Cachez cet "Etat juif" que je ne saurais voir ! La nouvelle mode palestinienne qui plaît à la presse
par Menahem Macina
Le mercredi 9 janvier, au cours du journal télévisé de 20 heures sur France 2, le journaliste Philippe Rochot, chargé par la chaîne de couvrir la visite du Président américain George Bush en Israël et dans les territoires palestiniens, faisait le commentaire suivant :
« Le Président Bush affirme sa volonté d’instaurer une paix durable, mais avec un dérapage de langage :
"L’alliance entre nos deux pays contribue à garantir la sécurité d’Israël en tant qu’Etat juif".
Parler d’Etat juif, c’est oublier qu’un million de musulmans arabes sont citoyens israéliens. Les Palestiniens qui ont manifesté à Gaza constatent que l’Amérique reconnaît un caractère juif à l’occupation des Territoires et empêche ainsi le retour des réfugiés. »
Je passerai pieusement sur l’ineptie selon laquelle, en désignant ainsi l’Etat d’Israël, le président Bush « empêche le retour des réfugiés ». Je m’arrêterai plutôt sur l’accusation de « dérapage ».
Si l’on comprend bien Rochot, la dénomination d’Etat juif, n’est pas politiquement correcte.
Elle est pourtant utilisée 20 fois dans la Résolution 181 du Plan de Partage de la Palestine, de 1947. En outre, elle constitue, depuis soixante ans, l’appellation alternative de "Etat d’Israël" et elle est encore employée universellement tant par Monsieur tout-le-monde que par de nombreux chefs d’Etat et hommes politiques de tous bords, ainsi que par la quasi-totalité des journalistes.
Alors, quelle mouche a donc piqué Monsieur Rochot pour qu'il se scandalise de la formule "Etat juif", consacrée par un usage aussi consensuel ?
La réponse est simple : la nouvelle mode palestinienne.
Quand je dis mode, c’est par euphémisme. Je devrais dire, sans détour, la nouvelle stratégie de propagande palestinienne. Vous savez, celle qui consiste à répéter, inlassablement, imperturbablement, et sur le long terme, une contrevérité – si éhontée qu’elle soit -, mais dont la réitération, assurée et impudente, finit par ébranler les convictions de l’interlocuteur, lui faire perdre ses repères, au point, parfois, de l’amener à adopter un point de vue qu'il repoussait avec scandale, peu auparavant, tant il lui paraissait invraisemblable et inacceptable.
Et cette nouvelle mode, c’est qu’un Etat qui se définit comme juif est une entité fanatique et non une communauté politique. C'est également le sentiment du patriarche latin de Jérusalem, Monseigneur Michel Sabbah, même s'il l'exprime avec une "onction" toute religieuse. N'a-t-il pas déclaré, dans son message de Noël, qu'il refusait de reconnaître Israël comme un Etat juif ? Et l'homme d'Eglise de justifier sa position en arguant : « Dieu a créé la terre pour tout le monde, pour les Juifs, pour les Palestiniens et pour les Chrétiens ».
Allez savoir pourquoi : la mode qui consiste à flétrir la formule "Etat juif" plaît beaucoup, en particulier à nos journalistes, toujours friands de nouvelles convictions, surtout quand elles sont d’origine palestinienne. Car les Palestiniens, c’est bien connu, sont opprimés. A ce titre, il faut faire preuve d'empathie à leur égard et tenir compte de leurs plaintes, généralement crédibles, même si certains de leurs arguments ont parfois cette joyeuse emphase orientale qui fait tout le charme de ce peuple désarmé face à un Etat militariste, colonialiste et brutal.
A ce compte-là, il faut s’attendre à ce que la formule de Ph. Rochot – « Parler d’Etat juif, c’est oublier qu’un million de musulmans arabes sont citoyens israéliens » - se dise bientôt, en France :
« Parler d’Etat français, c’est oublier que des millions de musulmans arabes sont citoyens français ».
source : UPJF