William SHALER, consul Général des Etats Unis à Alger en 1830, dans son Esquisse de l'Etat d'Alger
Les Juifs ont à souffrir d'une affreuse oppression. Il leur est défendu d'opposer de la résistance quand ils sont maltraités par un Musulman, quelque soit la nature de la violence. Ils n'ont pas le droit de porter une arme quelconque, pas même de canne. Les mercredis et les samedis seulement ils peuvent sortir de la ville sans en demander la permission. Y-a-t-il des travaux pénibles et inattendus à exécuter, c'est sur les Juifs qu'ils retombent.u de troupes immenses de sauterelles qui détruisaient la verdure sur leur passage. C'est alors que plusieurs centaines de Juifs reçurent l'ordre de protéger contre elles les jardins du pacha; et nuit et jour, il leur fallut veiller et souffrir aussi longtemps que le pays eut à nourrir ces insectes.
Plusieurs fois quand les janissaires se sont révoltés, les Juifs ont été pillés indistinctement; et ils sont toujours tourmentés par la crainte de voir renouveler de pareilles scènes.
Les enfants même les poursuivent dans les rues, et le cours de leur vie n'est qu'un mélange affreux de bassesse, d'oppression et d'outrages. Je crois qu'aujourd'hui les Juifs d'Alger sont peut-être les restes les plus malheureux d'Israël.