Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, n’en est, certes, pas à son premier coup d’éclat, mais, cette fois, grâce au relais du Monde daté du 6 février, il s’est presque surpassé. En effet, il n’a pas fallu moins de deux envoyés spéciaux du journal parisien, pour recueillir les insanités du président iranien : « Un peuple falsifié, inventé (le peuple israélien) ne va pas durer ».
Car, bien évidemment, ce négationniste, qui, rappelons-le, a également mis en doute la Shoah, ignore, qu’avant 1967, mis à part certains intellectuels, on ne parlait pratiquement pas d’un « peuple palestinien ».
Et cela alors qu’Israël existait déjà depuis une vingtaine d’années et que, depuis des décennies, des dizaines de milliers de Juifs - avant même la Shoah - avaient réalisé leur « retour à Sion », en attendant la re-création d’un Etat hébreu, promis d’ailleurs, par la future Puissance administrante, la Grande Bretagne, dans la déclaration Balfour, dès1917.
Il est vrai que ce « pauvre » chef d’Etat est brouillé avec des notions élémentaires, car - et le journal a tenu à en faire le titre de l’interview, qui couvre une page entière - il considère que « le peuple iranien demande plus que la démocratie. Il veut la dignité humaine ».
En admettant que le peuple iranien connaisse déjà la démocratie - ce qui n’est pas sûr quand on connaît les mœurs politiques du pays - on ne voit pas ce qui peut conduire son président à considérer que l’on manquerait de considération pour son peuple.
Ce ne sont pas les Iraniens qui sont en droit de considérer qu’ils sont privés de dignité humaine, mais les Israéliens, qualifiés de « peuple falsifié », voire les Juifs, auxquels on conteste leurs 6 millions de morts.
Pratiquement, Ahmadinejad parle donc de ce qu’il ne connaît pas ce qui - à plusieurs siècles de distance - donne raison au penseur français Montesquieu qui, dans l’ « Esprit des lois » considérait qu’il fallait tenir compte de divers éléments, pour permettre l’acclimatation des institutions d’un pays.
De fait, la situation, non seulement de l’Iran, mais aussi, à l’heure actuelle, de l’Irak ou de l’Afghanistan tend à prouver que l’idéal démocratique n’est pas près de s’épanouir dans certaines contrées.
Certes, la démarche du président américain pour l’Irak, mais, avant cela, de la communauté internationale, dans son ensemble, pour l’Afghanistan, répondait à un souci louable, qui, malheureusement, ne répondait pas, dans l’immédiat, à une nécessité.
C’est ce que traduit tant en Irak qu’en Afghanistan, l’absence d’adhésion populaire aux institutions à vocation démocratique que les Américains et leurs alliés ont voulu mettre en place à Kaboul, après le 11 septembre 2001, puis les Américains, pratiquement seuls, en Irak, en 2003.
De même, comme nous l’avons déjà évoqué, ici même, les élections palestiniennes de janvier 2006, ne peuvent pas être considérées comme le reflet d’un idéal démocratique, qui suppose l’adhésion à certaines valeurs universelles, au premier rang desquelles figure la volonté de vivre en paix avec ses voisins, dès lors qu’ils n’ont aucune intention belliqueuse, ce qui est le cas d’Israël.
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