Le livret de l'opéra de Rossini est adapté du Barbier de Séville de Beaumarchais. Il fut écrit par Sterbini. C'est sa traduction/réadaptation en français que nous écoutons.
Voici les deux textes :
Beaumarchais Le Barbier de Séville
Acte II, scène 8
La calomnie, Monsieur? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés. Croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde, qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande Ville, en s'y prenant bien ; et nous avons ici des gens d'une adresse!... D'abord un bruit léger, rasant le sol comme hirondelle avant l'orage, pianissimo murmure et file, et sème en courant le trait empoisonné. Telle bouche le recueille, et piano, piano vous le glisse en l'oreille adroitement. Le mal est fait, il germe, il rampe, il chemine, et rinforzando de bouche en bouche il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez Calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription.
Rossini, Il barbiere di Siviglia
La calomnie est une brise, un léger souffle d'air, qui, insensible et subtile, légèrement, lentement commence à susurrer.
Son murmure rase la terre, va sifflant, va partout, en bourdonnant, à l'oreille des gens, s'y glisse habilement, envahit leur cerveau, étourdit la tête et la fait gonfler.
Ressortant par la bouche, le bruit va croissant,s'élance de lieu en lieu.
Peu à peu, il gagne en force. On dirait le vent d'orage qui se lève sur les forêts, siffle à travers les arbres et vous glace d'effroi.
A la fin, if éclate, il déborde, se propage, se multiplie et produit une explosion comme la détonation d un canon, un tremblement de terre, un ouragan, un tumulte général qui ébranle les cieux.
Et le pauvre calomnié, avili et ruiné, frappé à mort par le mépris des gens n'a plus qu'à mourir sous la honte.
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