Meir, pour ce résumé.
Meïr Waintrater
Les gens qui – comme moi – sont engagés depuis des années, d'une part pour une solution pacifique au conflit israélo-palestinien reposant sur la coexistence ent...re l'Etat d'Israël et un Etat palestinien, et d'autre part pour un dialogue fraternel entre les Français juifs et leurs concitoyens arabes et musulmans, vivent des jours difficiles.
Je comprends que dans une période de crise les solidarités communautaires tendent à se refermer, d'autant que les uns et les autres sont tributaires d'informations qui leur parviennent souvent de sources partisanes. Cependant, il est trois limites qui ne doivent pas être franchies par qui veut conserver un lien avec les Juifs attachés au droit à l'existence de l'Etat d'Israël et à la lutte contre l'antisémitisme, c'est-à-dire l'immense majorité des Juifs de France.
La première limite concerne la représentation du conflit actuel. Autant il est légitime de critiquer la politique du gouvernement israélien, autant il est inadmissible de dire et faire croire que les Israéliens se livreraient en ce moment à un massacre systématique des habitants de Gaza (et, a fortiori, d'employer le terme de «génocide»). De telles affirmations, dénuées de tout fondement factuel, vont de pair avec une diabolisation du peuple israélien qui est à la fois odieuse et porteuse des pires dangers.
La deuxième limite concerne les discours et les actes antisémites qui se sont multipliés, en France comme en d'autres pays, sous le prétexte de manifestations anti-israéliennes. Minimiser cet antisémitisme, ou laisser entendre que les Juifs en seraient les initiateurs, est odieux et potentiellement criminel. La dénonciation du racisme anti-juif, comme de tous les autres racismes, doit être franche et sans échappatoires. Sinon, c'est la confiance qui se perd à jamais.
La troisième limite concerne la dénonciation d'une prétendue influence que les Juifs exerceraient sur la France, ses institutions politiques et sa vie sociale. Cette dénonciation, que l'on retrouve entre les lignes jusque dans des appels publics à manifester, se propage sous forme virale dans les médias sociaux et pollue tous les groupes de discussion. Que ceux qui parlent ainsi s'expriment ouvertement ou qu'ils aient recours au terme codé de «sioniste», nul ne s'y trompe; surtout pas les Juifs, qui y voient le retour de la bête immonde.
Meïr Waintrater