Lundi 10 mars, à 20h50, Canal+ et Elzévir Films proposeront « La traque », un téléfilm unitaire de 110 minutes réalisé par Laurent Jaoui. Ce programme a nécessité trois mois de tournage entre l’Argentine, la Bolivie et Paris. Un chef d’oeuvre qui rend hommage à ces deux héros de l’histoire contemporaire comme il en existe peu.
La traque
Yvan Attal et Franka Potente incarnent Serge et Beate Klarsfeld, qui ont agit, parfois dans l’illégalité, au nom de la justice. Ces chasseurs de nazis ont consacré douze années de leur vie à la traque acharnée de Klaus Barbie, le boucher de Lyon, réfugié en Amérique Latine sous une fausse identité (Klaus Altman). Retour sur leurs premiers coups d’éclat en Allemagne jusqu’aux combats juridiques et médiatiques qui ont mené aux grands procès en France.
Comment Klaus Barbie a-t-il pu se reconvertir si facilement et continuer de sévir en Bolivie en toute impunité dans les années 70 ? Voici ce que dévoile cette fiction qui tient également son originalité des divers points de vue qu’elle adopte : celui des époux Klarsfeld, mais aussi ceux de Klaus Barbie et des Boliviens, nouvelles victimes de cette barbarie “exilée”. Entre mises au point historiques et révélations, cette histoire nous rappelle avec force que la mémoire n’est pas donnée, qu’elle se gagne de haute lutte.
C’est ce que l’on peut qualifier de “résistance d’après-guerre”.
Saluons le jeu impressionnant des acteurs, et particulièrement celui de l’allemande Franka Potente, parfois comique, qui a parfaitement su conserver le caractère authentique de la courageuse Beate Klarslfeld, fille de SS, qui n’a pas hésité à se faire jeter en prison à plusieurs reprises pour trainer les nazis en justice, et ainsi être fière d’être allemande.
Tout savoir sur ce film…
Serge et Beate Klarsfeld, lors de la Première le 18 février 2008
Fondation Klarsfeld : www.klarsfeldfoundation.org/
Serge Klarsfeld et sa femme Beate ont voulu, par leur travail d’historien mais aussi par leur action militante, permettre aux Juifs de faire le travail de deuil. Ils ont porté à la connaissance de tous le degré d’inhumanité que l’homme peut porter en lui-même, et dont la Shoah fut l’expression.
L’inscription dans l’ordre juridique national et international de la notion de Crime contre l’humanité a permis d’éviter toute banalisation de la singularité de la Shoah. – Patrick Frémeaux
Serge et Beate Klarsfeld ont créé en 1979 en France l’Association des fils et filles des déportés juifs de France, qui est chargé de défendre la cause des descendants de déportés.
Rencontre avec Beate Klarsfeld
Tout a commencé avec mon action en Allemagne. Je me sentais personnellement concernée. J’étais révoltée de voir, qu’en Allemagne, d’anciens membres du parti nazi, d’anciens criminels, pouvaient encore occuper des fonctions de responsabilités: aux affaires étrangères, à la police, et, jusqu’au premier ministre, le chancelier Kiesinger. Mon premier engagement fut contre le chancelier Kiesinger en 1968. Le monde devait savoir que le chef du gouvernement allemand était un ancien nazi propagandiste. Après une campagne d’informations traditionnelles qui ne donnait rien, nous avons commencé à employer des moyens plus spectaculaires.
1968 : “Je suis allée en Allemagne et j’ai giflé le chancelier Kiesinger au congrés de son parti”
J’ai crié “Kiesinger, nazi, démissionne”. Les médias étaient présents. Symboliquement, je représentais la jeune génération qui gifla le “père” nazi. C’était une action spectaculaire. Une gifle, ce n’est pas une violence, mais ça a marqué le peuple allemand et montré que la jeunesse allemande refusait que d’anciens nazis occupent des postes importants dans leur gouvernement.