus rien avoir à leur dire... après avoir " dépassé " la rancoeur, pour pouvoir accèder à une dimension intérieure qui peut l'amener à ressembler aux plus grands sages.

Il n'est pas question de " pardonner " pour trouver la paix en soi... mais de parvenir à se détacher des miasmes de ses bourreaux.
Les abandonner à leurs ténèbres, pour se préférer dans la lumière.

Dans l'articlle, on évoque Auguste Comte père du positivisme en disant qu'il est également père de la Sociologie

Aharon Appelfeld s'est cache dans la foret pendant au moins 2 ans. Il etait encore un tout jeune adolescent. Il raconte cette experience dans la plupart de ses livres.

D'où le questionnement de l'humain " sauvage " loin de toute sociabilité...

Sur l'impact de " l'inné " et de " l'acquit "... Forcément, il aura pu faire de sa propre expérience d'enfant sauvage... un sujet de réflexion sans pareil quand déjà, les capacités intellectuelles étaient forcément inscrites dans l'inné.

Je pense à Jean Jacques Rousseau qui s'est appuyé sur ses propres déconvenues, pour écrire dans la plus grande solitude qui le tenait en décalage avec ses contemporains.... Je me demande si l'isolement n'est pas la condition indispensable pour ces êtres hors du commun.

jacqueline a écrit:

D'où le questionnement de l'humain " sauvage " loin de toute sociabilité...

Sur l'impact de " l'inné " et de " l'acquit "... Forcément, il aura pu faire de sa propre expérience d'enfant sauvage... un sujet de réflexion sans pareil quand déjà, les capacités intellectuelles étaient forcément inscrites dans l'inné.

Je pense à Jean Jacques Rousseau qui s'est appuyé sur ses propres déconvenues, pour écrire dans la plus grande solitude qui le tenait en décalage avec ses contemporains.... Je me demande si l'isolement n'est pas la condition indispensable pour ces êtres hors du commun.

Appelfeld n'a pas vécu comme "le bon sauvage" dans les forêts d'Ukraine, il y avait des résistants juifs - des camps qui comprenaient cordonniers, cuisinières, tailleurs, femmes, hommes, enfants, rabbins, des écoles pour les enfants, des synagogues pour prier, des communistes pour ne pas prier.
Les hommes et les femmes, les jeunes adultes, se battaient les armes à la main, mais la communauté s'occupait aussi des enfants et des personnes âgées ; chose qui aurait été impossible dans un camp de résistants classiques, et non juifs.

tout le monde connait la résistance des ghettos, des camps, mais celle des résistants juifs n'est pas connu, c'est dommage.


1942. Les SS liquident les uns après les autres les ghettos de Biélorussie, assassinant méthodiquement les Juifs à la mitrailleuse, à l’exception de ceux exerçant des professions jugées utiles. Dans la région de Lida et de Novogrudok, ils soufflent le chaud et le froid : après chaque opération d’extermination, les Juifs qui n’ont pas été sélectionnés sont rassurés par les Allemands, qui leur promettent la vie sauve du moment qu’ils continuent à être productifs dans leurs ateliers. Un climat de terreur s’installe dans les ghettos progressivement vidés de leurs habitants.

Trois frères, Touvia, Zus et Asaël Bielski, sont résolus à ne pas attendre la mort qu’ils sentent inéluctable, et décident avec leurs familles de s’enfuir dans la forêt. Ils sont fils d’un meunier, et connaissent donc la campagne environnante comme leur poche. Ce sont des hommes de la terre, ils savent survivre dans la forêt dense et les marécages d’Europe de l’Est. Leur métier les a mis en contact avec de nombreux paysans, ils entretiennent même des relations cordiales avec certains, ce qui leur permet de se cacher dans des fermes et de s’approvisionner régulièrement en vivres. C’est le début d’une incroyable épopée qui va durer deux ans, jusqu’à la défaite des Nazis à l’été 1944.

Au départ constitué d’une vingtaine de personnes, le groupe des frères Bielski va devenir en quelques mois un détachement de partisans qui aide les Juifs à s’évader des ghettos, tend des embuscades aux troupes allemandes, exerce des représailles contre les collaborateurs biélorusses et sabote des lignes de chemin de fer. Traqués par les Allemands, les frères Bielski doivent fréquemment changer de planque, et déménager les campements édifiés à grand-peine dès que survient le danger. Les marches de nuit s’enchaînent, il faut aider les enfants, les femmes et les personnes âgées, rassembler le bétail et les quelques ustensiles qu’il est possible d’emporter avant de partir, pour se cacher toujours plus profondément dans les bois. Car le groupe Bielski n’est pas un groupe de partisans comme les autres : les deux tiers de ses membres ne sont pas des combattants. Touvia, le frère aîné qui assure la direction du groupe, tient en priorité à sauver des vies, les actions armées passent après. C’est Zus et Asaël qui s’en chargent, et leurs coups d’éclats sont favorablement remarqués par les autorités soviétiques.

A partir de 1943, le groupe Bielski, qui compte 300 personnes, est officiellement intégré à l’armée des partisans soviétiques. Touvia va gérer de main de maître les relations complexes avec ces alliés officiellement athées et peu disposés à voir se constituer une unité sous une bannière confessionnelle ; leur appui est indispensable pour assurer la pérennité du groupe, c’est avec diplomatie qu’il faut leur démontrer l’utilité de son action, en s’exprimant comme un parfait communiste.

Un an après sa fondation, le groupe Bielski devient un véritable village dissimulé dans la forêt, un village que Touvia Bielski va transformer en centre d’approvisionnement pour tous les groupes de partisans de Biélorussie : les artisans juifs sont experts dans le travail du cuir, des tissus, et du métal. Ils fabriquent des selles, des vêtements, des bottes très appréciées (elles sont indispensables dans ces régions neigeuses en hiver et boueuses en été). Ils réparent aussi les fusils, récupèrent du métal pour en faire des fers à cheval ou des ustensiles divers... Les plus jeunes vont ramasser du bois de chauffage dans la forêt, les femmes se chargent de la cuisine, le village a aussi son médecin, sa troupe de théâtre, sa synagogue...

Recevant un jour la visite du général soviétique commandant les partisans de toute la Biélorussie, Touvia Bielski lui fait visiter les différents ateliers ; arrivé à la tannerie, le général découvre avec stupéfaction des ‘hassidim plongés dans leur ‘amida de Min’ha. Il n’en croit pas ses yeux : que font donc ces gens ? Sans se démonter, Touvia lui répond : vous voyez bien, général, ils apprennent par cœur l’histoire du parti ! Et celui-ci éclate alors de rire...

Pendant ce temps, les combattants continuent de harceler les Allemands et leurs auxiliaires, ils en tueront au total plusieurs centaines. Une discipline de fer est nécessaire au sein même du groupe, pour éviter toute dissension qui mettrait à mal la sécurité de l’ensemble.

A la libération en 1944, le village Bielski abrite 1 200 habitants ! Si l’on compte leurs descendants, ce sont plusieurs milliers de Juifs aujourd’hui installés en Israël et aux Etats-Unis principalement, qui doivent la vie sauve à l’action déterminée et à l’intelligence tactique des frères Bielski.

Asaël, mobilisé dans l’Armée Rouge, est tué en 1945 lors du siège de Berlin. Son épouse et sa petite fille née pendant la guerre partiront s’installer à ‘Haïfa. Touvia et Zus, après un bref retour dans leur village d’origine, émigrent en Israël avec leurs familles respectives, avant de s’établir au début des années cinquante à New York. Touvia vit modestement comme chauffeur livreur, Zus réussit un peu mieux et crée sa compagnie de taxis. Leur tout jeune frère Aharon, encore adolescent pendant la guerre, est parti avec eux pour le Nouveau Monde.

En 1986, après plusieurs décennies d’oubli, un dîner est offert en l’honneur de Touvia Bielski à l’hôtel Hilton de New York, en présence de 600 personnes qui l’acclament et le remercient de ce qu’il a fait. Ce chef charismatique et courageux, qui a habilement manœuvré pour sauvegarder un si grand nombre de vies, est mal à l’aise d’être autant honoré. Il s’éteint l’année suivante, et repose à Jérusalem.

Les frères Bielski

Un livre de Peter Duffy (éditions Belfond)http://www.yechiva.com/article.php3?id_article=280


(ma copine Galith me l'a prêté, et je l'ai acheté, prêté à mon tour à mon beauf, qui ne l'a pas lâché de toute ses vacances ; ce livre est passionnant)

Guitl

C'est vrai que cette " organisation " pour ces habitants de la forêt, est remarquable dans les faits.

Mais je pense que tous ceux qui ont partagé la même expérience, n'en n'ont pas retiré intimement la même chose.... et je pensais que les livres d'Aharon Apopelfeld touchaient plus l'aspect " intérieur " de son vécu, que l'aspect " extérieur " même s'il doit s'appuyer sur l'extérieur pour mieux comprendre l'intériorité de cet homme.

jacqueline a écrit:

Guitl

C'est vrai que cette " organisation " pour ces habitants de la forêt, est remarquable dans les faits.

Mais je pense que tous ceux qui ont partagé la même expérience, n'en n'ont pas retiré intimement la même chose.... et je pensais que les livres d'Aharon Apopelfeld touchaient plus l'aspect " intérieur " de son vécu, que l'aspect " extérieur " même s'il doit s'appuyer sur l'extérieur pour mieux comprendre l'intériorité de cet homme.

c'est ce que l'on appelle "enfoncer des portes ouvertes".
Même une fratrie de 4 enfants, vivant dans la même maison, avec les mêmes parents, toute leur enfance, ne retire pas "intimement" la même chose.
Deux témoins devant la même scène ont des visions différentes.

Guitl

Tu restes toujours rivée aux récits des faits qui tiennent toujours du comment mais pas du pourquoi

Les gens comme toi qui sont dans l'événementiel n'ont pas à enfoncer les portes ouvertes, puisque ces portes intérieures tu préfères les ignorer, même en ce qui te concernes.

En tout cas, je demeure persuadée que tu n'as pas lu la présentation du livre de Haron Appelfeld, sinon, tu n'aurais pas changé de propos comme tu l'as fait.

J'enfonce peut-être des portes ouvertes, mais toi par contre, tu es complètement en dehors de la plaque.

Dans holocauste un des fils combat dans un maquis avec des partisans juifs et y épouse sa femme.

clarahontas le retour a écrit:

Dans holocauste un des fils combat dans un maquis avec des partisans juifs et y épouse sa femme.

ils essayaient d'avoir une vie "normale", et eux seuls étaient capables de prendre des risques que d'autres auraient dit inconsidérés.

Jacqueline, aucun enfant ne pourrait vivre dans une forêt de l'est de l'europe sans l'aide des adultes, et encore, des adultes ...pas n'importe lesquels.
Dans la forêt de ma mère il y avait des ours, des loups, quand ça gelait, les fenêtres se couvraient de givre, ça faisait des étoiles. Dans la cuisine, si elle rentrait tard, les pommes de terre étaient gelées dans la casserole - la soupe idem.
Comment un enfant pourrait-il vivre comme ça?

Aharon Appelfeld est né le 16 février 1932 en Roumanie de parents juifs assimilés germanophones, parlant aussi le ruthène, le français et le roumain. Il vit d'abord une petite enfance heureuse, entre une mère tendre, un père plus lointain, et des séjours à la campagne auprès de ses grands-parents qui lui apprennent le yiddish, des Juifs pratiquants. Sa mère est tuée en 1940 alors que le régime roumain durcit sa politique envers les Juifs. Le nord de la Bucovine, dont Czernowitz, est annexé en juin 1940 par l’URSS en conséquence du pacte Molotov-Ribbentrop, avant d’être occupé par la coalition germano-roumaine en 1941. Aharon Appelfeld connait le ghetto puis la séparation d'avec son père et la déportation dans un camp à la frontière ukrainienne en Transnistrie, en 1941. Aharon Appelfeld parvient à s'évader à l'automne 1942. Il se cache dans les forêts d'Ukraine pendant plusieurs mois au milieu de marginaux de toutes sortes. Il trouve refuge pour l'hiver chez des paysans qui lui donnent un abri et de la nourriture contre du travail mais il est obligé de cacher ses origines juives. Dans Histoire d'une vie il explique: « Plus de cinquante ans ont passé depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le cœur a beaucoup oublié, principalement des lieux, des dates, des noms de gens, et pourtant je ressens ces jours-là dans tout mon corps. Chaque fois qu'il pleut, qu'il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m'ont abrité longtemps.

wikipedia

c'est pas une enfance cadeau, mais pas enfant loup comme nous le comprenons en France, je proteste.
C'était un enfant très éduqué, très débrouillard, en 1942 il avait 10 ans ; je me souviens encore de l'hiver 42, je pleurais de froid.

il y a une erreur dans sa biographie,
http://www.rue89.com/cabinet-de-lecture/aharon-appelfeld-je-suis-une-remanence-de-l%E2%80%99histoire-juive
lors du salon du livre il avait 86 ans. Il n'est donc pas né en 1932 mais en 1922 ; en 42 il avait 20 ans?
Je crois que "rue89" déconne, ou c'est moi?

J’écris sans cesse sur des recoins de ma propre vie. J’ai quatre-vingt-six ans (c’est une longue vie…), ai écrit quarante livres.

au secours!!!!

il est ne en fevrier 42.

Ariella,

Tu fais erreur, il est ne en 1932.

Guitl,

Aharon Appelfeld vivait en Bukovine qui etait passee sous la domination roumaine. Les Juifs de Bukovine furent deportes en Transnistrie et furent executes la-bas ou moururent de faim. Les massacres ont ete perpetres par l'armee roumaine, les Allemands n'etant pratiquement meles a ces operations.

georges972 a écrit:

Ariella,

Tu fais erreur, il est ne en 1932.

Guitl,

Aharon Appelfeld vivait en Bukovine qui etait passee sous la domination roumaine. Les Juifs de Bukovine furent deportes en Transnistrie et furent executes la-bas ou moururent de faim. Les massacres ont ete perpetres par l'armee roumaine, les Allemands n'etant pratiquement meles a ces operations.

on peut avoir confiance dans les roumains. Maintenant il n'y a plus de Juifs, il y a des Tziganes, l'état ne fait rien pour eux.

J'ai trouvé un site sur la Shoa, vous connaissez?
http://www.wmaker.net/seminaireshoah/index.php?action=plan

ariella a écrit:

il est ne en fevrier 42.

Je me suis trompee de touche! il est ne en 32,

Guitl,

Non, je ne connaissais pas ce site. Il se refere au pere Desbois et au travail de son equipe.
Pour trouver plus, il faut chercher sous le nom de Satanov.