Par André Darmon
C’est dans le Palais des Nations, au cœur d’une Jérusalem enneigée, que la voix de l’ancien juge Eliaou Winograd a résonné pour faire entendre les conclusions de la commission qu’il dirige depuis un an. Echecs dans les prises de décision politique, échecs répétés dans les décisions militaires et, plus grave encore, mise en évidence de graves dysfonctionnements, déficiences et état de préparation insuffisante de l’armée de terre et de la défense passive. Cette deuxième partie du rapport Winograd parait bien moins rigoureuse envers le Premier ministre que le rapport intermédiaire mais le bilan est lourd et on n’a pas trouvé, bizarrement, de responsable nommément désigné.
« Tsahal s’est retrouvé devant une organisation terroriste modeste composée de quelques milliers d'hommes employant la guérilla et n’a trouvé aucune réponse aux roquettes et aux missiles qui n’ont cessé de s’abattre pendant toute la durée de la guerre ».
Voilà quelques mots assassins du rapport Winograd qui n’explique cependant pas pourquoi la plus forte armée du Moyen-Orient a été incapable de défendre son territoire des semaines durant. De plus, Israël n’a pas réussi à obtenir la libération des deux soldats capturés par le Hezbollah, un rapt qui avait provoqué, avec l’envoi des roquettes, l'offensive israélienne. L’héroïsme des soldats et celle des pilotes de chasse a été mise en évidence par Winograd mais n’ont été selon lui, que les arbres qui ont caché la forêt des ordres, des contre-ordres, et d’une logistique qui a simplement failli. Si les sondages effectués tout de suite après la publication du rapport montrent un accroissement de 17 % du soutien envers Olmert par rapport aux sondages publiés après la publication du rapport intermédiaire en juillet, il n’en reste pas moins qu’un père ayant perdu son fils pendant les deux jours durant lesquels furent tués 39 soldats israéliens,ces deux derniers jours où Olmert avait ordonné l'offensive terrestre- une offensive terrestre "pratiquement inévitable" selon Winograd, alors que se négociait la trêve- ce père a pu déclarer après la lecture de ce rapport cynique selon lui, qu’il ne lui restait plus au fond qu’à s’excuser que son fils ait été tué. Hier, certains soldats réservistes appelaient encore Olmert à la démission, en précisant que ce dernier « n’avait plus l’autorité morale pour les mener à une autre guerre si elle survenait ».
Eliaou Winograd, nommé par Olmert ne l’oublions pas, a donc mis hors de cause l'intégrité et l'honnêteté du Premier ministre israélien et de son ministre de la Défense de l'époque, le travailliste Amir Peretz alors que, selon beaucoup d’analystes mais aussi de parents de soldats tués, les morts des derniers jours n’avaient été que les victimes sacrificielles d’un coup de dés politique d’Olmert. Ce qui par contre est en jeu, ce sont les carrières de certains généraux et colonels de Tsahal qui sont encore opérationnels et qui devront être mises sous coupe réglée rapidement. En revanche, Gal Hirsch, le colonel commandant la division blindée 91 qui avait été gravement mis en cause dans l’enlèvement des soldats réservistes, Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev a lavé de toute faute par le rapport. Cet enlèvement a été mis sur le compte d’un incroyable enchaînement de manquements, de fautes et selon Winograd, il est impossible d’incriminer un seul d‘entre eux. Gal Hirsch est devenu depuis le conseiller militaire d’une puissance de l’ex URSS.
La carrière d’Olmert qui a décidé résolument de ne pas démissionner, est en partie suspendue aux décisions des partenaires de sa coalition et tout manquement dans les rangs pourrait compromettre sa stabilité. Il semble que l’ombre du retour de Netanyahou, qui flambe dans les sondages et qui techniquement et naturellement, à part Lieberman et Gaydamak, marginaliserait tout le monde, ajouté à la relative tiédeur des conclusions de la commission Winograd, annoncent encore, sauf retournement exceptionnel, ce qui est possible dans le paysage politique israélien, quelques beaux jours pour Ehoud Olmert.
Le même jour de la remise du rapport, Dan Halouts, l’ancien chef d’Etat-major, remettait un an après avoir démissionné tout son équipement militaire. Ehoud Olmert qui aurait déclaré que son cœur était plus léger désormais, ne semble pas entendre la vox populi qui le voit bien partir à la retraite. Pas coupable certes, mais certainement responsable. Oui !
source :
lessakele
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Jeu 31 Jan - 13:57
