Cette année, trois Prix Nobel viennent d’être attribués à des personnalités de parents juifs, tous* en économie. L’article analyse les statistiques sur le Siècle écoulé et tente de comprendre les facteurs d’extrême surreprésentation des juifs en relation avec la Haskala et avant de dégager des tendances pour le futur.
Les Nobel américains, Leonid Hurwicz, Eric Maskin et Roger Myerson ont été récompensés pour avoir « jeté les bases de la théorie ‘de conception des mécanismes’ », qui permet aux économistes, gouvernements et entreprises de distinguer les situations dans lesquelles les marchés fonctionnent bien. Cette théorie initiée par Hurwicz et développée par Maskin et Myerson, joue un rôle central en économie et en science politique. "Je ne m'y attendais pas vraiment", a déclaré M. Hurwicz, 90 ans, aussi surpris que notre matriarche Sarah quand D.ieu lui annonce (aussi à 90 ans) sa grossesse prochaine, aussi exceptionnelle à un âge aussi avancé qu’un Nobel !
Son nom est une variante de Horowitz, bien souvent Levy. Né à Moscou, il a échappé de peu aux camps de concentration durant la guerre en quittant Varsovie juste à temps pour les USA. Les deux autres récipiendaires, Maskin et Myerson, ont tous deux 56 ans ; le premier étant professeur à Princeton et le second à Chicago et dont le nom est le même que celui porté initialement par Golda Meïr.
Ces trois récipiendaires portent le nombre de Prix Nobel « juifs » (décernés à des personnes dont un parent est juif) à 177 sur 747 attribués entre 1901 et 2007. Soit 22%, à comparer à une population juive évaluée à 0,2% de la population mondiale, conduisant à une surreprésentation d’un facteur supérieur à 100. Il n’est pas question d’en tirer la moindre gloire mais de tenter de comprendre un tel phénomène évalué par catégorie :
41% des Prix Nobel en économie sont Juifs Surreprésentation 200
28% des Prix Nobel physique/médecine sont Juifs Surreprésentation 140
20% des Médailles Field Maths sont Juifs (estimé) Surreprésentation 100
18% des Prix Nobel en chimie sont Juifs Surreprésentation 90
13% des Prix Nobel en littérature sont Juifs Surreprésentation 70
9% des Prix Nobel de la paix sont Juifs Surreprésentation 45
On constate ainsi que les juifs sont ultra surreprésentés dans les matières les plus théoriques (plus de 100) et le restent significativement (plus de 50 fois la normale) dans les matières moins abstraites qui relèvent pourtant de tous autres schémas de pensée. Il convient d’éliminer les hypothèses de nature antisémites (complot juif, lobbying, adaptation de la société à l’intelligence juive, ...) ainsi que celles de nature génétiques car les juifs sont une des populations les plus mixtes au monde (avec près de deux centaines d’ethnies).
Il ne reste alors que le facteur culturel et on invoque généralement l’importance donnée à l’éducation en général, et aux sciences en particulier, au sein de la communauté juive. Les grands parents des Nobel sur la période étudiée sont nés en moyenne entre le début du 19ème et le début du 20ème Siècle, pour la plupart avant la Haskala. Nombre d’entre les grands-parents des Nobel étaient donc éduqués autour d’études intensives du Talmud avec ses gymnastiques intellectuelles, de la Hagada et du Midrach avec leurs charges symboliques.
La Haskala aura conduit leurs descendants, ainsi munis des gymnastiques intellectuelles ad hoc, à fréquenter les bancs de l’Université avec de réels atouts qui auront plus que largement compensés l’isolement culturel en ghetto de leurs ascendants. Deux à trois générations après la Haskala pour les plus récents Nobel, une à deux pour les plus anciens, leur auront permis de conserver les atouts que les études traditionnelles juives avec leur abstraction ou leur symbolisme sont à même de conférer.
Si cette piste était la bonne, on constaterait alors combien ces savoirs sont adaptés au monde en réalisation de l’injonction divine de le « conquérir ». Cette adaptation indirecte mais néanmoins très efficace nous rend peut-être moins incompréhensible l’indication de nos Sages nous laissant bien souvent dubitatifs lorsqu’ils nous disent que les Mitsvoth les moins rationnelles (comme les « houkim »), sont adaptées au monde.
On peut imaginer qu’au fur et à mesure que la proximité à la période « préhaskala » diminue et que l’intérêt pour l’éducation croît dans le monde, la proportion des Nobel juifs aura tendance à décroître.
*Notons que le Prix Nobel de Physique (partagé avec le français Albert Fert), Peter Grünberg, d’origine tchèque, n’est probablement pas juif. Notre ami, Michel Gurfinkiel, Président du Bné Akiva, de l’Ajeclap, et de l’Institut Jean-Jacques Rousseau nous a signalé de nombreux indices en défaveur de cette thèse : son prénom Fiodor est rarement adopté par des juifs ; son changement de nom de famille, germanisé sous le protectorat allemand de Bohême de Grinberg en Grünberg, est intervenu à un moment où cela était interdit aux juifs.
Source: Yerouchalmi
source : irpourdemain