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retz, 7 janvier 2007
Quand Tzipi Livni cisèle ses formules
Zvi Bar'el
Trad. : Gérard pour La Paix Maintenant
Devant l'Union des Autorités locales, la ministre des affaires étrangères
Tzipi Livni a innové : "Aujourd'hui, je peux placer des parties qui
partagent un dénominateur commun dans le même camp, y compris certains Etats
arabes. La menace iranienne est une question qui inquiète également les
Etats modérés voisins de l'Iran." Il est donc temps de nouer des alliances
avec les Etats arabes modérés et aussi de parler avec les Palestiniens
modérés, y compris dans une situation de terrorisme. Car, pense Livni, "dans
la situation d'aujourd'hui, la division entre Arabes et Juifs, entre gauche
et droite, est devenue obsolète. Le [véritable] clivage est entre les
extrémistes et les modérés, à tous les niveaux."
Il s'agit effectivement d'une distinction séduisante, et qui évite le coeur
de la lutte entre nations. Comme s'il n'y avait en réalité qu'un seul
affrontement global, contre l'islam extrémiste symbolisé par l'Iran, et que
cet affrontement traversait les frontières, évacuait les aspirations
nationales des Palestiniens et ôtait même tout sens aux différences entre
droite et gauche. L'Occident contre l'Orient, et rien d'autre. Formulation
très confortable pour un membre d'un gouvernement qui n'a pas raté une
occasion d'affaiblir ces mêmes modérés et de les pousser au désespoir.
Mais, alors que Tzipi Livni cisèle ses formules, comme quelqu'un qui se
considère digne de postuler au poste de premier ministre, quelqu'un d'autre
dirige l'Etat d'Israël. Le jour même où elle faisait ses remarques, son
patron Ehoud Olmert rencontrait Hosni Moubarak pour parler de quelques
dizaines de millions de dollars de plus pour Mahmoud Abbas, de la libération
de quelques centaines de prisonniers, et, peut-être, peut-être seulement,
d'une rencontre quadripartite entre la Jordanie, l'Egypte, Israël et Abbas.
Cette discussion entre Olmert et Moubarak n'avait donc rien d'une nouvelle
initiative diplomatique ni d'une vision. Il s'agissait tout simplement de
troc.
Il ne manquait pas grand-chose pour dire que l'importance de cette rencontre
avec Moubarak résidai dans le fait même qu'elle ait eu lieu, comme si
Moubarak était un ennemi plutôt qu'un allié qui attend depuis des années
qu'Israël lui donne enfin quelque chose afin qu'il puisse faire avancer les
processus régionaux. Olmert avait-il vraiment besoin de se rendre auprès de
Moubarak pour parler de 100 millions de $ qui, de toute façon, appartiennent
aux Palestiniens, ou de la nécessité pour les Egyptiens de renforcer leur
surveillance de l'axe Philadelphie (frontière entre l'Egypte et la bande de
Gaza)?
Mais quand d'importants dirigeants comme Moubarak et le roi Abdallah de
Jordanie ("modérés" selon la terminologie de Livni, ayant osé signer un
traité de paix avec Israël) sont traités comme des apparatchiks, dont la
seule fonction est d'attendre au téléphone, ou quand une rencontre avec eux
est considérée comme un "geste", alors qu'une rencontre avec le président
Bush est qualifiée de "sommet", le terme d'"axe modéré" perd de son sens.
De toute façon, quand dans la perspective de la guerre entre les Enfants de
la Lumière contre les Enfants des Ténèbres, on ne remarque pas les colonies
illégales ou la reprise de la construction dans le marché de Hebron, la
nouvelle thèse orientaliste de Livni s'effondre sur cette division entre
"extrémistes et modérés à tous les niveaux". De plus, cet "axe modéré" a une
espérance de vie limitée.
Moubarak est en train de préparer l'Egypte à son héritier. Le roi Abdallah
d'Arabie saoudite n'est plus une jeunesse. La Jordanie est bien un ami
proche, mais elle n'a pas l'influence de ses deux voisins. Les dirigeants
syriens sont de toute façon désignés comme des soutiens au terrorisme, même
si Assad cherche à reprendre les négociations. Abbas est occupé à mettre fin
à la guerre des gangs chez lui, et au lieu d'un plan diplomatique, tout ce
qu'il reçoit, c'est un baiser sur la joue de la part d'Olmert et une
livraison de fusils. Et le jour de la rencontre à Sharm el-Sheikh, lui et
Moubarak recevaient un petit coup à l'israélienne : l'opération mortelle
d'un commando à Ramallah (opération qualifiée plus tard "d'erreur" par
l'armée israélienne, ndt).
La Ligue arabe, qui en 2002 avait accepté d'accorder à Israël une ceinture
de sécurité et une promesse de normalisation en échange d'un retrait et
d'une solution au problème palestinien, pense que personne en Israël ne l'a
prise au sérieux. Et, après 40 ans d'occupation, les Etats arabes veulent
savoir : Israël a-t-il oui ou non l'intention de se retirer des territoires,
de démanteler les colonies, de descendre du Golan et de redessiner ses
frontières? Si la réponse est non, et si Israël ne souhaite parler que de la
libération de quelques centaines de prisonniers et de quelques millions de
dollars, il devra mener ses affaires face aux organisations terroristes.
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