PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a promis jeudi que la suppression de la publicité sur les chaînes de télévision publiques serait "compensée intégralement" et souhaité que Radio France s'engage dans la même voie.
Lors de ses voeux aux "Forces de la Nation", le président de la République a précisé que cette compensation prendrait la forme d'"un financement très largement mutualisé sur la totalité des nouveaux moyens de communication".
"Ce choix n'implique aucune évolution du périmètre de France Télévisions", a-t-il ajouté. "Dans un souci de cohérence, je souhaite que le service public de la radio, regroupé au sein de Radio France, s'engage sur les mêmes orientations."
Le chef de l'Etat a de nouveau défendu ce projet, qu'il avait annoncé le 8 janvier lors d'une conférence de presse et qui suscite des inquiétudes à France Télévisions.
"Je souhaite un service public de la télévision qui soit réellement différent des chaînes privées. Parce que si le service public de la télévision fait les mêmes programmes que les chaînes privées, on peut se poser la question de l'intérêt d'un service public", a-t-il déclaré.
"C'est pour cela que j'ai proposé qu'il soit libéré des contraintes d'audience et de recherche de recettes publicitaires, c'est un choix parfaitement assumé."
Nicolas Sarkozy a fait valoir que "plus personne" n'aura ainsi "le mauvais prétexte qui consiste à dire, 'la tyranie de l'audience m'empêche d'avoir des programmes adaptés à une télévision publique'".
En ce qui concerne la radio publique, "il s'agira d'accorder plus de place à l'information, à la culture, à la diversité de la création musicale, tout en supprimant aussi le recours à la publicité", a ajouté le chef de l'Etat.
Selon le quotidien Les Echos, le gouvernement envisagerait de taxer les ventes d'ordinateurs personnels, de téléviseurs et de téléphones mobiles capables de recevoir la télévision, pour financer l'audiovisuel public à compter de 2009.
Dans un communiqué, le principal syndicat professionnel du secteur informatique en France, le SFIB, a réagi en déclarant que la taxation des PC et des téléphones mobiles serait un frein à "l'indispensable développement" des technologies de l'information et de la communication (TIC).
Selon lui, les TIC représentent un marché de 112 milliards d'euros dans l'Hexagone et la France est en retard sur ses concurrents européens en termes de connexions internet et d'équipements en PC.
"La priorité est aujourd'hui de porter le taux d'équipement des foyers de 55% à 75% d'ici 2012", un objectif qui "ne peut être que très négativement impacté par une éventuelle taxation des PC", indique-t-il.
Dans une tribune publiée par Le Monde daté de vendredi, Patrick de Carolis, président de France Télévisions, écrit que la suppression de la publicité est une idée ambitieuse "à condition que soient garantis notre indépendance, éditoriale, notre périmètre actuel et un financement pérenne et dynamique".