par Shraga Blum
Après des mois d' opposition interne dans Kadima, et les menaces précises de la semaine dernière, Avigdor Its'haki n' a même pas attendu les trois semaines "d' ultimatum" qu' il avait lancé aux deux "Ehoud" ! Voyant que ni l' un ni l' autre n' était intéressé à quitter son siège, il a présenté ce matin sa lettre de démission à la Présidente de la Knesset, Dalia Itzik.
A cette occasion, il a accordé une interview au quotidien "Yediot Ah'aronot" qui paraîtra fin de semaine, et dans laquelle il dit tout le "bien" qu' il pense de l' actuel Premier ministre. Son opinion est instructive, car il ne fait pas partie de l' opposition, qui critique légitimement les responsables politiques en place, mais il a, depuis les conclusions partielles de la Commission Winograd, maintenu la même ligne vis-à-vis de son collègue de parti Olmert :"Il doit être remplacé"
Avant d'entrer dans le fond du sujet, il faut saluer son geste, qui tranche singulièrement avec la fuite des responsabilités ou la non tenue de promesses qui caractérisent de plus en plus la vie politique en Israël. En rendant son mandat de député, il se met dans le même catégorie que le secrétaire général du parti travailliste, Eitan Cabel, qui avait quitté le gouvernement après le Rapport partiel de la Commission, ou Ophir Pines, qui refusait de siéger avec Avigdor Lieberman. Sans faire mention de leurs opinions politiques par ailleurs, ces personnalités ont tenté de relever un peu l' image de l' homme politique d' avantage mu par ses principes que par une attirance du pouvoir à tous prix.
Dans son interview Itsh'aki avoue " quitter la Knesset le coeur lourd, mais comme il a promis, il tient sa promesse". Il émet de vivres critiques à rencontre du Premier ministre "inapte à gouverner le pays" allant même jusqu' dire qu' Ehoud Olmert "est dangereux pour le pays", et qu' il est "le plus mauvais Premier ministre qu' Israël ait connu jusqu'au présent. Il est cynique, arrogant et charlatan" n' hésite pas à déclarer l' ancien député. Et à la question du soutien du parti au Premier ministre malgré tout, Its'haki répond: "C' est une façade. En privé, la plupart des ministres et députés reconnaissent qu' il n' est pas à sa place, mais ils préfèrent se taire car il les achète avec des postes et des nominations."
Avigdor Itsh'aki, ami d' Ariel Sharon, a été l' un des fondateurs du parti Kadima, et il a occupé le poste délicat de chef de la coalition. Il avoue dans cet interview avoir oeuvré ces derniers temps pour renverser le Premier ministre, en collaboration avec Ehoud Barak et Binyamin Netanyahou. Répondant à la question concernant sa confiance en Tsipi Livni, il répond "qu' elle aurait pu constituer une alternative valable mais qu' elle était désormais moralement entachée, puisqu' elle collabore maintenant pleinement avec le gouvernement Olmert". Itsh'aki accuse Olmert d' avoir "détruit le parti" et lui attribue d' avance "la responsabilité de la débâcle électorale que tous les sondages promettent à Kadima de manière constante."
La démission d'Itsh'aki est une excellente nouvelle pour Ehoud Olmert, car il voit disparaître de son paysage immédiat un "empêcheur de tourner en rond" et un critique de plus en plus acerbe. De plus, Shlomo Moula, le remplaçant d' Avigdor Itsh'aki sur la liste Kadima, est contrairement à lui, un soutien "inconditionnel" à Ehoud Olmert, selon ses propres termes. Encore un épine de moins dans le pied du Premier ministre.
Mais il faut aussi se poser la question si le dédain et le découragement croissants envers la politique de la part de la population et de certains hommes politiques, n' est pas un phénomène inquiétant pour la vie publique la démocratie...
Il n' est pas bon, surtout avec les enjeux qui attendent le pays, que les citoyens se détachent de la chose politique.
source :
aroutz7