Israël lance le premier musée sous-marin du monde
Les plongeurs du monde entier peuvent maintenant revêtir leurs tenues de plongée et visiter les vestiges sous-marins de Césarée – le magnifique port de la côte nord d’Israël construit par le Roi Hérode en l’honneur de César Auguste, son protecteur romain.
Dans le premier musée sous-marin du monde, les visiteurs flottent d’une «exposition» à l’autre, s’émerveillant en silence des restes intacts d’un port autrefois splendide: une épave romaine, un phare en ruine, une ancienne digue, les fondations originelles du port, des ancres, et des piédestaux.
C’était le port le plus grand et le plus impressionnant de l’Empire Romain quand il fut inauguré en l’an 10 avant l’ère commune. Et cette année, quelques 2.016 années plus tard, l’ancien port de Césarée, sur la côte méditerranéenne d’Israël, fut inauguré à nouveau, cette fois-ci en tant que premier musée sous-marin.
Les plongeurs peuvent maintenant revêtir leurs tenues de plongée Le site a été exploré durant les trente dernières années par une équipe dirigée par le défunt professeur Avner Raban de l’Institut Récanati des Etudes Maritimes à l’Université de Haïfa.
Ce n’est pas une visite ordinaire de musée. Les visiteurs flottent d’une «exposition» à l’autre, s’émerveillant en silence des restes intacts d’un port autrefois splendide: une épave romaine, un phare en ruine, une ancienne digue, les fondations originelles du port, des ancres, et des piédestaux.
«C’est un site réellement unique» dit Sarah Arenson, une historienne maritime de l’Université de Haïfa qui participe au projet. «Ce port a été construit comme ‘le port dernier cri’ de l’Empire Romain, et par comparaison fait apparaître les autres ports de cette époque, y compris ceux de Rome, Alexandrie et Pirée, comme petits et démodés. »
Sarah Arenson fait remarquer que le port est unique aujourd’hui également: «Il n’existe aucun autre port antique dans le monde qui soit accessible à des plongeurs ordinaires» continue-t-elle. De tels ports sont reservés à des scientifiques autorisés. D’autres peuvent être ouverts pour n’importe quel plongeur mais ils sont sans intérêt «car», explique Sarah Arenson, «tout ce que vous pourriez y voir, ce serait un amas de pierres. »
A Césarée, les plongeurs voient quelques 28 sites différents indiqués, le long de quatre pistes marquées dans le port submergé sur une surface de 87.000 mètres carrés. On leur donne une carte imperméable qui décrit en détail chacun des sites le long du chemin (les cartes courantes sont en Anglais et Hébreu; dans quelques mois elles seront disponibles en six autres langues). Une piste est également accessible à des plongeurs avec masques et tubas. Les autres pistes, à seulement 5.5-7.5 mètres sous la surface, près de la plage, sont appropriées pour n’importe quel plongeur débutant.
Et qu’est-ce que voit le visiteur?
En un sens, il voit une histoire abrégée de ce qui fut une ville portuaire importante, depuis son débouché à la mer (environ 100 mètres du littoral actuel) jusqu’à l’épave romaine qui signale la fin de l’activité portuaire, due probablement à un tremblement de terre, d’après les chercheurs, environ un siècle après sa construction. Et entre-temps les plongeurs peuvent voir les vestiges des fondations originelles qui firent de ce port l’une des merveilles de l’Empire Romain.
«Ce port fut construit en utilisant les connaissances et la technologie des ingénieurs romains» explique Dr Nadav Kashtan, historien maritime de l’Université de Haïfa et membre de l’équipe d’excavation du site.
Le port fut construit avec un certain genre de ciment hydraulique, inventé par les Romains, connu sous le nom de pozzolana. «Les Romains ont trouvé que quand ils prennent la poudre volcanique trouvée autour du Mont Vésuve et qu’ils la mélangent avec du calcaire et des gravats, la substance durcit dans l’eau» continue Dr Kashtan.
«Ce ‘ciment hydraulique’ a été importé à Césarée et utilisé pour remplir des cadres de bois qui étaient ensuite descendus dans l’eau pour poser les bases du port. » Deux de ces cadres furent retrouvés, l’un presque parfaitement intact, et on peut les voir aujourd’hui.
Le Dr Kashtan note que des milliers d’hommes furent recrutés – de Rome et aussi localement – pour construire le port pendant 12 ans. Parmi eux il y avait beaucoup de plongeurs, qui descendaient seulement en retenant leur souffle ou peut-être dans une cloche à plongeur.
La cité romaine de Césarée a été construite sur les ruines d’une ville phénicienne délabrée nommée la Tour de Straton. Son constructeur, Hérode, qui construisit également le Deuxième Temple de Jérusalem, a été considéré l’un des plus grands constructeurs de l’époque romaine, note le Dr Kashtan.
Le roi juif construisit la ville – qui lui fut donné en cadeau par Auguste – et en fit une grande cité fortifiée qui servit en tant que capitale de la province romaine de la Judée pendant environ 600 ans. L’historien Joséphus Flavius, son contemporain, a décrit la construction du port de Césarée dans «la Guerre des Juifs»:
«Sur la côte, Hérode découvrit une ville en décadence nommée la Tour de Straton. La partie de la côte, de Dora à Joppa, là où s’étend la ville, était totalement dépourvue de ports, de sorte que chaque bateau venant d’Egypte et naviguant le long de la côte de la Phénicie, était à l’ancre au large, menacé par le vent du sud-ouest, de sorte que même une brise modérée dans son quart lançait la vague à une telle hauteur contre les falaises que le reflux semait la perturbation au large (JW 1.409). »
Des chercheurs notent que les excavations correspondent étroitement aux compte-rendus de Flavius Joséphe.
Le parc sous-marin fut développé avec le soutien financier de la Société de Développement de Césarée.
Israël est connu depuis longtemps comme la mecque de la plongée en raison de l’arc-en-ciel des coraux et des poissons exotiques trouvés sur la côte de la station balnéaire d’Eilat sur la Mer Rouge. Mais le pays a plus de deux douzaines d’autres sites de plongée le long de la côte méditerranéenne – du labyrinthe unique des caves blanches et crayeuses de Roch Hanikra dans le nord, jusqu’à la collection d’épaves éparpillées le long de la côte au sud jusqu’à Ashkelon.
Le port englouti de Césarée – avec ses sites anciens et ses explications modernes – est certainement en train de devenir l’une des principales attractions sous-marines du pays.
Liora Eren Frucht
franceisrael.info