Sarkozy a le pouvoir, et peut-être aussi la complicité des médias, mais pas le métapouvoir
PAR Michel Gurfinkiel.
La métapolitique, c’est ce qui précède le politique, ou lui succède, ou l’entoure. C’est la réflexion, ou le rêve, qui nourrit l’action. C’est, aux côtés du pouvoir tout court, le pouvoir culturel, religieux, médiatique. Par elle-même, la métapolitique n’est rien. Mais sans elle, la politique est vaine. Rien de plus pitoyable sans doute, ou de plus dangereux, qu’un philosophe qui se prend pour un roi. Sinon un roi qui méprise les philosophes.
Les révolutions politiques qui réussissent sont celles qui ont déjà été accomplies sur un plan métapolitique. La monarchie française, la plus puissante d’Europe, est tombée en trois ans à peine : 1789-1792. Mais cela faisait cinquante ans au moins que le pays rêvait à une autre société, à un autre régime : de L’Esprit des Lois, de Montesquieu, au Contrat social de Rousseau, en passant par les pamphlets de Voltaire et les pièces charmantes, mais ô combien subversives de Marivaux, où les valets se substituent sans cesse aux princes, et les esclaves aux maîtres. Tout était prêt dans les têtes. Il suffisait de passer à l’acte.
En quelques semaines à peine, de novembre 1917 à janvier 1918, Lénine installe en Russie une dictature implacable, meurtrière, qui durera plus de quatre-vingts ans. Mais cela faisait des décennies, depuis Blanqui et les nihilistes, que l’extrême-gauche européenne rêvait à ce Grand Soir, s’y préparait, s’organisait. Une fois le pouvoir pris, c’est-à-dire quelques points stratégiques saisis à Pétrograd, comme les casernes, les dépôts de chemins de fer et les centraux téléphoniques, il suffisait d’appliquer le programme.
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