Un autre poème sur Yasser Arafat. (En dehors de celui sur Tarzan et Cheetah);
Le châtiment
La nuit allait tomber sur la vie de Yasser,
Et déjà se pressaient les héritiers voraces,
Fanatiques ambitieux, courtisans de naguère,
Illuminés d’Allah, pleins de haine de race.
Lui, se tenait couché, observant d’un œil glauque,
Les policiers français venus le préserver,
Les doctes médecins aux mornes soliloques,
L’illustre visiteur venu le saluer.
Il revoyait, mourant, agonisant fragile,
Sa moukatta déserte, où erraient ses tueurs,
Ses tristes fournisseurs de garçonnets dociles,
Le désarroi bruyant des derniers supporters.
Une voix a parlé, venant de la pénombre,
Je suis venu t’attendre, et je vais t’emmener,
C’est l’enfer qui t’attend, pour des siècles sans nombre,
Car tu as trop tué pour pouvoir espérer.
Yasser se redressa, l’œil fulgurant de haine,
Et qui donc peux tu être, toi qui viens m’accuser ?
J’ai lutté pour mon peuple, dans l’espoir et la peine,
Et tous les chefs de guerre se résignent à tuer.
Tuer des innocents est permis, à la guerre,
Bien d’autres avant moi l’ont aussi pratiqué,
Castro, Ben Bella, Ho Chi Minh, et Nasser,
Tout le sang répandu sert leur postérité.
Oui, mais toi, tu as tué bien plus que l’innocence,
Tu iras en enfer, pour toute éternité,
Pour ce crime commis, dans ta folle démence,
Tu as assassiné même la fraternité.
C’est assez, dis ton nom, entité maléfique !
Le mourant se dressa, crispant ses mains aux draps,
Je suis ton crime, dit la voix tragique,
Je te suis pour toujours, toi qui me suscitas.
Et Yasser éperdu, sanglotant, pathétique,
Scruta la nuit tragique qui l’environnait,
Son regard affaibli parvint à déchiffrer,
Les six lettres de feu qui lui disaient : Munich.
RC 2004.