Voici l'histoire d'un homme dont la vie exemplaire, se confond avec l'Histoire de Notre pays le Maroc.
Abraham Serfaty, un véritable Patriote marocain .
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L’Insurgé son vrai nom c’est l’Homme
19 novembre 2010, cimetière juif de Ben M’Sik, Casablanca.
On inhume Abraham Serfaty, décédé la veille à Marrakech. Une foule majoritairement composée de militants de gauche, dont bon nombre des survivants des années dites «de plomb», entonne «L’Insurgé» en Arabe. C’est un chant révolutionnaire de 1880 sur la Commune de Paris qui dit: « L’insurgé, son vrai nom c’est l’Homme».
Dans l’assistance, la presse marocaine et internationale remarque, outre deux ministres de second rang, «Monsieur André Azoulay, Conseiller de SM le Roi», comme on dit au Royaume du Maroc.
C’est donc ainsi que le Palais a décidé d’être représenté aux obsèques de celui qui fut l’un des plus célèbres prisonniers politiques du XXeme siècle. Il faut accréditer le changement, mais sans exagération : c’est la ligne suivie depuis la mort du roi des «années de plomb» et l’avènement du prétendu «roi des pauvres», onze ans auparavant. Azoulay et Serfaty ont un point commun : ils sont tous deux de vieilles familles juives marocaines, expulsées d’Andalousie au XVeme siècle. L’une a ses racines à Essaouira, l’autre à Tanger. Tous deux sont restés au Maroc, contrairement à l’immense majorité des Juifs marocains qui ont émigré dans les années 50 et 60. Ils en ont même un autre, moins connu: tous deux ont été communistes dans leur jeunesse. Mais l’un l’est resté, l’autre pas.
Après l’indépendance, Azoulay passa à la banque, puis au Palais. Il devint «monsieur leroimadi», une sorte de «juif de Cour» marocain moderne, conseiller d’Hassan II, puis de Mohammed VI, go-between des relations maroco-françaises et maroco-israeliennes.
Serfaty resta un révolutionnaire communiste «juif arabe» et antisioniste, comme il aimait à se définir. Le récit de sa vie est une traversée de l’histoire politique du Maroc, d’hier à aujourd’hui.
Abraham Serfaty
Abraham Serfaty
Après une enfance qu’il décrit comme insouciante et «baignée d’amour», entre Maârif et Derb Ghallef, le jeune casablancais né en 1926 entre aux jeunesses communistes marocaines à 18 ans. Il entre aussi en lutte, comme de nombreux juifs marocains, contre le protectorat et l’oppression coloniale. De 1952 à 1956, il est assigné à résidence … en France. Premier exil.
L’indépendance acquise, Abraham, ingénieur des Mines, entame une carrière de technocrate prometteuse : en 1960, il est directeur technique à l’Office Chérifien des Phosphates.Une entreprise stratégique pour le Maroc, d’autant plus sensible qu’une partie de ses revenus considérables va directement dans la poche d’Hassan II.
Après en avoir fini avec la résistance anticoloniale marocaine, Hassan II se débarasse de Mehdi Ben Barka (1965) et s’emploie à anéantir la Gauche marocaine.
En novembre 1968, les 7000 mineurs de Khourigba, un bastion des luttes ouvrières depuis le Protectorat, entament une des plus longues et dures de leurs grèves. Ils tiennent 50 jours et gagnent. C’est cette grève qui fait basculer la vie de Serfaty. Avec une audace inouïe dans un pays où la bourgeoisie affiche généralement soumission au palais et haine de classe pour la populace, ce cadre de l’entreprise ose se solidariser publiquement avec les grévistes, résolvant ainsi la contradiction qui l’habite. Il est chassé de l’OCP. l'insoumis En 1970, il se radicalise et quitte le parti communiste marocain, comme des centaines de jeunes Français le font avec le PCF à la même époque, et participe avec Abdellâtif Laabi, poète, Abdellâtif Zeroual, philosophe, à la création d’une organisation marxiste-léniniste, Ila al Amam, «En Avant».
L’organisation prépare le Grand Soir, en particulier en milieu étudiant au sein de l’UNEM. Certains de ses militants, dont Serfaty et Laabi, contribuent à la belle revue «Souffles», en Français et en Arabe . Surtout, Ila al Amam ose s’attaquer à deux des vaches sacrées de la monarchie hassanienne : le pouvoir absolu lui-même et la marocanité du Sahara Occidental. Un double crime de lèse-majesté.
En janvier 1972, Abraham est arrêté. Le pays est alors écrasé par une répression policière d’une férocité comparable à celle que vivra cinq ans plus tard le Chili de Pinochet. En 1965, les émeutes populaires du 23 mars ont été noyées à Casablanca dans un bain de sang. La tentative de coup d’État sanglante de Skhirat vient d’avoir lieu et a déchaîné l’appareil policier. Les luttes sociales s’intensifient dans tous le pays. Le Makhzen, nom donné au Maroc à l’appareil d’Etat du Royaume, est alors littéralement en état de guerre avec toute opposition intérieure. Son seul nom fait trembler. Sa police a carte blanche. Les arrestations sont des enlèvements, les «disparitions» définitives sont innombrables, la torture dans les commissariats systématique et atroce, la jutice aux ordres. Les camps de concentration se multiplient et se remplissent des victimes du tyran qui qualifiera, se pavanant une fois de plus à la télévision française ces mouroirs clandestins de «jardins secrets» de sa propre majesté: Derb Moulay Cherif, Tazmamart, Tagounit, Agdz, Kelâat Mgouna, Skoura, etc.. On n’arrête pas que les militants politiques. Pour « nettoyer » Casablanca des stigmates de la misère lors du sommet de la Conférence Islamique de 1971 par exemple, au moins 215 personnes, mendiants, sans-abris, élèves et employés sont raflés nuitamment, déportés et emmurés sans jugement à Tagounit pendant mille jours.
La simple distribution d’un tract critiquant le régime est une «atteinte à la sûreté de l’Etat». On n’a pas d’autre crime à reprocher à Serfaty et à ses compagnons. Abraham, comme il se doit, est torturé sauvagement.
Libéré, ainsi que Laabi, sous la pression d’un puissant mouvement lycéen et étudiant, puis presque immédiatement à nouveau recherché, il entre alors dans la clandestinité. La vraie, celle où l’on doit vraiment se cacher, et où ceux qui vous cachent, ou connaissent seulement votre planque, ou sont seulement susceptibles de la connaître, sont en grand danger.
Alors que Laabi, chez qui il se cache d’abord, est arrêté, Serfaty échappe de peu à la rafle et fait alors une rencontre décisive : celle de Christine Daure, enseignante française d’Histoire et Géographie à Rabat. Expliquant pourquoi elle accepta de cacher Abraham, Christine Daure-Serfaty répondra : «je me suis souvenue que mon père, résistant, devait la vie sauve à des gens qui l’avaient caché». Serfaty est planqué par Christine pendant 15 mois. La police marocaine ne recule devant rien pour retrouver le militant. Son fils Maurice, 20 ans, est arrêté -il fera deux ans de prison- ainsi que sa sœur Évelyne, qui est torturée. Elle ne parle pas. Elle mourra des suites des sévices infligés. « Tu parles ou on te tue. Ils t’ont tué Évelyne. Tu n’avais pas parlé »(Laabi).
En 1973 Serfaty est condamné par contumace à perpétuité. En novembre 1974, il est arrêté. Il «disparaît» alors durant 14 mois. En réalité, il est détenu dans un centre de torture, en tout point comparable à celui de la rue Lauriston à Paris en 42 ou de la villa Susini à Alger en 57: le commissariat Derb Moulay Cherif, synonyme d’horreur pour beaucoup de Marocains. Zéroual y meurt sous la torture au même moment. Enchaîné, les yeux bandés, interrrogé, c’est-à-dire torturé. Le juge d’instruction qui le reçoit à sa sortie de Derb Moulay Cherif a ces mots : «vous avez de la chance que nous soyons en démocratie»…
Le centre de détention secrète et de torture Derb Moulay Cherif
Le centre de détention secrète et de torture Derb Moulay Cherif
Serfaty écrira dans les Temps Modernes : « On doit (…) tout faire pour oublier ces heures immondes, pour retrouver une figure humaine après des mois et des mois d’avilissement physique, pour que le cœur ne tremble plus à chaque son qui rappelle cette voix basse qui me chuchotait à l’oreille «Nuhud» ( lève toi), et je savais que c’était pour la torture ». En 1976, toute la direction d’Ila al Amam a été arrêtée. prison-de-tazmamartL’un des camps de concentration clandestins : Tazmamart, rasé depuis.
En octobre 1977, Hassan II fait organiser un maxi-procès pour célébrer son succès : 139 militantes et militants révolutionnaires sont amenés en 12 fourgons dans un tribunal protégé par l’armée. Au cours de cette grossière parodie de justice, un accusé crie à l’adresse du juge : «fascistes !». Le juge répond : «deux ans de plus pour chacun». La parole est miraculeusement donnée à Abraham qui débite à toute vitesse une diatribe qu’il conclut par un sacrilège : «Vive la république sahrahouie, vive la république marocaine !». Le juge confirme la perpétuité et lui colle une peine d’isolement en supplément. Au total, 30 siècles de prison sont distribués.
Procès de militants à Casablanca en 1973. On voit A. Laabi 3eme rangée, 3eme en partant de la gauche. Photo http://www.laabi.net/
Procès de militants à Casablanca en 1973. On voit A. Laabi 3eme rangée, 3eme en partant de la gauche. Photo http://www.laabi.net/
Abraham Serfaty passe ensuite 14 années à la Prison Centrale de Kénitra, où il anime une véritable ruche humaine. Lectures, séminaires, disputes politiques sont le quotidien des «40 de Kénitra». Les grèves de la faim aussi, coordonnées dans toutes les prisons du pays, pour faire reconnaître un statut de prisonniers politiques. Au cours de l’une d’elles, Saïda Menebih meurt au 34 eme jour, faute de soins. De ces 40 de Kénitra qui, bon an mal an, restent une communauté de rebelles soudée, Abraham dira : « nous étions les hommes les plus libres du Maroc ». palestine La solidarité internationale s’organise. En France et ailleurs, les comités de soutien aux prisonniers politiques marocains se multiplient. Mais une seule personne et un seul livre jouent un rôle absolument décisif dans la lutte pour faire céder le despote Hassan II.
La personne s’appelle Cristine Daure. Depuis la France où elle a été expulsée, elle remue ciel et terre, des années durant, pour obtenir finalement le droit, sur intervention de Danielle Mitterand, de revenir au Maroc et d’épouser Serfaty en prison.
De retour à Casa, Christine Daure-Serfaty continue la lutte. Pour la libération des prisonniers de Kénitra, mais aussi de tous les autres. C’est elle qui collecte notamment, au péril de sa sécurité (elle sera encore expulsée deux fois), les informations sur l’abominable camp de Tazmamart où Hassan II a emmuré vivants dès 1972 des dizaines de Marocains. Et c’est Edwy Plenel qui convainc Gilles Perrault d’écrire le livre qui révèlera au monde les crimes d’Hassan II : « Notre ami le roi» (1990). Ce coup de tonnerre dans le ciel des habitués de la Mamounia dénonce aussi, dès son titre, la complicité, active ou non, des élites françaises _ politiques, médiatiques, intellectuelles et artistiques – grossièrement corrompues par le tyran. Notre ami le ROI – Gilles Perrault Le 11 février 1991, Nelson Mandela est libéré. On évoque, en marge de cet évènement, le cas d’Abraham Serfaty, un des plus anciens prisonniers politiques du monde.
Il est enfin libéré le 13 septembre 1991. Pour être immédiatement expulsé vers la France. Ultime et grotesque cruauté, Hassan II et son sbire Basri l’ont déchu de la nationalité marocaine à laquelle il tenait tant.
Huit ans plus tard, c’est André Azoulay qui vient à Paris au nom de Mohammed VI négocier à la virgule près un accord encadrant le retour des Serfaty au Maroc. Celui-ci a lieu le 30 septembre 1999. Abraham revient comme il est parti, le poing levé. Et en chaise roulante (1)
Equité et Réconciliation ?
Dans quel Maroc revient-il ? La libération de Mandela a signifié la disparition de l’apartheid. La libération de Serfaty et des milliers de prisonniers politiques et victimes d’Hassan II a-t-elle été l’aube d’un vrai changement politique au Maroc ?
A la fin de son règne, Hassan II avait certes du desserrer l’étau sous la pression. Les conseillers de son successeur surent ensuite multiplier les signes de libéralisation politique. Indéniablement, un vent de liberté souffla, une presse plus libre et des associations de défense des droits de l’homme s’exprimèrent vigoureusement. La peur, qui imprégna si longtemps la société marocaine, recula.
Mais on allait vite comprendre que cette liberté était conditionnelle :ne jamais toucher aux 3 vaches sacrées qui restent celles du «Commandeur des croyants», aujourd’hui comme hier : monarchie absolue, Islam, marocanité du Sahara.
Comme l’écrit J-P Tuquoi dans Le Monde : «Qu’il s’agisse des orientations politiques et diplomatiques du royaume, de la conduite de l’économie, de la gestion sécuritaire ou des choix de société, le roi du Maroc s’est gardé de toute rupture».(1). Tout en faisant croire avec une certaine habileté, à tout ceux qui ne demandaient qu’à le croire, qu’il le faisait.
Dès l’accession au trône de Mohammed VI, une instance indépendante d’arbitrage travailla à l’indemnisation des victimes de « violations graves ». 4 000 personnes en bénéficièrent, soit un très faible pourcentage des dites victimes.
Les associations réclamèrent alors avec audace non seulement la simple indemnisation de tous, mais l’établissement de la vérité sur toutes les violations des droits humains, sur les responsabilités dans ces violations, y compris de «l’institution monarchique», mais aussi la fin de l’impunité, des poursuites judiciaires, la réparation complète des préjudices subis, la préservation de la mémoire, ainsi que les excuses «officielles et publiques de l’Etat (…) à la société dans son ensemble» (2).
Ces revendications ne furent, pour l’essentiel, jamais satisfaites. Certes, le roi annonça en novembre 2003, la création de l’Instance Équité et Réconciliation (IER), s’inspirant en cela du travail réalisé dans l’Afrique du Sud post-apartheid. Mais,10 ans après sa création, quel est le bilan de cette initiative prétendant «tourner la page», authentiquement et dignement, des «années de plomb» ?
On a coutume de dire aujourd’hui au Maroc avec une ironie amère que le roi a ordonné de «tourner la page» tout en interdisant de … l’écrire. Un diplomate (anonyme) déclara quant à lui à Tel Quel : «l’IER (…)voulait réhabiliter les victimes des années de plomb [60 000, d’après les estimations de l’association Forum vérité et justice, ndlr] et ancrer la culture des droits de l’homme dans les mœurs de l’État. Le Palais souhaitait réconcilier les Marocains avec Hassan II.»(3).
Indemnisations financières insuffisantes et refusées à des milliers de demandeurs pour non respect des délais, ou interrompues sans raison après un premier versement, rapports très incomplets et quasi confidentiels sur les crimes commis et sur les criminels, absence de poursuites judiciaires, omerta générale des politiques, des militaires,des hauts fonctionnaires. D’innombrables survivants croisent ainsi fréquemment aujourd’hui leurs anciens tortionnaires restés en poste comme si de rien n’était.
Quant à la reconnaissance de la responsabilité d’ Hassan II et aux excuses, «officielles» ou non, elles ne vinrent bien sûr jamais. Hassan II ne fut pas même égratigné. Le Palais se contenta de jeter en pâture au peuple marocain et aux médias étrangers surtout le renvoi spectaculaire du dernier en date de ses exécuteurs des basses œuvres, le ministre de l’Intérieur Driss Basri. Sans toutefois oser le juger, celui-ci menaçant à la cantonade d’ouvrir ses «dossiers», depuis son exil dans le 16eme arrondissement de Paris.
De plus, l’IER ne devait évidemment examiner que les violations ayant eu lieu avant l’avènement de Mohammed VI. Comme si elles s’étaient arrêtées par miracle à cette date.
Notre nouvel ami le roi ?
Or, il n’en est rien. En mai 2003, une dizaine d’islamistes sortent de l’un des immenses bidonvilles casablancais, Sidi Moumen, et se font exploser dans la ville, faisant 45 morts. Aussitôt, les vieilles habitudes reviennent : on rafle très large – familles, collègues, amis des suspects sont suspects et coupables, et les disparitions, détentions sans procès, tortures, condamnations iniques se multiplient. L’AMDH parle de 20 000 arrestations, augmentées encore après l’attentat de Marrakech en 2011.
L’option «sécuritaire» s’impose, y compris à la presse. Le Palais serre la vis. Au classement mondial de Reporters Sans Frontière, le Maroc dégringole en 2010 à la 135 eme place sur 178. «Ce classement ne fait que confirmer la situation que vit la presse depuis deux ans : fermeture du Journal Hebdomadaire et de Nichane, poursuites judiciaires contre les directeurs d’Al Jarida al Oula, d’Al Michaal et d’Akhbar al Yaoum, interdiction de Telquel… Les harcèlements que subit la presse écrite ne se comptent plus. Les méthodes diffèrent mais ont toutes le même but : boycott publicitaire des plus gros annonceurs, amendes astronomiques, saisies, prison pour les directeurs de publication. Tout pour rappeler les heures les plus sombres de la liberté de la presse pendant les années de plomb.» (4) Dernier étouffement en date: la fermeture du site lakome.com le 17 octobre 2013.
2010 : les dictatures kleptocrates tunisienne et égyptienne sont emportées. L’année suivante, le « Printemps arabe» touche le Maroc. Le Mouvement du 20 février, politiquement extrêmement hétéroclite et sans véritables leaders réclame la démocratie, la fin de la corruption, un meilleur partage des richesses. Sans être un raz de marée, le mouvement touche tout le pays, jusqu’à Laayoune au Sahara. La répression des manifestations fait des morts et de nombreux blessés graves. Des milliers de manifestants sont arrêtés. Les témoignages de torture dans les commissariats se multiplient. 20 FEVRIER Un temps paniqué, le Palais a une réaction habile : ce sera l’entourloupe constitutionnelle de juillet 2011. Une réforme annoncée avec fracas au Maroc, relayée avec une incroyable complaisance en France et qui ne modifie rien d’essentiel. Le «Commandeur des croyants» reste un monarque absolu de droit divin, le parlement, les partis, la justice des marionnettes entre ses mains. Le tout étant approuvé par un référendum truqué qui donne … 97, 58 % (sic) de « oui » .
Quant aux militants qui osent poursuivre la lutte après le tomber de rideau officiel, il tâtent, eux aussi, de la répression. Mais les tribunaux les condamnent généralement pour des délits de droit commun imaginaires(5).
Autres «familles» de détenus politiques : les Sahraouis, brutalement écrasés (7) dans un silence assourdissant. Sans oublier les innombrables gens de peu – paysans, chômeurs diplômés, étudiants, ouvriers – participant régulièrement à des émeutes localisées contre l’arbitraire, les spoliations, la corruption et la misère dans une quasi indifférence.
A l’avènement de Mohammed VI, les communicants du Palais inventèrent un produit qu’ils vendirent au monde entier avec un cynisme incommensurable : Mohammed VI, Roi des Pauvres. On vit «SM» pratiquer, sans avoir l’air d’y croire lui-même outre mesure, une charité dérisoire et mise en scène avec soin. Le tout aux frais exclusifs, non de sa fortune gigantesque, mais du contribuable marocain…
Au classement Forbes des fortunes mondiales de 2008, Mohammed VI devança l’émir du Qatar lui-même, se classant au 7eme rang. Ce roi tiroir-caisse a quintuplé en quelques années la fortune déjà énorme de son père. Jamais le Palais n’a pillé l’économie marocaine comme aujourd’hui, au point que la monarchie elle-même, dans un pays classé 126 eme sur 177 pour le développement humain, ne semble pas avoir d’autre finalité que l’enrichissement du souverain(7). times Sur tout cela, le mot d’ordre en France est manifestement : silence radio. hollande Hassan II corrompait outrageusement les classes dirigeantes françaises et se jouait cyniquement de l’Occident avant la chute du Mur de Berlin avec le chantage : « moi ou le communisme ».
Du haut de son légendaire Jet-Ski et et depuis ses innombrables palais aussi déserts que luxueux, notre nouvel ami le roi use d’un chantage qui a pris le relais dans toutes les dictatures du monde arabe dans les années 2000 : moi ou Al Qaeda, se payant même le luxe d’octroyer à un « islamisme modéré » un pouvoir en carton-pâte. Jusqu’à quand ce « rempart » en trompe-l’œil tiendra-t-il ?
La réponse, dirait sans doute Abraham Serfaty, appartient au peuple marocain. CV 11/01/2014
..."
http://campvolant.com/2014/01/11/abraham-serfaty-un-mandela-marocain-sur-le-maroc-dhier-et-daujourdhui-2/