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| Les Disparus | |
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noach
Nombre de messages : 5493 Localisation : France profonde Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Les Disparus Mer 24 Oct - 20:07 | |
| Par Daniel Mendelsohn Shoah. Six millions de Juifs anéantis. Six millions dont on ne sait rien, ou presque. Rien sur leur vie de tous les jours, leurs passions et leurs bonheurs, leurs angoisses, leurs peurs, leurs sentiments, leurs amours, leurs métiers. Et s’il est vrai que les rescapés des camps, après un temps de latence plus ou moins long, ont fini par porter témoignage, ceux qui ont disparu, par la force des choses, n’ont pas pu le faire. C’est pour combler ce vide insoutenable que l’auteur, à son modeste niveau familial, s’est lancé dans une enquête aussi folle que passionnante. Folle, parce que l’entreprise s’est échelonnée sur plusieurs années. Passionnante, parce que le résultat dépasse toutes les espérances. Au départ, une question simple : dans quelles conditions une famille juive de la petite bourgade de Bolechow, autrefois autrichienne puis polonaise, aujourd’hui en Ukraine, « une jolie ville, une petite ville animée, un shtetl », « un endroit où une personne pouvait bien vivre, un endroit magnifique au pied des montagnes », comment Schmiel Jäger, l’ancêtre de l’auteur, sa femme, Ester et leurs quatre enfants : Lorka, Frydka,Ruchele et Bronia, ont-ils été assassinés. Comment se sont déroulés leurs derniers instants. Quelle fut leur vie quotidienne avant la catastrophe ? Pour obtenir des éléments de réponse et bâtir le puzzle incroyable de la vie et de la mort des Jäger, Daniel Mendelsohn, accompagné de son frère Matt et, au gré de ses pérégrinations, d’autres parents ou amis, a sillonné la planète au gré des informations obtenues lors de la véritable enquête internationale qu’il a menée et qui l’a conduit en Israël, aux Etats-Unis, en Suède, au Danemark, en Ukraine, en Lettonie, en Lituanie, en Autriche, en Tchécoslovaquie et jusqu’en Australie. Dans cette quête parfois surréaliste, la moindre bribe compte. L’ouvrage est parsemée de photos jaunies et écornées comme de vues plus récentes, de petits billets miraculeusement retrouvés, de partitions musicales, de paroles de chansons nostalgiques comme la fameuse « Mayn Shtetele Belz ». « C’est toujours les petites choses. C’est ce qui fait la vie. La chose la plus intéressante, ce sont toujours les détails ». Des détails qui s’avèrent essentiels pour les survivants que nous sommes : « C’est bien nous, les vivants, qui avons besoin des détails, des histoires, parce que ce dont les morts ne se soucient plus, les simples fragments, une image qui ne sera jamais complète, rendra fous les vivants ». Pour Daniel Mendelsohn, il est essentiel de lever tous les doutes sur les mystères rencontrés. Les filles de Schmiel étaient-elles deux, trois ou quatre ? Comment sont-ils morts ? Ensemble ou séparément. Où s’est déroulée leur exécution ? Est-il vrai que l’une des filles était volage ? Qu’elle fréquentait un goy dont elle était enceinte ? Que Schmiel le boucher écoulait parfois de la viande non cachère ? Que les Juifs du Judenrat ont trahi leurs frères pour sauver leur vie, mais que deux d’entre eux, Reifeisen et Schindler ont préféré se pendre ? N’y a-t-il pas un risque à vouloir lever un coin du voile ? Non seulement à cause du Skandal qui risque d’éclabousser des proche, mais aussi parce qu’on risque d’être amené à juger des gens qui ont mal agi, certes, mais dans des conditions épouvantables que nous sommes pas en mesure d’imaginer. La description terrifiante, ici et là, des Aktionen nazies n’est pas l’essentiel. On notera une propension à décrire par le menu, les repas partagés, repas qui fleurent bon la cuisine d’antan, le principe d’écriture, très utile dans un roman aussi volumineux, de procéder régulièrement à des rappels des faits, et, surtout, au livre dans le livre que constitue une véritable exégèse biblique parallèle, un commentaire des parachiot du début d la Thora, d’Adam et Eve à Abraham. Qu’avons-nous appris, se demande l’auteur au bout de ce périple ? Essentiellement que : C’était une gentille famille, une jolie famille C’était une autre vie, c’était une autre vie. Comme le dit l’une des « héroïnes » du roman : « Il y a eu les Egyptiens et leurs pyramides. Il y a eu les Incas du Pérou. Et il y a eu les Juifs de Bolechow ». Remarquable. Nul doute que ce magnifique roman sera bientôt porté à l’écran. Jean-Pierre Allali (*) Editions Flammarion. Octobre 2007. 656 pages. 26 € source : CRIF | |
| | | guitl
Nombre de messages : 57558 Localisation : PARIS BIEN ENTENDU Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Les Disparus Mer 24 Oct - 21:31 | |
| je me retrouve à une époque, quand j'ai eu internet, au début ; j'imaginais que je pourrais retrouver tout le monde. J'ai quand même retrouvé un copain d'enfance, ma mère et sa mère étaient copines, j'ai retrouvé ma famille aux States, ils sont tous fâchés ensemble, donc je ne peux voir personne. Et puis aucun intérêt, ma petite cousine ignorait que notre grand-mère commune, notre grand-père, nos oncles, sont morts à Sobibor. Elle imaginait quoi? qu'elle venait de rien du tout? pas d'ancêtres? Mon cousin (ancien G.I ) a été tellement choqué de ce qu'il a vu dans les camps, qu'il n'a rien dit rentré aux States? il n'a plus reparlé de ses grand-parents, que lui avait connu?
J'ai été très choquée, et très peinée pour eux. C'est comme s'ils n'avaient pas existé ; heureusement que j'ai beaucoup interrogé mes parents, comme l'écrivain auteur du livre. Interrogez vos grand-mères, ne laissez pas passer le temps, un jour c'est trop tard. Et vos enfants seront heureux de trouver des photos, avec des détails sur les professions, des anecdotes si possible, ce que vous pouvez glaner. | |
| | | jacqueline
Nombre de messages : 4755 Age : 88 Localisation : 38300 BOURGOIN JALLIEU Date d'inscription : 18/08/2007
| Sujet: Re: Les Disparus Mer 24 Oct - 22:32 | |
| Guiti,
Si tu savais combien de nos enfants de l'OSE se retrouvaient sans racines, pour n'avoir plus de famille, et qui alors, durent se construire sans mémoire familiale jusqu'ici...
J'ai lu aussi un témoignage épouvantable, un père seul rescapé de toute sa famille, s'est retrouvé tellement brisé par tout ce qu'il avait vécu, qu'il fut même incapable de faire connaissance avec son fils qui fut caché pendant la guerre. Cet homme était resté là-bas dans sa tête et ne pouvait plus mener une vie normale en s'insérant dans la vie sociale. Il sera mort sans avoir revu son fils qui lui sera resté " inconnu." jusqu'au bout...
Ce garçon que peut-il dire de son histoire familiale aujourd'hui ? | |
| | | georges972
Nombre de messages : 24428 Age : 77 Localisation : Israel Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 11:44 | |
| L'histoire, plus largement expliquee: http://www.humanite.fr/2007-10-23_Tribune-libre_La-Shoah-du-point-de-vue-de-la-resistance | |
| | | jacqueline
Nombre de messages : 4755 Age : 88 Localisation : 38300 BOURGOIN JALLIEU Date d'inscription : 18/08/2007
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 13:04 | |
| Georges,
Certes, je ne conteste pas certains faits de bravoure et simplement de résistance dans les camps, mais sur 6 millions de déportés, tous ne réagirent pas de la même façon en fonction des tempéraments, des caractères et surtout en fonction de leur affectation dans le camp. ( corvées macabres ) ou de la perte des leurs sous leurs yeux. A plusieurs, on tient le coup, mais ce qui se passe après dans leur tête une fois libérés... ça vois-tu c'est loin d'être de la litérrature.
Je ne pense pas que le film de Claude Lanzmann " Shoah " fut exagéré. Je reste aussi avec le souvenir de certains parents qui une fois rentrés, ne pouvaient PLUS VIVRE NORMALEMENT. On ne peut pas faire l'impasse sur l'état de santé mentale de ces personnes.
En Israël, vous étiez beaucoup plus préoccupés à " construire " l'Avenir, qu'à vous pencher sur le passé douloureux de ces rescapés. De quelle manière se sont-ils insérés dans le tissu social de l'époque avec ce traumatisme qui continuaient à les ronger de l'intérieur ?
L'OSE ne fut pas seulement pour moi l'histoire des enfants, mais aussi celle des parents.
Dernière édition par le Jeu 25 Oct - 13:40, édité 2 fois | |
| | | manou
Nombre de messages : 5129 Age : 63 Localisation : cavaillon Date d'inscription : 20/11/2006
| | | | georges972
Nombre de messages : 24428 Age : 77 Localisation : Israel Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 13:49 | |
| Jacqueline, J'ai introduit cette reference car c'etait le fil le plus approprie pour le faire. Je ne defends aucune these, certainement pas la resistance contre le fait de ne pas avoir resiste. D'ailleurs, cela a ete souvent le fait d'individus ou d'un tout petit groupe d'individus et leur histoire nous est souvent arrivee que d'une facon fragmentaire et souvent partiale. Si on sait que moins d'un millier de Juifs ont participe activement au soulevement du ghetto de Varsovie qui compta 3 ans plus tot plus d'un demi-million de personnes, on se rend compte qu'on parle un peu sans rien dire. Je suis ne apres la Shoah, je m'y interesse enormement, souvent au grand etonnement des rescapes eux-memes. Peut-etre tout cela vient du fait que mes parents n'ont pas su ou voulu trop raconter? Ma mere a ete cachee. Et mon pere a vecu les bataillons de travail sur le front de l'Est ou il perdit 5 de ses freres. Il retourna chez lui pour trouver une maison vide, sa femme enceinte et sa fille etant mortes en deportation. Je sais exactement de quoi tu parles Jacqueline. Moi aussi, j'ai ete quelques mois dans une maison de l'OSE (a Menil-le-Roi) et je me rappelle des orphelins. Et puis j'ai ete ensuite en contact avec la maison de Draveil dans le cadre d'un mouvement de jeunesse dans les annees 60. | |
| | | jacqueline
Nombre de messages : 4755 Age : 88 Localisation : 38300 BOURGOIN JALLIEU Date d'inscription : 18/08/2007
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 13:50 | |
| Guiti,
Je fus très touchée par ton témoignage que je viens de relire, en imaginant la difficulté pour ta famille rescapée, de revenir sur ce qu'ils auront vécu. Pour parler d'insurection, Sobibor fut en effet un bel exemple. Mais avant, c'était l'extermination qui primait. Claude Lanzmann avait traité son sujet sans laisser de place à une quelconque interprétation imaginaire. | |
| | | jacqueline
Nombre de messages : 4755 Age : 88 Localisation : 38300 BOURGOIN JALLIEU Date d'inscription : 18/08/2007
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 14:01 | |
| Georges,
Alors si toi aussi fus touché dans ta propre chair par le " post traumatisme de la Shoah " alors je peux te comprendre, comme tu peux également le faire pour moi. Si tu était à Draveil en 1960, tu aurais pu me voir, car j'ai été avec les petits du Jardin d'Enfants de 1958 à 1960. | |
| | | jacqueline
Nombre de messages : 4755 Age : 88 Localisation : 38300 BOURGOIN JALLIEU Date d'inscription : 18/08/2007
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 14:07 | |
| Georges, je reviens pour relever une de tes phrases
Quand tu dis que tes parents n'ont pas " su " ou " voulu " raconter... Je crois qu'il s'agissait plutôt qu'ils n'ont pas " PU "...
Simone Veil disait qu'elle et son mari ne pouvaient pas évoquer ce qu'ils avaient vécu auprès de leurs enfants, alors que ce fut plus facile des années après auprès de leurs petits enfants. | |
| | | georges972
Nombre de messages : 24428 Age : 77 Localisation : Israel Date d'inscription : 20/11/2006
| Sujet: Re: Les Disparus Jeu 25 Oct - 14:18 | |
| Non, j'etais a Draveil apres 1967. Et oui, j'ai vecu et je vis ce "post-traumatisme de la Shoah". Nous avons ete eleves, ma soeur et moi, par notre grand-mere maternelle. Elle aussi fut cachee mais perdit ses deux fils, deux soeurs, un frere, et leurs enfants, sans compter cousins, cousines, oncles et tantes, etc... Lorsque mes parents bossaient comme des dingues pour se faire leur place au soleil en France, ce fut ma grand-mere qui prit soin de nous des notre plus tendre enfance, et sur qui pouvait-elle pleurer ses proches si non sur nous, ses petits-enfants, trop petits, selon elle, pour comprendre! J'en ai garde des cauchemars que je vis presque chaque nuit depuis ma plus tendre enfance. Et je sais que c'est la meme chose chez ma soeur. Ma mere n'a appris cela qu'il y a quelques annees! Comment pouvions nous denoncer les agissements de cette femme qui nous avait aime d'un amour sans limite? Chaque fois que je me rappelle de ma "meme", mes yeux s'embrument de larmes. Mon fils porte son nom, ma niece, la fille ainee de ma soeur, egalement! Et c'est peut etre pour cela, que j'ai fait tout mon possible pour ne empoisonner la vie de mes enfants, que je n'ai pas insiste qu'ils fassent le voyage d'Auschwitz, que je ne me suis pas trop offusque lorsque mon fils a presente son travail scolaire sur ses "racines" en omettant systematiquement le cote paternel. A la question de la maitresse, il lui repondit: "Ah quoi bon, ils sont tous morts!" Et encore, je ne sais pas si j'ai vraiment reussi. Heureusement que je ne me suis pas marie avec une femme ashkenaze, au moins la famille de ma femme n'a pas ete touche par la Shoah! | |
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