La Cacherout contre la cruauté envers les animaux
par Yael Ancri
jeudi 21 février 2008 - 20:45
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Le Grand Rabbinat israélien a décidé de suivre l'exemple de la Société pour la prévention de la cruauté à l'égard des animaux, qui proteste depuis longtemps contre les techniques d'abattage utilisées dans plusieurs abattoirs des Etats-Unis et d'Amérique du Sud. Le Grand Rabbinat a décidé de contribuer à l'annulation de la méthode consistant à "attacher et soulever" (כבילה והרמה) l'animal au moment de l'abattage. D'après les associations de protection des animaux, cette méthode fait souffrir les bêtes beaucoup plus que de nouvelles techniques adoptées par de nombreux abattoirs.
A l'occasion d'une récente conférence à laquelle participaient la Commission sur la Cacherout du Grand Rabbinat et le grand rabbin ashkénaze d'Israël, le Rav Yona Metzger, il a été décidé de n'accorder des certificats de cacherout à la viande abattue au cours d'une Chehita cachère (un abattage rituel) que si l'animal a été tué en utilisant la méthode plus humaine appelée "boxing".
La méthode du "boxing" implique la capture de l'animal dans une boîte qui est renversée avant que l'abattage soit pratiqué. Il s'agit de la méthode la plus moderne, qui est maintenant employée dans la plupart des abattoirs cachers, sauf dans certains abattoirs des pays cités ci-dessus qui n'ont pas encore adopté cette technique, généralement pour des raisons financières.
Le Grand Rabbinat a également décidé de "consulter des experts et d'œuvrer ardemment à trouver d'autres solutions pratiques qui permettront d'alléger les souffrances des animaux abattus rituellement."
Notons que ce débat a été organisé à la suite d'un appel du président de l'Orthodox Union (OU), le Rav Ménahem Genack. L'OU est le plus grand organisme des Etats-Unis émettant des certificats de cacherout.
Le Rav Genack a contacté le grand rabbin Metzger après avoir reçu les plaintes de plusieurs groupes américains de défense des droits des animaux. Des responsables du Grand Rabbinat ont indiqué que les photos prises dans les abattoirs cachers utilisant encore la méthode consistant à "attacher et soulever l'animal", qui montrent clairement les souffrances des animaux, étaient en effet "extrêmement difficile à regarder".
Dans une lettre adressée au Rav Genack, le grand rabbin s'est dit conscient du pouvoir politique des groupes de défense des droits des animaux aux Etats-Unis. Il a exprimé son inquiétude devant l'effet négatif sur l'image de la communauté juive de la publication des photos montrant la poursuite de ces pratiques considérées comme cruelles par ces groupes.
Toutefois, le Rav Genack a fait remarqué qu'il "y avait là sans aucun doute d'autres considérations en plus des souffrances des animaux."
"Nous entendons régulièrement des plaintes affirmant que la Chehita juive est cruelle, émises par divers éléments, qui agissent très souvent pour des raisons purement antisémites. Les Musulmans utilisent en effet la même méthode d'abattage que les Juifs, mais en ce qui les concerne on n'entend jamais de plaintes sur la cruauté de leur technique", ont ajouté des responsables du Grand Rabbinat.
Ces considérations étrangères n'ont cependant pas empêché le Grand Rabbinat de lutter contre la méthode consistant à "attacher et soulever" l'animal. Il œuvrera également auprès des abattoirs en Israël pour que cette technique soit abandonnée au profit de la méthode du "boxing".
Le groupe de défense des droits des animaux, Hakol Haï, a salué la décision du Grand Rabbinat.
Pour en savoir plus sur les aspects techniques de l’abattage des animaux de boucherie en Amérique du Nord, lisez l'article suivant
Improving religious slaughter practices in the U.S. (en anglais).