Des soldats indésirables ?
par Shraga Blum
samedi 1 mars 2008 - 22:25
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Alors que toutes les statistiques montrent une augmentation constante du phénomène du refus de servir dans Tsahal, il semble que certains jeunes qui désirent profondément servir leur pays soient discrètement - ou non - écartés de leurs obligations. Leur point commun: s'être opposés à l'expulsion des Juifs du Goush Katif et d'Amona, ou avoir manifesté des idées politiques contraires aux intentions du gouvernement concernant le processus avec les Palestiniens.
Lors de l'émission "Mabat Cheni" diffusée la semaine passée sur la 1ere chaîne de TV, une équipe de journalistes à réalisé une enquête sur un certain nombre de jeunes concernés par ce phénomène. Pour certains d'entre eux, il s'agit de labyrinthe bureaucratique dans lesquels ils ont été entraînés durant des mois voire plusieurs années, aboutissant à repousser sans cesse leur jour de circonscription. Pour d'autres, c'est l'abdication devant tant de barrières dressées, ou devant l'exemple d'amis écartés de l'armée. Enfin, pour certains, c'est encore pire, c'est la dévaluation du fameux "profil militaire" qui permet d'être incorporé ou non dans des unités combattantes, ou même dans Tsahal tout court.
L'exemple le plus marquant fut celui de cette jeune fille, équilibrée, intelligente et convaincue, qui s'est vue attribuer la note 21 sur 100 lors des entretiens, ce qui équivaut à la classer dans la catégorie des personnes souffrant de problèmes psychologiques graves. Le père de la jeune fille, très en colère, se demandait "comment l'armée pouvait traiter ainsi des jeunes motivés et nourris d'idéal, en les traitant comme des cas sociaux ou psychologiques par le simple fait qu'ils appartiennent à un secteur bien ciblé de la population." Le stigmate de "cas psychologique" inscrit dans le livret militaire a des conséquences fâcheuses, car il suit une personne durant toute sa vie et la pénalise durement lors de son parcours professionnel.
Il faut savoir que le Département des Ressources Humaines de Tsahal travaille en étroite collaboration avec le Shabak, les Renseignements Généraux, afin de déceler tout élément qui pourrait se révéler dangereux lors de son service militaire. Les instructions données par le gouvernement au Shabak sont devenues très sévères depuis l'assassinat d'Itsh'ak Rabin et la tuerie de Nathan Zada dans un bus arabe israélien. Mais dans les cas présentés à l'émission, il s'agissait uniquement de jeunes dont les options politiques ne plaisent pas en "haut-lieu". Dans le cas de la jeune fille, son certificat de profil militaire portait une mention assez étrange: dans la rubrique "lieu de résidence", elle avait indiqué le village dans lequel elle se trouvait, quelque part en Judée-Samarie, l'officier qui l'a interrogée ayant cru bon de rajouter dans la marge: "En Israël, pour le moment".
Malgré les dénégations d'un responsable du Shabak invité à l'émission, il semblait évident qu'il y a une volonté politique d'écarter de l'armée des éléments qui pourraient devenir gênants lors d'une expulsion future de Juifs. Le député Ouri Ariel (Ihoud Leoumi - Madfal), présent lui-aussi sur le plateau, a confirmé ce phénomène grandissant, et à mis l'armée et le Shabak devant leurs reponsabilités, mais surtout face à leurs incohérences, en leur conseillant, avec le flegme qui le caractérise, de "permettre à tous ces jeunes de servir dans Tsahal, et si certains présentent vraiment un danger réel pour leur entourage ou pour la population, de les affecter à des centaines de fonctions qui ne nécessitent pas le port d'une arme." "C'est une faute très grave de démoraliser et démotiver toute une jeunesse nourrie d'idéal sioniste" a-t-il précisé.
Mais justement, est-ce l'intérêt d'une classe politique en retrait de tous les idéaux sionistes et juifs, de promouvoir une telle jeunesse fière et motivée...?a7