Le réseau Al-Qaeda en Irak a eu accès aux dossiers de patients d'hôpitaux psychiatriques et utilise des femmes handicapées mentales pour commettre des attentats suicide, a affirmé l'armée américaine.
Selon le contre-amiral Gregory Smith, porte-parole américain à Bagdad, les deux femmes qui se sont fait exploser sur des marchés animaliers à Bagdad le 1er février tuant une centaine de personnes avaient été traitées dans deux établissements différents dans les semaines précédentes.
«Nous pensons qu'Al-Qaeda les a approchées séparément et en cachette de leurs familles, et les a recrutées pour mener ces attaques barbares», a-t-il dit à l'AFP. «Notre inquiétude est qu'Al-Qaeda ait pu accéder aux dossiers des hôpitaux psychiatriques».
Selon lui, les deux femmes kamikazes ont été identifiées par les enquêteurs américains qui ont montré des photos d'elles dans leurs quartiers et les hôpitaux.
L'une avait été traitée pour schizophrénie et dépression pendant plusieurs mois à l'hôpital Ibn Rouchd à Bagdad et avait expliqué aux docteurs qu'elle entendait des voix qui l'incitaient au suicide. La deuxième femme avait été traitée dans un autre hôpital, dont le contre-amiral n'a pas précisé le nom.
«Les deux femmes avaient des déficiences mentales», a-t-il ajouté soulignant toutefois que les déclarations des autorités irakiennes selon lesquelles elles étaient trisomiques n'avaient pas été avérées.
L'une des femmes portait un sac à dos bourré d'explosifs et l'autre une ceinture piégée. Il n'y a aucune indication qu'elles se connaissaient.
Dans le cadre de l'enquête, le directeur en charge de l'hôpital Al-Rachad, un autre établissement psychiatrique, a été arrêté la semaine dernière et est interrogé pour déterminer s'il avait divulgué des informations sur ses patients.
Toutefois ni l'une ni l'autre des deux kamikazes n'avait été traitée à cet hôpital, selon le contre-amiral Smith.
Par contre, le directeur de l'établissement d'Al-Rouchd, le Dr Chaalane al-Abboudi, a indiqué à l'AFP qu'une des femmes identifiées par les Américains comme une kamikaze avait été traitée dans son hôpital.
«Des militaires américains sont venus avec des photos, mais nous n'avons pas vu les visages. Ils m'ont donné un nom», a-t-il dit. «Après avoir cherché dans nos dossiers, nous avons trouvé quelqu'un avec le même nom. Selon eux, elle serait l'une des kamikazes. Mais je ne peux pas déterminer si elle s'est suicidée ou a été victime d'une manipulation».
Selon le Dr Abboudi, cette femme souffrait de schizophrénie avec des symptômes de dépression et des hallucinations auditives. «Elle entendait des voix qui lui disaient de se tuer. Elle a reçu le traitement approprié, notamment des électrochocs».
Mais il a catégoriquement démenti que qui que ce soit de son établissement ait divulgué des secrets médicaux. «Aucune information n'a été fournie à qui que ce soit, et pour quelque raison que ce soit».
Au lendemain des deux attentats, le général Jeffrey Hammond, commandant des forces américaines à Bagdad, a expliqué que les deux femmes «avaient été utilisées car elles étaient moins à même de comprendre ce qu'elles faisaient» et «étaient moins à même d'être fouillées».
Le 17 février, une femme a mené un attentat suicide près d'un poste de contrôle à Bagdad.
Le commandement américain avait alors indiqué qu'une femme, semblant être une mendiante et portant quelque chose d'encombrant autour de la taille s'était approchée des policiers. «Quand ils lui ont ordonné de lever les mains, elle n'en a levé qu'une et a tenu quelque chose de caché dans l'autre, avec des fils électriques apparents. Les soldats ont ouvert le feu et la femme a titubé jusqu'à une échoppe où elle a explosé».
L'enquête n'a pas encore établi si elle était une handicapée mentale.
source :
cyberpresse