MEMRI Middle East Media Research Institute
Dépêche fr. n° 189
Combat des femmes égyptiennes contre la pratique courante de la "défloration nuptiale": "c´est comme le viol"
Voir les extraits vidéo sous-titrés en anglais : http://www.memritv.org/clip/en/2565.htm
Ci-dessous des extraits d´un reportage de la Première chaîne égyptienne sur la prat ique courante de la défloration nuptiale en Egypte, diffusé le 8 octobre 2009 :
L´obstétricienne Rima Khafsh : L´une des choses qui m´a le plus choquée est [le récit] d´une jeune fille vivant dans un bidonville, à qui le cousin a dit que le jour de leur mariage, il la déflorerait à la station de bus, puisque son père avait insisté.
Présentatrice : A la station de bus ?!
Dr Rima Khafsh : Oui, dans la rue.
[...]
En d´autres termes - son honneur allait être bafoué en public.
Dr Rima Khafsh : Ils ont étalé un drap par terre et toutes les femmes ont encerclé la jeune fille, et son père a dit : "Il prendra son honneur dans la rue." S´il s´avère qu´elle est vierge, il l´épousera, et si elle n´est pas vierge, elle sera tuée sur place.
Présentatrice : A la station de bus ?
Dr Rima Khafsh : Oui, la station de bus d´Ein Siwa.
Présentatrice : C´est horrible qu´un père puisse insister pour que l´honneur de sa fille soit bafoué en public, après l´avoir éduquée toute sa vie à considérer son corps comme sacré.
Dr Rima Khafsh : Ils ne l´ont pas tuée dans les faits, mais ils l&acu te;ont mentalement tuée.
[...]
Il n´est pas rare que des femmes utilisent une expression qui décrit très exactement leur sentiment à l´égard des rapports sexuels avec leurs maris. Elles disent : "Quand il a fini de se servir de moi, je me sens fatiguée."
Présentatrice : Mon Dieu.
Dr Rima Khafsh : Elles ont le sentiment que leurs maris se servent d´elles, pas qu´ils sont leurs partenaires dans la vie.
[...]
Une Egyptienne : Je l´ai vécu. Cela s´est passé de la manière "habituelle". Je ne voulais pas que ça se passe ainsi, mais c´est ce qui est arrivé. C´est un moment de joie, mais en même temps, ça ne l´est pas. C´est un moment de joie parce que j´entre dans un monde nouveau avec quelqu´un que j´aime, et parce que je suis une jeune mariée faisant son entrée dans un monde merveilleux, et pourtant cela devient un moment douloureux.
Perdre sa virginité de cette manière est désagréable. On vous place dans une situation terrible. Tout à coup, on soulève votre robe, le voile est relevé en quelques secondes, il y a du stress... Alors même que je suis gênée et intimidée devant lui, je me retrouve complètement nue devant lui. Bien sûr que c´est difficile et désagréable.
Je le vois à ce moment, mes tantes et toute ma famille sont là, participant à ce moment, bien que quand j´étais vierge, j´étais même gênée qu´il me touche la main. Et tout à coup je me retrouve devant ma famille, nue.
Je me disais : D´accord, j´ai peur, mais quand je le ferai avec lui plus tard, je n´aurai pas peur. Ce sera avec amour. J´avais peur parce que je ne savais pas ce qui allait arriver. Je ne savais pas quoi penser. Je voyais juste ce morceau d´étoffe blanche. Je ne savais pas ce qu´ils allaient en faire.
Présentatrice : Nous avons Nadia parmi nous. Nadia, vous avez vécu la pratique courante de la défloration. Pensez-vous que ce fut une chose juste d´un point de vue social, ou était-ce comme une mutilation de la personnalité ?
Nadia : C´était comme un viol. La famille et les amis ont organisé une cérémonie de mariage, comme le veut la coutume. Quand nous sommes partis, j´ai cru que mon mari et moi rentrions chez nous et que nous fermerions la porte derrière nous. Et même si cela s´était passé ainsi – si nous étions rentrés chez nous et avions fermé la porte – je n´aurais pas eu le courage de me retrouver nue devant lui. J´étais encore timide.
Présentatrice : C´est une toute nouvelle vie pour vous.
Nadia : Ils ne m´ont pas donné la possibilité de surmonter ma timidité, de lui parler. Lui non plus. Je voyais mon père qui se tenait debout dehors. Mes tantes et ma mère sont entrées avec l´air de vouloir me tuer, et il les aidait. Mon mari, que j´aimais, les aidait. Je sentais qu´il ...
Présentatrice : Qu´est-ce qu´il vous a dit ?
Nadia : Il m´a déshabillée. Il ne m´a pas laissée le faire moi-même. Il a ôté mon voile et ...
Présentatrice : Mon Dieu. Comme ça, d´un coup ?
Nadia : C´était comme s´il ne pouvait pas attendre plus longtemps.
Présentatrice : C´est une agression.
Nadia : Oui, c´était une agression contre moi. C´est pourquoi j´ai parlé de viol. Son agression m´a glacé le sang. Quand ce fut fini, les femmes ont entam�� leurs youyous et aut res joyeusetés.
Présentatrice : Pourquoi des youyous ?
Nadia : Elles ont sorti le morceau de tissu taché de sang et ont entamé des youyous.
Présentatrice : Qu´avez-vous ressenti envers lui et votre famille à ce moment ?
Nadia : J´étais très en colère contre eux parce qu´ils ne m´avaient pas fait confiance. Faire une chose pareille signifie qu´ils ne font pas confiance en leur fille. Ils ne m´ont pas protégée. C´est ce qui m´a tellement bouleversée.
Présentatrice : Et après ?
Nadia : Après, j´ai senti des frissons de peur parcourir tout mon corps. Je sentais que je le haïssais, que je ne voulais pas de lui du tout. J´ai saigné pendant quatre jours. Et j´avais peur. Après cela, quand il avait envie de moi comme épouse, j´avais peur.
Présentatrice : Vous étiez fermée ...
Nadia : Je ne le désirais pas.
Présentatrice : Avez-vous réussi à surmonter ces sentiments avec le temps ?
Nadia : Un petit peu, avec le temps. Mais à chaque fois que je vois une jeune fille se marier, je me dis : la pauvre, j´espère qu´ils ne vont pas lui faire la même chose.
Présentatrice : Vous ne pouviez pas dire non ?
Nadia : Je m´attendais à ce que quelqu´un d´autre dise non : mon mari.
[...]
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