Paru dans le Wall Street Journal et repris par The New English Review (et traduit par votre serviteur):
Voici quelques réflexions sur la conférence de paix qui doit s’ouvrir demain à Annapolis et sur le problème plus général de l’angle d’approche du conflit israélo-palestinien. La première question (on peut la trouver évidente, mais elle ne l’est apparemment pas) est: sur quoi porte le conflit? Il y a au fond deux possibilités: le conflit porte sur la taille d’Israël ou sur sa simple existence.
Si la question porte sur la taille d’Israël, nous avons un clair problème de frontières, comme celui de l’Alsace-Lorraine ou du Texas. Pas facile à résoudre, donc, mais possible sur le long terme et supportable en attendant.
Si, en revanche, le problème est l’existence d’Israël, il ne peut évidemment pas être résolu par des négociations. Il n’y a aucun compromis possible entre exister et ne pas exister et on ne peut guère s’attendre à ce qu’un gouvernement israélien négocie l’existence du pays.
De temps en temps, l’OLP et d’autres porte-parole palestiniens laissent formellement entendre qu’ils reconnaissent Israël dans leurs déclarations en langues étrangères. Mais ce n’est pas le message perçu dans les foyers arabes. Ici, à tous les niveaux, des manuels scolaires aux sermons religieux en passant par les discours politiques, les termes utilisés en arabe désignent non pas la fin des hostilités, mais un armistice ou une trêve qui doit durer jusqu’à que la guerre contre Israël puisse reprendre avec de meilleures chances de succès. Sans une acceptation authentique du droit d’Israël à exister en tant qu’État juif, de même que plus de 20 membres de la Ligue arabe existent au titre d’États arabes, ou qu’un nombre beaucoup plus grand encore de membres de l’Organisation de la conférence islamique existent en tant qu’États islamiques, la paix ne peut pas être négociée.
La question très disputée des réfugiés offre un bon exemple de l’influence de ce problème sur les négociations. Pendant les affrontements de 1947-1948, à peu près 750.000 Arabes ont fui Israël ou en ont été chassés (les deux versions sont exactes en différents endroits) et ont trouvé refuge dans les pays arabes voisins. Durant cette même période, un nombre légèrement supérieur de Juifs ont fui leur domicile ou en ont été chassés, d’abord dans la partie sous contrôle arabe de la Palestine mandataire (où pas un seul Juif n’a été autorisé à rester), puis dans les pays arabes où leurs ancêtres avaient vécu depuis des siècles et parfois des millénaires. La majeure partie des réfugiés juifs rejoignirent Israël.
la suite : ajm