La tension a monté d'un cran entre le président Mahmoud Ahmadinejad et les réformateurs et conservateurs modérés en Iran, incarnés par les ex-présidents Mohammad Khatami et Akbar Hachémi Rafsandjani, à propos de sa politique nucléaire et économique.
Lundi, M. Ahmadinejad s'en est pris aux «traîtres» fournissant selon lui des informations secrètes aux ennemis et poussant ces derniers à adopter des résolutions encore plus dures contre l'Iran.
Malgré deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU et la menace de nouvelles sanctions économiques contre l'Iran, M. Ahmadinejad a exclu catégoriquement que l'Iran suspende son programme d'enrichissement d'uranium.
«Si vous ne cessez pas vos pressions, vous serez considérés comme des traîtres et on dévoilera vos noms au peuple», a-t-il dit.
Il a aussi dénoncé la «mafia économique» qui tente de perturber son programme économique et «les anciens révolutionnaires qui se sont rempli les poches». Une attaque indirecte contre M. Rafsandjani, un révolutionnaire historique proche des milieux économiques et financiers.
Ces dernières semaines, les critiques se sont multipliées contre M. Ahmadinejad.
«La situation mondiale est telle que les États-Unis ont dépêché leurs troupes (...) un peu partout (...) Le danger existe et il est très sérieux», a déclaré M. Rafsandjani.
Ce dernier, qui dirige aujourd'hui deux institutions clés du pouvoir, le Conseil de discernement, un organe d'arbitrage, et l'Assemblée des experts, chargée de nommer, surveiller et éventuellement démettre le guide suprême, a dénoncé «les damnés» qui cherchent toujours la guerre.
«Rafsandjani est réellement inquiet. Il a été l'un de ceux qui ont créé ce régime et comme il a été chargé de diriger la guerre (pendant le conflit Iran-Irak), il sait ce que veut dire la guerre et le prix à payer», a dit à l'AFP Mohammad Atrianfar, ancien responsable du grand quotidien modéré Shargh, fermé par la justice, et considéré comme un proche de l'ex-président.
«Ahmadinejad n'a pas de véritable perception de la réalité. Il n'a pas le sens de la peur. Il croit que s'il prend des positions radicales, ses adversaires vont reculer», a-t-il ajouté.
Selon lui, les critiques mutuelles «vont redoubler encore à l'approche des élections législatives» du 14 mars 2008.
Réformateurs et conservateurs modérés espèrent que les difficultés économiques, la menace de sanctions et de conflit armé joueront en leur faveur lors du prochain scrutin.
«Le président fait comme si tout allait bien, mais la situation économique ne cesse d'empirer», explique un ancien responsable modéré, sous couvert de l'anonymat. L'inflation a atteint en novembre 16,2% sur les 12 dernier mois.
Intervenant à son tour, le maire conservateur de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, a affirmé que le pays se trouvait dans une «situation grave. Les responsables doivent agir avec plus de maturité, intelligence et savoir-faire car il semble que la situation va devenir encore plus sensible».
«Nous aurions pu atteindre nos objectifs avec un coût moindre. Il ne faut pas imposer un coût supplémentaire à la société à cause de certaines méthodes et déclarations pour atteindre les justes revendications du peuple» dans le domaine nucléaire, a-t-il ajouté, critiquant le langage de M. Ahmadinejad.
Dimanche, un autre dirigeant conservateur, Mohsen Rezaïe, ancien chef des Gardiens de la révolution, a affirmé qu'il ne fallait «pas prendre à la légère» les menaces de frappes militaires.
L'ex-président Khatami a également évoqué récemment les «graves menaces» contre l'Iran, critiquant «l'ignorance et un manque d'expertise» dans la gestion du pays.
M. Ahmadinejad avait réagi en accusant ses détracteurs d'avoir une «intelligence inférieure à celle d'une chèvre».
source : cyberpresse
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Mar 13 Nov - 22:01