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Quand un couple de militants regarde en arrière
L'introduction du film est éprouvante. Le réalisateur pose ainsi le contexte, faisant durer la scène du contrôle médical, et ne nous épargne pas le moindre détail. Questionnaire humiliant, exercices d’arithmétique pour enfants, mouvements physiques non moins dégradants, intimité bafouée, Amir Manor donne d'emblée à voir les bases d'une fin de vie dont le quotidien est amené à être de plus en plus difficile, où l'argent manque, mais l'honneur tente d'être sauvegardé, aux yeux des proches comme du monde extérieur.
"Epilogue" n'est pas seulement l'histoire d'un couple de personnes âgées, c'est aussi en fond le chant du cygne d'une certaine idée de la société israélienne. Berl l'exprime à la manière d'une obsession radoteuse, il s'est battu pour l'aide sociale et la solidarité, et le fera jusqu'au bout. Hayuta, elle, ne semble plus y croire, préférant s'évader devant un film, et exprimer ainsi d'autres émotions que la rancœur. Livrant chacun leur dernière bataille pour un monde plus égalitaire ou plus humain, ces deux vieillards touchent par leur espoir intact. Leurs deux portraits s'entrecroisent avec amour, sous le regard bienveillant d'Amir Manor, un réalisateur à suivre.
Olivier Bachelard