– LETTRE OUVERTE A MARION LE PEN – (publiée dans Garçonne Magazine)
Marion, Je vais me permettre de te tutoyer. Je réserve le vouvoiement à mes aînés ou aux personnes qui m’intiment le respect par leurs actes.
Tu vois Marion, j’ai beau être habituée, depuis le temps, à l’omniprésence de ta famille dans l’arène médiatique, habituée aux saillies de ton grand-père et de ta tante, au relent fétide que ta famille politique laisse sur son passage, je ne suis ni dupe, ni soumise.
Voilà que la France est en état d’urgence. Voilà que pour la seconde fois en une année, elle se réveille patriote. Voilà qu’elle semble se retrouver un peu, se rappeler de ses valeurs, ressortir son drapeau avec fierté et courage. Voilà qu’aujourd’hui elle honore tous ces innocents qui sont tombés pour elle dans le nouveau champ de bataille que les terroristes lui ont destiné.
Flûte, zut : Daech, en nous agressant, en nous dressant contre eux, en nous rappelant notre devise, te prive de tout ce qui a fait ton petit fond de commerce. Plus moyen de parler de patriotisme, plus moyen de parler de l’immigration ou des religions : à longueur de journée, les médias se mettent à expliquer à grand renfort d’experts, de qui nous devons avoir peur et de quoi. Il te reste bien la religion. Mais ta parole là-dessus est enfin circonscrite à quelques feuilles de chou intégristes. Youpi.
Tu es jeune, plutôt jolie, tu as hérité d’un argumentaire savamment monté depuis des décennies puis travaillé par un énarque et un avocat pour avoir l’air de tenir debout. Et ça fonctionne.
Qu’on te prenne en photo avec un néo-nazi, tu n’en as cure. Tu vises le pouvoir, tu as été dressée pour ça depuis ta première affiche. Et en face, quel que soit le camp, aucun parti ne dispose de la même arme : une femme jeune, télégénique, intelligente et impertinente. Je te comprends. Tout ça c’est un peu autoroute, pourquoi se priver ?
Mais hier, je découvre que dans ta région tu veux supprimer l’aide au planning familial et aux associations LGBT. Et là, mon sang ne fait qu’un tour. Qui es-tu, Marion Le Pen, pour oser cracher à la figure de ceux qui se battent pour leurs droits ? Qui es-tu, Marion Le Pen, pour oser t’attaquer à un dispositif qui existe pour aider les femmes à ne pas subir ni la violence, ni la maternité en conditions précaires ? Qui es-tu, Marion Le Pen, pour tenter de briser un système pensé par une femme aussi respectable, brillante, courageuse et altruiste que Simone Veil ?
As-tu un jour regardé l’un de ses discours ? As-tu seulement vu son courage, son abnégation, son sens du bien-commun, sa conscience des souffrances des femmes ? Mais il faut bien que tu sois inculte ou que tu aies un cœur de pierre pour oser priver les femmes de droits acquis de haute lutte.
Quant aux homosexuels, eux aussi ont droit à la protection. Ils subissent eux aussi la violence, et ont acquis le droit d’exister tel qu’ils sont, parce que notre société a évolué et c’est tant mieux. Au fil de tes élucubrations, j’en déduis qu’au Front National, vous avez un très gros problème avec le cul. C’est dommage. Vous ratez un truc et c’est peut-être ça qui vous aigrit tous autant.
Je comprends d’autant moins que votre docteur respectabilité, Florian Philippot, est lui-même homo. Si ce n’est pas du vent, une grosse prise de position pour faire du média, je n’y connais rien.
Peut-être que dans le monde du Front National tu n’as pas vécu la violence sociale qui est le lot de beaucoup de femmes en France, tu ne dois pas avoir d’amis homos. Alors sors de chez toi sans tracts, mets un bonnet, vas à la rencontre de femmes et d’hommes qui ont besoin de la protection de la France, va sentir un peu la douleur d’une partie de ce peuple que tu prétends défendre. Si tu devais dire la vérité, peut-être ne resterait-il plus rien. Il est là en fait, votre problème au FN. Au fond, y a pas grand chose.
Que cette lettre soit mon hommage à la France fière et patriote.
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Ven 27 Nov - 14:20
