Dans la peau d'une clandestine

KARINE TUIL - Dans ce « roman-enquête » sur les centres de rétention administrative, l'auteur établit un parallèle entre le clandestin et le Juif.


SE SENTIR ÉTRANGER, partout où l'on se trouve : c'est à partir de ce sentiment que Karine Tuil a construit son nouveau roman. Tout commence devant un magasin d'outillage ; la narratrice ­recherche une main-d'oeuvre bon marché pour monter une bibliothèque.

http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070104.FIG000000185_dans_la_peau_d_une_clandestine.html

j'ai envie d'acheter le bouquin ; à cause de cette phrase : "Comme des immigrés de fraîche date, ils considéraient, eux aussi, qu'ils ne devaient pas déranger. Ainsi, pour la romancière, le Juif ne peut être qu'un étranger permanent, qui a les mêmes interrogations angoissantes qu'un clandestin : est-ce qu'ils vont me chasser ? quel pays voudra de moi ? vais-je errer longtemps ? « C'étaient des questions juives », rappelle la romancière."

ici

à pas l'air mal non plus. Je ne savais pas qu'il avait été nonce à Paris.

Je ne connais pas ce livre.
Les questions, oui. Mais jusqu'où mène-t-elle le parallèle ?
J'ai des réserves, que la lecture de l'ouvrage dissiperaient peut être.
Il est naturel que le clandestin se sente étranger : il l'est, et en situation illégale.
Ses interrogations sont angoissantes, mais inévitables : il a transgressé des lois. Je ne prétends pas qu'il avait le choix. J'essaie de définir.
Qu'un homme, citoyen d'un pays donné se pose ses questions, alors qu'il n'a commis aucun acte répréhensible, simplement parce qu'il est né Juif, ce n'est absolument pas la même chose. Et ce sont ses compatriotes qui transgressent les règles si lui est amené à se les poser.

Je repense à ce très beau texte d'Hélène Cixous :


Le dernier caravansérail, introduction

« " Qu’allons-nous devenir ? " disent ceux qui ont laissé leur nom, leur famille, leurs racines très loin derrière eux, que l’on appelle " réfugiés ", " clandestins ", " sans papiers ", " migrants ". Et qui s’appellent entre eux, noblement les " voyageurs ". Ils sont brutalement voyagés " contenus " dans des cales et des camions, faufilés aux frontières, et ils ne savent pas où et quand finira ce voyage dangereux qui les pousse de port en côte et de porte en porte à mesurer la maigreur de l’hospitalité contemporaine.
Ils voyagent, sans espoir et sans fin, mais animés par la croyance. Au lieu de religion une foi naïve en l’existence d’un pays où vivent les déités démocratiques dont on leur a parlé : la liberté, le respect.
Où donc est ce pays ? Où arriveront-ils ? Quand arriveront-ils ? Arriveront-ils jamais ?
Et nous, assis dans nos pays relativement modérés, qui sommes-nous ? leurs semblables ? leurs témoins ? leurs ennemis ? leurs amis ? D’anciens voyageurs qui ont oublié ?
Ou des gens que le voyage attend au tournant ? »

...

tu sais, Bernadette, quand l'antisémitisme était au plus haut en France, il y a 2 ans, je me suis sentie étrangère. Je ne me suis pas posé la question "où aller", tellement il était évident que c'était Israel ; et au sein de ma famille, d'autres aussi se sont posé des questions, parce qu'il y a des enfants jeunes.

Ma mère avait horreur de déranger ; peur qu'on la remarque. Elle reconnaissait un flic même en civil, même à la retraite. Une fois elle s'est enfuie de l'arrêt d'un bus, à cause de policiers en civil ; j'ai souri, mais j'ai eu du chagrin pour elle. Mon père s'en moquait, était français, fier de sa naturalisation, n'aurait pas raté une élection pour un empire, il avait des droits, le savait, les exigeait.

J'ai assisté à l'hôtel de ville à une manif d'illégaux qui exigeaient des appartements (à Paris, bien entendu, le maire de Paris ne pouvant donner que des appart. à Paris) je t'assure qu'ils n'avaient pas l'air inquiets, pas sur le qui-vive, nada.
C'était nous les étrangers, nous dérangions en voulant traverser la foule.

guitl, le livre n'est pas encore dans les librairies

adm-janine a écrit:

guitl, le livre n'est pas encore dans les librairies

je dois donc découper ma page de journal pour conserver le titre en mémoire.....c'est pareil pour les lessives et éponges à vaisselle, on te met l'eau à la bouche, et ce n'est jamais en rayon.

moi aussi le titre m'echappe mais comme je connais le nom de l'auteur, apres je vais sur amazon et je trouve le titre

http://delirium.lejournal.free.fr/interview_karine_tuil.htm

merci Manou, tu es génial!!!

"- Quelle est la question que vous aimeriez que l'on vous pose par rapport à Interdit et que Delirium n'a pas évoqué au cour de cette interview ?"
J'aurais bien aimé que l'on me demande souvent pourquoi j'avais mis en exergue : Les morts ne louent pas Dieu Psaumes CXV, 17
J'ai mis cette phrase parce qu'elle définit bien dans le judaïsme la primauté de la vie sur la mort, c'est une religion de la vie et pas de la mort. "

"Je t'ai donné à choisir entre la vie et la mort, choisis la vie", pourquoi est-ce que "d'autres" ne choisissent que la mort? la leur et celle des autres?
Al Qardawi est clair à ce sujet, il écrit "choisit la mort".

cimetiere en hebreu ça se dit entre autres "beit hakhaim" la maison des vivaants" d'ailleurs à tunis pour dire cimetiere on n'employait que cette expression, genre tu sais pas où est passé X? réponse "fibeit hakhaim" ""au cimetiere """quand on l'aime particulièrement bien sur!