PARIS, 26 oct 2007 (AFP) - Diffamation et haine raciale: prison ferme requise pour le fondateur de Tribu Ka
Le procureur a requis vendredi cinq mois de prison ferme à l'encontre de Kemi Seba, le fondateur du groupuscule noir ultra-radical dissout Tribu Ka, pour avoir diffusé en août 2006 sur son site internet des propos antisémites.
Sur ce site, Kemi Seba estimait que les institutions internationales comme la Banque Mondiale, le FMI ou l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) étaient "tenues par les sionistes qui imposent à l'Afrique et à sa diaspora des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d'Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre".
Il est extrêmement rare qu'à la 17e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, spécialisée dans les affaires de diffamation, une peine de prison ferme soit requise.
Le procureur Sandrine Halimi-Uzan a également requis une amende de 10.000 euros et une privation des droits civiques d'une durée de cinq ans. Si le tribunal suit le procureur sur ce dernier point, Kemi Seba - de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capochichi - ne pourrait pas se présenter aux élections municipales de mars 2008 à Sarcelles (Val d'Oise), comme il dit vouloir le faire.
Kemi Seba a déjà été condamné fin juin par le tribunal correctionnel de Chartres (Eure-et-Loir) à 6 mois de prison avec sursis et 1.500 euros d'amende pour provocation à la haine raciale et propos antisémites.
En juillet 2006, le conseil des ministres avait dissous Tribu Ka à la suite d'incidents à caractère antisémite qui avaient éclaté deux mois plus tôt à Paris lors d'une manifestation du groupuscule au coeur du quartier juif, rue des Rosiers.
Kemi Seba, 25 ans, était poursuivi pour diffamation, injure, incitation à la haine raciale et contestation de l'existence de crimes contre l'humanité.
Durant deux heures d'audience, le prévenu - crâne rasé, barbe noire et costume bleu marine - a défendu ses thèses en présence de dizaines de sympathisants venus le soutenir bruyamment. Brocardant les présidents américain et français George Bush et Nicolas Sarkozy, il a multiplié les références à l'histoire, assurant que ce n'était "pas du racisme de déclarer des vérités".
"Kemi Seba est à l'histoire ce que le docteur Petiot était à la médecine : un tortionnaire", a répondu l'avocat de la Licra, partie civile, Me Christian Charrière-Bournazel.
Son confrère représentant SOS Racisme, Me Patrick Klugman, a déploré que le prévenu "confonde le tribunal avec une salle de spectacle" et a demandé "une peine exceptionnelle, pourquoi pas l'emprisonnement".
Le procureur a dénoncé "des références bibliques manipulées, tronquées". "Ce qu'il veut, c'est en découdre", a-t-elle averti.
Jugement le 30 novembre.
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