un baume pour Jacqueline

en parlant des 11400 ENFANTS déportés
il faut également signaler
les enfants juifs sauvés par
des familles françaises
j'ai entendu parlé de 6000 enfants

énormement beaucoup plus qu'aux pays bas ou en belgique par exemple

Tu es gentille Aviva, car en effet, je fus énormément concernée par toute cette histoire que je n'ai découvert qu'en 1957 en arrivant à l'OSE. Je suis de nouveau en contact avec cette période en adhérant à l'Amicale des Anciens de l'OSE. Ce qui m'a permis de lire des témoignages très impressionnants.

Aviva,

Le chiffre de 6.000 est en dessous de la verite. Il s'agit de beaucoup plus.
Il y avait entre 300 et 350.000 Juifs en France en 1939. 76.000 moururent en deportation, quelques milliers d'autres dans les camps de detention ou pendant l'occupation. Tous les autres survecurent, et on peut estimer le nombre d'enfants parmi eux a pres de 80.000. Des familles entieres traverserent l'occupation en simplement changer de nom ou meme comme cela, sans trop de tracas, protegees par des milliers d'anonymes.

Il y a un peu plus de 2.000 Justes reconnus, mais on peut tres facilement multiplier ce chiffre par 10 voire meme par 100. Cormoran a raconte comment de simples voisins cacherent spontanement des enfants juifs alors que leurs parents etaient arretes. Des gestes de ce genre, il y en eut en France sans compter.

il y a eu 60000 enfants sauvés pendant la guerre avec pour certains beaucoup de problèmes car lorsqu'on les avait caché dans un couvent, ces bonnes âmes les avait voulu convertir à la bonne religion catholique...

Noach,

Ce fut le cas pour certaines institutions catholiques, mais heureusement pas toutes, il faut bien le souligner.

Si le certificat de baptème pouvait sauver un enfant, et que ce dernier soit dans le simulacre de réciter le notre père et le je vous salue marie, tout en apprenant aussi à dire son faux nom... C'est ce qu'il faut voir en premier, ainsi que la manière dont étaient traités ces enfants. Quand eux seuls aujourd'hui, peuvent en témoigner sans qu'on le fasse pour eux.

comme ces enfants étaient orphelins, certains d'entre eux ont été baptisés sans leur consentement.....

Noach,

Tu as certainement raison, mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont devenus des êtres dont la communauté juive aurait à avoir honte.

L'important n'est pas d'appartenir à une religion plus qu'un autre,
mais que l'âme de l'individu soit pétrie d'altruisme et de compassion
à l'égard de tous sans distinction.

C'est ce que l'on peut souhaiter de meilleur pour son propre enfant,
indépendamment de tout le reste.
Mais à cette époque là, ce qui était primordial, c'est que l'enfant soit
sauvé et bien traité.

oui, mais ces enfants n'ont pas été rendu à leurs familles, ou s'ls étaient complètement orphelins pas remis à l'OSE.......

Noach,

Ce que tu decris a ete assez exceptionnel. Il y a eu l'affaire Finaly, il y a eu J.M. Lustigier et peut etre encore quelques autres, mais en France cela s'est passe relativement bien compare a ce qui s'est passe avec les orphelins juifs en Europe de l'Est.

Quand tu penses Noach, que des bambins furent sauvés inextrémis des rafles sans qu'ils ne connaissent rien d'eux mêmes, même leur prénom n'était qu'un diminutif. Aucun renseignement sur eux. Ils étaient recueillis
au hasard de la situation du moment, et que faire de l'enfant " trouvé "
si ce n'est le confier à une pension catholique étant donné qu'il n'y en avait pas d'autre. Ces enfants sans identité et sans mémoire d'avant... c'est vrai qu'il y a une grande page blanche à ce sujet...
C'est Katy Hazan l'historienne de l'OSE, je pense qu'elle aurait des choses à nous transmettre sur ces enfants qui furent privés de racines.

Par un moment, j'avais envie d'ouvrir un forum traitant de la mémoire de la petite enfance, pour permettre aux personnes de se raconter et de se rencontrer avec des lacunes communes.

je sais que l'on a sorti d'un couvent à Metz deux frères qui ont été remis à leur famille et qui se trouvent maintenant grand-pères en Israel... et je suis sûr qu'il y en a beaucoup d'autres cas comme cela.....

Encore une fois Noach, en France, ce fut une exception. Je me rappelle des nombreuses maisons d'enfants de l'OSE apres la guerre (j'y ai ete pensionnaire pour raisons de sante). Il n'en reste que 2 ou 3, fort heureusement. A l'epoque, il y avait des milliers d'orphelins.

C'est certain que l'on ne saura jamais tout ce qui peut se passer dans tous les destins perturbés au départ. Les drames de l'enfance ne sont pas réservés qu'aux enfants juifs. Je vois tous ces cas d'abandon de faits ou simplement de comportement qui affectèrent des enfants de l'OSE, certes, mais aussi des enfants issus de parents déchus de leurs droits, etc...

Alors je ne pense pas que que l'on puisse ne pas regarder partout autour de soi, pour se rendre compte de toutes les souffrances morales par pertes de repères, de fondations pour se construire.

Les désarrois, la souffrance de certains enfants sont une chose.
Mais ils ne peuvent se comparer à cette monstruosité que fut l'extermination délibérée de millions de femmes, d'enfants, d'hommes.
Tout n'est pas égal.

...

Bernadette,

En disant cela vous ne faites que défoncer en moi une porte ouverte et vous le savez bien.

Mais que faut-il dire ?

Qu'il aurait mieux vallu faire autrement et ne pas mettre ces petits en sécurité en leur cousant une étoile jaune sur leur barbotteuse ou leur petite roble à smokes pour s'agir d'un enfant de 2 ans ?

De toute façon VOUS à votre place, vous ne pourrez imaginer le traumatisme que par le mental pour avoir lu bien après, car vous êtes plus jeune, quand moi, j'ai rencontré les retombées de la SHOAH en 1957 au Tremplin à St Génis Laval.

C'est vrai que l'internat en maison d'enfants de l'OSE fut une très bonne chose, mais enfin, ça ne consolait pas les gamins de se retouver orphelins.

Quand par ailleurs, des enfants conservés par des personnes aimantes en leur assurant la sécurité matérielle et affective, pour l'équilibre affectif de l'enfant c'était certainement moins traumatisant.

Les enfants ne sont jamais qu'unique chacun, avec un destin qui leur est propre et tout ce qui peut être dit à propos du sauvetage des enfants, peut faire de la peine à certains aujourd'hui...

Ce n'est ni Guiti, ni Georges qui diront le contraire, quand certains enfants auront eu plus de " chance " que d'autres dans cet immense tirage au sort .

Quand le 'destin' s'incrit dans l'Histoire la plus monstrueuse il ne peut être comparé.
Tenter de nommer le plus justement me parait pourtant essentiel.
L'unicité de chaque être humain ne lui évite pas d'être confronté à l'Histoire. Une peine individuelle, d'ordre privé, fut-elle très grande, ne justifie pas les amalgames. Il n'est pas question de la nier, mais de la situer.
L'antisémitisme et les horreurs qui l'accompagnent sont d'un tout autre ordre.
Supposant que je n'ai su m'exprimer assez clairement à ce sujet, je ne le répéterai plus.


...

Le mieux, c'était d'être, comme moi et ma famille, sauvé par des communistes - il n'était pas question de religion.
Noach on ne peut faire de généralités ; je connais un monsieur sauvé par un couvent, une dame patronnesse l'a emmené en train à la campagne, il a été à la messe jusqu'à la fin de la guerre sans que personne ne tente de le convertir sérieusement.
Je connais aussi un Monsieur, mort maintenant, récupéré par son tonton qui ne sachant quoi en faire l'a envoyé aux orphelins d'Auteuil à la libération. Comme ça il est devenu chrétien et a épousé une vraie polonaise catho. Consolation, il s'est fait enterrer de manière laïque, sans curé. Raté, ils ont raté leur coup.
A l'inauguration du mur des noms pour les Justes de France dans le 4è arrd de Paris, il y avait plein de bonnes soeurs. Elles sont marrantes, elles rigolent tout le temps. Et elles riaient d'autant plus que nombreux étaient les spectateurs qui leur disait merci de n'avoir pas fait catholiques les petits dont elles avaient la charge.
Quand tu vois un couvent, une mère supérieure, un religieux qui est Juste, c'est qu'il n'a pas converti les enfants dont il avait la charge, c'est la condition principale.

Nous sommes la seule religion qui ne convertit pas, surtout s'il s'agit de personnes monothéistes ; il ne faut pas en faire une généralité.

Pour mes parents traqués, il y avait les gens dangereux, antisémites, pétainistes ou PPF militants, à éviter absolument. Ils représentaient quand même un bon 10 à 15% de la population marseillaise, en 1942-43.

Ensuite, il y avait une grosse masse attentiste, de prés de 80% de gens INDIFFERENTS. Ils avaient leurs épreuves et leurs problèmes. Ce qui arrivait aux juifs, ils s'en foutaient, MAIS.... s'ils découvraient des juifs cachés, ils ne les dénonçaient pas non plus.
Mes parents considéraient les "indifférents" comme bienveillants, puisqu'ils ne faisaient pas le mal qu'ils auraient pu faire.


Et puis, il y avait la miraculeuse minorité de 5% de bienveillants (Pas plus! )Nous n'avons pratiquement PAS connu de ces archanges.

Nos "Justes" à nous, ne se sont pas manifestés spontanément, mais seulement parce qu'ils étaient des relations personnelles d'avant guerre.
C'était quand même bien beau qu'ils nous aient aidés.


Mais que devenaient les juifs venus d'ailleurs, sans lien et sans attaches dans la population? Ils étaient les premiers vendus.

Cent francs pour un juif, à Nice, en 1943.


Le déséquilibre venait de la capacité de nuisance Une famille juive pouvait se croire préservée, par le silence "indifférent" des deux milles personnes qui l'environnaient; il suffisait d'un seul dénonciateur, pour que les "indifférents" ne servent à rien.
Il regardaient arriver la Citroen noire, ou le fourgon, et voyaient partir la famille, comme un banal spectacle de la rue.

quelle ironie de l'histoire! embarqués dans une voiture juive citroen !

La Citroen Traction avant était la voiture préférée de ces messieurs de la Gestapo et de la police française. C'était avec cette voiture qu'ils sont venus chez nous, et c'est dans cette voiture que mes deux oncles ont été emmenés.

A la libération, elles sont devenues voitures de la résistance. Il suffisait d'écrire FFI sur les portières, et de changer (pas forcément) les usagers de la voiture.

Guiti et Cormoran,

Merci d'apporter de l'eau à mon moulin pour dire aussi cet aspect des choses. Et là au moins c'est loin d'être de l'approximation.

C'est comme Katy Hazan l'historienne de l'OSE qui ne se sert que du vécu des gens lorsqu'elle m'avait remerciée pour ma participation par l'Amicale des Anciens.

Récemment Katy Hazan a fait une conférence à Chateauroux pour parler
du réseau de sauvetage " réseau Garel "
Mais bientôt, elle devrait s'atteler, toujours par rapport à l'OSE, de l'après-guerre...