La nouvelle crise au Proche-Orient, dont on parle tant aujourd’hui, concerne les relations entre la Turquie et les Kurdes (le Kurdistan irakien n’est pas encore un Etat même s’il progresse dans cette direction). La crise n’est pas globale mais partielle. On ne cesse de prédire qu’une nouvelle guerre de ce type au Proche-Orient (ou l’assassinat d’un leader politique ou encore l’élimination d’un chef terroriste) engendrerait d’innombrables malheurs. Mais si ce genre de propos, présents en permanence dans la presse, se concrétisaient, il y a sans doute longtemps que le monde aurait cessé d’exister.
La guerre que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) livre à la Turquie depuis de très nombreuses années et dans laquelle plus de 30.000 personnes ont déjà trouvé la mort, une guerre qui oppose l’une des plus puissantes armées de la région à quelques milliers de séparatistes ou de terroristes dont plus de 3.000 opèrent depuis le territoire du Kurdistan irakien et 2.500 autres depuis le territoire du Kurdistan turc, cette guerre a indiscutablement d’importants dessous cachés. La Turquie, qui aurait pu disparaître de la carte au début du XXe siècle (la triple Entente Royaume-Uni, France, Russie a failli se la partager), défend très fermement son intégrité territoriale. Les Turcs ne reconnaissent aucune minorité nationale sur leur territoire. Ils ne considèrent pas les Kurdes comme un peuple à part entière mais comme des Turcs des montagnes. Et la discrimination féroce à laquelle les Kurdes ont été soumis pendant plusieurs décennies ne pouvait demeurer sans conséquences.
D’ailleurs il en a été de même avec les Kurdes à l’époque de l’Irak de Saddam Hussein, en Syrie sous la dynastie des Assad et, pour une large part, dans l’Iran du Shah. Les Kurdes forment un peuple dispersé et les dizaines de millions d’entre eux vivant sur le territoire de ces Etats ajoutés au petit groupe installé sur le sol arménien se sentent lésés dans leurs droits. D’autant plus que la SDN (Société des Nations) leur avait déjà promis un Etat.
Mais revenons à la frontière turco-irakienne. Toute attaque terroriste, d’autant plus si des militaires y trouvent la mort, sera suivie d’une riposte. La réponse sera ferme, militaire et sans compromis. La Turquie ne négocie pas ses conquêtes territoriales. C’est pourquoi le monde entier a les yeux rivés sur les hauteurs du Golan qu’Israël a pris à la Syrie, mais personne ne pose à la Turquie la question du Sandjak d’Alexandrette (Iskenderun), pourtant bien plus précieux pour la Syrie. Pourquoi ? Parce que chacun sait que la Turquie, elle, ne discute pas de ce genre de choses.
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