Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur un sujet capital qui risque de marquer fortement et durablement l’actualité israélienne et Moyen Orientale : la question de l’avenir de Jérusalem. Quarante ans après sa libération en 1967, Jérusalem redevient un enjeu. S’ouvre à nouveau un dossier à la charge politique et symbolique forte, que certains croyaient éternellement clos. Hautement sensible, la question de la partition de Jérusalem réveillera toutes les passions : politiques, religieuses, médiatiques aussi.
La partition de la « capitale éternelle de l’Etat d’Israël » serait une des toutes dernières étapes de la construction définitive d’un accord de paix entre Israël et les Palestiniens. C’est la ligne défendue par le ministre palestinien des Affaires étrangères, Adnan Husseini, pour qui toute solution au conflit israélo-palestinien passe par l’établissement d’un Etat palestinien avec Jérusalem Est pour capitale... C’est également la proposition du Premier ministre Ehoud Olmert de céder des quartiers arabes de la ville en contrepartie d’une reconnaissance palestinienne du caractère juif de certains quartiers de la ville, et pour sceller un « accord de paix final ».
« Israël devra faire des concessions douloureuses pour mener à bien le processus de paix. Je préfère les risques encourus par la paix plutôt que l’agonie de la guerre » avait déclaré le Premier ministre israélien à l’ouverture de la session parlementaire d’hiver de la Knesset, la semaine passée, reprenant ainsi à son compte les propos de son vice-Premier ministre Haïm Ramon, militant de la division de Jérusalem, et chargé de préparer la déclaration commune aux Israéliens et Palestiniens, qui sera présentée à la conférence d’Annapolis le 25 novembre prochain. Outre la question de Jérusalem, cette déclaration aborde aussi deux sujets difficiles : les réfugiés palestiniens et les frontières définitives.
La presse arabe relate déjà que Mahmoud Abbas et Ehoud Olmert auraient accepté de transférer à la Jordanie l’autorité des lieux saints musulmans de Jérusalem, tandis que les lieux saints chrétiens seraient placés sous l’autorité des Nations-Unies. Pour les quotidiens saoudiens ou libanais, les jeux sont faits. Tandis que les grands titres de la presse occidentale adoubent déjà un projet encore improbable pour la plupart des Israéliens.
La presse israélienne quant à elle se fait volontiers l’écho des tensions politiques que suscite le projet de partition. La stabilité du gouvernement est menacée. Par les partis religieux, voire par certains leaders du gouvernement qui menacent de le quitter, rappelant ainsi leur fidélité à une loi à valeur constitutionnelle votée par la Knesset en 1980, qui reconnaît Jérusalem comme « capitale unie et indivisible » d’Israël.
De plus, les mouvements populaires qui s’opposent à une telle partition ne ménageront pas leur peine pour convaincre que les combats sionistes valent la peine d’être menés. Si les Israéliens sont aujourd’hui majoritairement favorables à la création d’un Etat palestinien, le retour aux frontières de 1967 et le partage de Jérusalem sont des sujets tabous. Dans la mémoire collective israélienne, Jérusalem est capitale.
« Si je t’oublie Jérusalem... » n’est pas seulement un référent religieux. « Si je t’oublie Jérusalem » résonne comme un slogan, un cri de ralliement, le symbole d’une unité autant juive qu’israélienne.
Enfin, les Israéliens gardent un souvenir amer du retrait de Gaza, devenu depuis terre interdite du Hamas, base arrière du terrorisme palestinien dont Sdérot est la victime quotidienne. Difficile pour eux de croire qu’en contrepartie du partage de Jérusalem, Israël recevra la reconnaissance de la communauté internationale, dont celle des Etats arabes, de sa souveraineté sur les quartiers juifs et de la reconnaissance de sa capitale à cet endroit.
Le choix d’Annapolis pour l’organisation de la conférence de paix sur le Proche Orient devrait-il se lire comme un symbole ou un signe ? Annapolis fut la première capitale américaine, avant Washington. Mais qui s’en souvient ?
A Annapolis, les grandes puissances réunies pour parler de la paix et de l’avenir d’Israël et de l’Autorité palestinienne aborderont peut-être aussi la question de la libération des trois soldats israéliens. On ignore si Haïm Ramon a inscrit la question au programme de la déclaration commune. Nombreux sont ceux qui espèrent encore que la libération des soldats pris en otage il y a 500 jours est le seul préalable à une paix durable.
Cette semaine, un israélien a été rapatrié du Liban, dans un cercueil. Gabriel Dwait s’était noyé au large de Haïfa en janvier 2005. Son corps a été ramené en Israël lundi 15 octobre. Aucun membre du gouvernement israélien n’a assisté à son enterrement à Beer Sheva.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, otage du Hamas, Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev, otages du Hezbollah.
Ce soir, nous pensons à Ben Koubani (Z’L), un sergent de Tsahal âgé de 20 ans, tué mercredi 17 octobre à Khan Younès, au cours d’un échange de tirs avec des terroristes du Hamas, des terroristes palestiniens.
Guy Senbel
source : desinfos