Dans Tribune Juive N° 32, François Léotard pose une question : "Pourquoi n’y aurait-il pas dans le monde aucun défenseur de la singularité et de l’universalité d’Israël, en dehors de ceux qui se reconnaissent comme juifs ?".
La question est plutôt bien posée, à une nuance près : c’est l’adjonction de "singularité" à "universalité".
La singularité d’Israël est généralement admise par les juifs et par les peuples que nous pouvons aisément qualifier de Goy sans aucune nuance péjorative puisque Goy signifie peuple. Or toute singularité est pointée du doigt comme l’est toute exception à la règle. Exception plus ou moins insoutenable, selon les époques et les modes. Or pourquoi diantre irait-on soutenir une exception à la règle, surtout quand elle apparait comme aberrante. La norme voudrait que le Moyen-Orient soit peuplé exclusivement d’arabes, or une verrue singulière, qui est la présence d’Israël, rend la carte du Moyen-Orient disgracieuse de par sa singularité. Pensez donc, une immensité verte maculée par une petite tache bleue, comme c’est singulier, donc vilain.
Quant à l’universalité d’Israël, c’est une toute autre question. D’abord il faudrait que les juifs reconnaissent l’universalité d’Israël et du "judaïsme" (je n’aime pas ce mot). Or, dans leur immense majorité, ils ne la reconnaissent pas. "Ca, c’est à moi" disent-ils, enfermés dans leur certitude, qu’ils prient pour eux, qu’ils mangent pour eux, qu’ils écrivent pour eux. Les plus hébraïsants, se souviennent qu’à Roch Hachana, ils prient aussi pour les autres Peuples de la terre. Mais une fois par an, ça suffit, n’est-ce pas ?
Les plus religieux fonctionnent en vase clos, par crainte de souillure, provenant du monde extérieur, qu’il soit juif ou ne le soit pas. La plupart des autres seraient bien en peine de saisir la notion même d’universalité d’Israël. Et quant ils la pressentent confusément, ils s’empressent de la refouler ; par peur du ridicule, par peur simplement, ou parce qu’ils ne savent pas trouver les bons arguments pour en apporter la démonstration. Bref, l’universalité d’Israël n’est plus intégrée dans la conscience juive, à quelques exceptions près.
Heureusement, il reste certains non juifs, comme François Léotard, pour l’identifier et reconnaitre l’apport immense d’Israël/Yaakov, à notre civilisation et à celles qui l’ont précédée.
Le communautarisme frileux des juifs de France, qui est un phénomène relativement récent, a dressé une barrière entre "les juifs…..et les autres" comme le dit si bien l’intitulé de l’article dans TJ. Il empêche tout brassage de cultures, ce qui n’a rien avoir avec l’assimilation.
Il serait souhaitable que les juifs aillent enfin vers les autres, avec un bagage conséquent et/ou une valeur d’exemple, pour pointer du doigt les aspects de la vie profane, qui trouvent leur origine ou leur inspiration dans quelques solides millénaires de vie juive, et dans quelques dizaines d’années d’existence d’Israël.
Merci, Monsieur Léotard d'avoir posé la question.
* Titre emprunté à TJ
source : geopolitiquebiblique