L’usine de Dimona
Alexandre Yudkewicz
mercredi 20 décembre 2006 - 23:46
On en parle souvent avec un air de sous-entendu, et elle revient périodiquement à la Une de l’actualité : «l’usine de Dimona», le complexe industriel le mieux gardé d’Israël. Petit tour d’horizon sur les capacités nucléaires de l’Etat d’Israël.
Contrairement à la légende, il y a longtemps que l’«usine de Dimona» n’est plus censé être une usine textile, ou encore un centre de recherche agricole, ainsi que le gouvernement israélien l’a prétendu dans les années 50 pour brouiller les pistes sur son programme nucléaire. Depuis 1960 en effet, Israël a officiellement dû reconnaître l’existence d’un réacteur nucléaire. Seulement, le Premier ministre d’alors, David Ben Gourion, a souligné que le programme nucléaire israélien resterait exclusivement tourné vers des applications civiles, ce qui depuis a toujours été la position des gouvernements successifs du pays. On comprend mieux dès lors le tollé suscité par les. Propos récents d’Ehoud Olmert, qui a laissé entendre qu’Israël possédait en fait l’arme nucléaire.
A l’origine de la création du centre de recherches nucléaires de Dimona, la coopération avec la France, qui vend à Israël un réacteur nucléaire ua milieu des années 50. En 1959, Israël achète à la Norvège plusieurs tonnes d’eau lourde, par le biais d’un contrat secret qui, de surcroît, ne fait état que d’objectifs civils. Inquiète des répercussions que pourrait avoir le développement par Israël de l’arme nucléaire, la France impose en 1960 aux dirigeants israéliens de révéler l’existence du site nucléaire, puis met fin à la collaboration entre les deux pays en la matière.
Les Etats-Unis font alors pression sur Israël pour envoyer des scientifiques inspecter le site de Dimona. Israël obtempère, mais dissimule aux enquêteurs une partie des installations. On estime que dès 1966 Israël parvient à produire des ogives nucléaires, ce que les autorités officielles continueront de nier avec constance, jusqu’à la bourde d’Ehoud Olmert, à l’automne 2006. En 1968, Israël refuse de ratifier le TNP (traité de non-prolifération nucléaire), niant être en possession d’un arsenal atomique.
On estime aujourd’hui à 200 le nombre de bombes atomiques en possession d’Israël, bien que l’opacité érigée en doctrine stratégique ne permette pas d’en avoir l’assurance. Le secret est bien gardé autour de la structure exacte et du fonctionnement de l’usine de Dimona. Le site reste ultra-protégé, l’accès aux locaux sont très protégés et quiconque en divulguerait le secret s’exposerait à des poursuites pénales, à l’instar de Mordehaï Vanunu, un ancien employé de Dimona qui révéla en 1986 au Sunday Times une partie de ce qu’il avait vu et secrètement photographié.
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