un ami
Ivan Rioufol
Ce blog veut être celui de la liberté de la parole et de la confrontation des idées.
Outre la mise en ligne du bloc-notes chaque vendredi, je me propose d’évoquer à chaud et succinctement, un fait d’actualité, une déclaration intéressante, ou un événement appelant un éclairage, une remarque. Je m’autorise à être subjectif, anecdotique, rapide. Il est loisible de débattre à partir de ces thèmes et sujets, ou d’autres que les lecteurs peuvent choisir. Car ce blog a pour objectif d’être un lieu d’échanges. Un rendez-vous régulier, amical et tolérant.
Tout peut, ici, être dit, même s’il n’est pas interdit d’être argumenté et pertinent. La seule condition que je pose est de respecter les règles élémentaires de la civilité : les propos injurieux ou outranciers sont évidemment à proscrire.
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Boycott du Salon du Livre: la faute
Par Ivan Rioufol le 12 mars 2008 11h27 | Lien permanent | Commentaires (71) | Trackbacks (0)
Les pays arabo-musulmans boycotteront le Salon du Livre de Paris, qui honore cette année le 60 e anniversaire de l’Etat hébreu. La manifestation littéraire sera inaugurée, jeudi, en présence du président israélien, Shimon Pérès. Trente neuf auteurs israéliens y participeront, dont Amos Oz et David Grossman, connus pour leurs engagements à en faveur de la paix. Interrogé ce mercredi matin par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1, Pérès a dénoncé dans ce boycott "le choix le plus stupide". Je partage cette opinion et m’étonne de la torpeur des intellectuels français face à ce qui s'apparente à de l'intolérance.
Quand l’islamologue Tariq Ramadan (qui a dans ce blog une poignée de supporters tapageurs dont certains ont avoué leur antisémitisme) explique dans Le Monde que "le boycottage ne signifie pas nier l’existence d’Israël", pour fustiger quelques paragraphes plus loin "les soixante années de colonisation", c’est bien la présence de l’Etat juif qu’il conteste. L’Iran ne se gêne d’ailleurs pas pour dire clairement qu’Israël doit disparaître de la carte. Si la critique de la politique de l’Etat hébreu est normale (personne ne s’en prive), le refus de rencontrer ses écrivains revient à dénier leur existence et leur légitimité d’israélien.
Interrogé récemment par Le Figaro, Pérès remarquait: "L’un des problèmes des arabes est qu’alors que l’Occident étudie l’Orient et ses livres, l’inverse n’est pas vrai. La connaissance occidentale de l’Orient est beaucoup plus riche (…)". Le monde arabe traduit un peu plus de 300 livres par an, soit un cinquième du nombre d’ouvrages traduits par la Grèce. C’est cet enfermement intellectuel, cautionné par les pays arabo-musulmans quand ils boycottent le Salon du Livre ayant Israël comme invité d’honneur, qu’il faut tenter de briser, avec l’aide des nombreux musulmans éclairés. Ils ne se font pas assez entendre dans cette affaire.
Je serai au Salon du Livre, ce samedi de 16 h à 17 h sur le stand Fayard, pour y signer mon dernier livre: "La fracture identitaire".