Le cout de la solution du probleme palestinien

Ci-dessous, ma traduction libre d'un article publie dans le quotidien "Yediot Aharonot" date vendredi 4 Avril 2008:

4.5 millions de refugies palestiniens vivent en dehors d'Israel, c'est du moins le chiffre de ceux qui sont inscrits a l'Agence onusienne chargee des refugies arabes (UNRWA). Un refugie palestinien est defini comme "toute personne ayant eu son domicile fixe en Palestine-EI (Palestine-Eretz Israel, le terme officiel utilise par le Mandat britannique) entre Juin 1946 et Mai 1948, et qui perdit sa maison et ses ressources par suite du conflit opposant Israeliens et Arabes". Cette definition inclut aussi tous les descendants de ces personnes pour toutes les generations a venir. D'apres l'UNRWA, le statut de refugie s'herite a jamais.

La plus grande concenbtration de refugies se trouve en Jordanie: 1.800.000 dont 300.000 vivent encore dans des camps. Au Liban, sont inscrits 400.000 refugies, dont la moitie vit dans les camps, en Syrie il y a aussi 400.000 refugies, une petite minorite d'entre eux vit dans les camps. Le reste, soit 1.7 million vivent das les territoires de l'AP et a Gaza.

La tres grande majorite des Israeliens est persuadee qu'avec la creation d'un Etat palestinien "le probleme des refugies" se resoudrait automatiquement et ce n'est en fait pas le cas.
Un accord permanent israelo-palestinien devra comprendre un plan realiste et realisable pour liquider le probleme des refugies de 4.5 million de personnes qui se considerent comme ayant ete expulsees et depossedees de leurs biens, et qui esperent toujours le miracle du Retour ou celui d'une rehabilitation.

Comment un tel plan devrait-il etre mis au point? Combien couterait de regler une fois pour toute ce probleme des refugies? Et qui payerait?
A ces questions et a d'autres similaires, le groupe d'Aix essayent d'y repondre. Ce groupe d'Aix inclut des economistes israeliens, palestiniens et francais qui travaille sous les auspices de l'Universite Paul Cezanne d'Aix-en-Provence.

Du cote israelien, le groupe est dirige par le professeur Arie Arnon de l'Universite de Beercheva qui est aussi le directeur du plan socio-economique du centre Van-Leer de Jerusalem. Il se trouve actuellement en annee sabbatique a l'Universite Berkeley en Californie.

Question: Selon les travaux du groupe d'Aix, le plan de la solution du probleme des refugies se divise en 4 phases.

Reponse: La premiere phase est la rehabilitation physique et economique des refugies a l'endroit ou ils se trouvent actuellement, dans les camps et en dehors des camps. Cette phase pourrait couter jusqu'a 14 milliards de dollars, cela depend du nombre de refugies qui decideraient de rester sur place, du standard des logements a construire, des allocations, de l'education, de la sante et des services publics qui leur seraient fournis.
La rehabilitation d'une famille moyenne de refugies vivant dans un camp (6 personnes par famille) pourrait atteindre 70.000 dollars. La rehabilitation d'une famille qui a deja quitte les camps ne couterait que 20.000 dollars. De cette facon, et selon les previsions les plus realistes, un nombre de 2.2 millions de refugies pourrait etre rehabilite.

La deuxieme phase est le reetablissement des refugies qui decideraient de revenir vers la "patrie". Le groupe d'Aix a etudie 4 hypotheses de travail a ce propos, prenant en compte le re-etablissement de 900.000 a 1.800.000 personnes.
Ou iront les refugies qui decideraient de quitter la Jordanie, le Liban et la Syrie?
Selon une des hypotheses, Israel serait pret a accueillir 44.000 refugies, selon d'autres hypotheses, de 200 a 300.000. Dans tous les cas de figure, l'immense majorite des refugies devrait etre accueilli par le nouvel Etat palestinien et cet Etat deviendrait leur patrie.

Le cout financier de cette integration s'eleverait, selon le groupe d'Aix, a 19 milliards de dollars. Ce serait un projet economique grandiose qui changerait du tout au tout l'aspect de cette region et qui s'etalerait sur une periode d'au moins 10 ans, et depasserait les possibilites financieres du nouvel Etat palestinien.
Le groupe d'Aix a egalement pris en compte des echanges de territoires entre Israel et l'Etat palestinien, ce qui ameliorerait d'une certaine facon les capacites d'integration du nouvel Etat.
A la question de savoir si les economistes palestiniens du groupe d'Aix ont accepte le preliminaire politique-ideologique du renoncement au Droit du Retour, le professeur Arnon repondit que ceux ci ont deja compris que la solution passe par deux Etats pour les deux peuples, et que le Droit du Retour ne pourrait etre appliquee. Aussi, ces economistes palestiniens participent a l'evaluation des couts financiers de l'operation.

La troisieme phase de ce plan est le reglement final des revendications des Palestiniens envers l'Etat d'Israel, a propos de la perte des terres et des biens qui etaient en leur possession jusqu'en 1948.
C'est le "travail le plus complique" qui soit, declare le Professeur Arnon.
Les compensations financieres seront etudiees et fixees par un nouvel organisme international que le groupe d'Aix recommande d'etablir, "l'Agence Internationale pour les Refugies Palestiniens".

Les Palestiniens, pour recevoir ces dedommagements, devront prouver avec des documents a l'appui leurs droits de propriete sur les terrains et les biens, qu'eux ou leurs ancetres ont du laisse derriere eux en 1948.
Le groupe d'Aix estime que seul un tiers des refugies pourraient avoir de telles revendications, et que meme ceux-ci se heurteraient a de formidables problemes pour pouvoir fournir les preuves et documents necessaires.

Suite a venir

Pourquoi ne pas dédommager tous les réfugiés, de tous les pays ? Ceux qui ont dû laisser leurs biens et leurs souvenirs quelque part dans le monde ? Pourquoi les palestiniens vivent-ils dans des camps dans les pays arabes ? Ils n'ont pas le droit de circuler librement et de se prendre en charge comme l'ont fait des millions et millions d'autres avant eux au cours des siècles ?

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pour les terres ils vont avoir des difficultés :

Citation :

Les lois mises en place par le "protectorat" britannique exigeaient que les colons juifs achètent leur terre aux propriétaires terriens arabes. Les droits de propriété étaient tous entre les mains de riches propriétaires terriens arabes pour qui la terre constituait principalement un objet de spéculation. De plus, ils acceptaient de chasser les travailleurs journaliers palestiniens et les paysans en fermage si les nouveaux propriétaires le souhaitaient. Voilà comment de nombreux paysans et travailleurs agricoles arabes ont perdu leur terre et leur travail. La création de la colonie juive ne signifiait pas seulement l'expulsion des terres mais aussi l'enfoncement dans une misère encore plus grande. Une fois qu'elle avait été vendue aux colons juifs, les sionistes interdisaient la revente de la terre aux non-juifs. Elle n'était plus seulement un morceau de propriété privée juive, une marchandise, elle était devenue une partie du territoire sioniste qui devait être défendu militairement comme une conquête.

http://fr.internationalism.org/french/rint/117_conflits.htm
(un peu gauchiste, mon site, vous d'mande pardon)

Tu es pardonnée : l'exploitation des hommes par leurs semblables existait bien avant le gauchisme. Les esclaves étaient vendus par les plus fortunés et les plus puissants de leur ethnie, ou de celle qui avait gagné. Les serfs obéissaient aux petites seigneuries locales, selon la mode du pays ils se vendaient aussi, etc...

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bernadette a écrit:

Tu es pardonnée : l'exploitation des hommes par leurs semblables existait bien avant le gauchisme. Les esclaves étaient vendus par les plus fortunés et les plus puissants de leur ethnie, ou de celle qui avait gagné. Les serfs obéissaient aux petites seigneuries locales, selon la mode du pays ils se vendaient aussi, etc...

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concernant les réfugiés palestiniens, ce sont les seuls dont le statut de réfugié se passe comme un héritage - les allemands des Sudètes, les polonais, les russes, les juifs de toutes origines même des pays arabes, n'ont pas eu cette chance.
C'est d'autant plus injuste que les palestiniens n'étaient pas, en général, propriétaires de leur terre, ils en étaient locataires.
Et qu'il y a eu aussi un afflux d'individus venant des pays arabes en guerre, paysans sans terre, ouvriers au chômage, etc..., attirés par les avantages que l'unrwa donnait à toute personne parlant arabe. Les camps n'étaient pas des endroits clos, on pouvait y rentrer, en sortir plus difficilement.
Jamais les arabes n'ont voulu que les palestiniens deviennent des citoyens, la preuve, le Liban et la Syrie les palestiniens n'y ont aucun droit.
Et on se permet de se poser des questions sur les droits des arabes israéliens. Une vraie plaisanterie.

Suite et fin de la traduction du Yediot Aharonot du 4/4/08:

Pour evaluer l'ampleur des dedommagements qui devraient etre verses aux Palestiniens, le groupe d'Aix s'est principalement base sur les travaux
de la "Commission du Plan" de la mission de reconciliation envoyee par l'ONU sur le terrain en 1964. A cette commission, 450.000 revendications palestiniennes furent presentees, se referant a 6 millions de dounams (1 dounam represente 1/10 d'hectare) de terres et cette commission valua leurs valeurs a 800 millions de dollars selon les prix pratiques en 1948.
Comment traduire cette somme de 1948 en dedommagements a etre payes en 2008? Et quels sont les taux d'interets qui devraient etre pratiques? La dessus, le groupe d'Aix a ete le theatre de profondes divergences.
L'estimation la plus conservatrice des terres palestiniennes revendiquees en Israel s'eleve a 14 milliards de dollars, comme cela est inscrit dans les minutes des travaux de la commission d'Aix. Les Palestiniens avancent eux, une somme double, de 30 milliards de dollars qui seraient necessaires pour repondre de facon "honnete et definitive" aux revendications de dedommagements.

Le probleme immediat face a ces chiffres est de savoir si il n'y a pas ici une double comptabilite: la famille de refugies recevrait et un dedommagement pour les terres et les biens perdus, et beneficierait au meme moment d'une rehabilitation ou d'une allocation pour un re-etablissement. "Nous ne sommes pas preoccupes de ce genre de problemes, affirme le professeur Arnon, bien qu'il y ait une certaine logique la-dedans".

Et finalement, comme geste de bonne volonte et de fermeture des comptes, chaque refugie recevrerait une somme unique et definitive de 5.000 dollars pour couvrir les douleurs et peines subies par 60 annees de statut de refugie. Le cout: 22 milliards de dollars.

En fin de compte, un accord final et acceptable par les deux parties pour regler definitivement le probleme des refugies palestiniens, condition sie qua non d'un accord permanent entre les Palestiniens et Israel, pourrait couter environ 55 milliards de dollars, mais probablement de 75 a 90 milliards de dollars etales sur une periode de 10 ans.

D'un cote, il s'agit de beaucoup d'argent, plus que toute l'aide americaine globale ou pres de la moitie du PNB annuel d'Israel, soit 40.000 shekels pour chaque Israelien.

D'un autre cote, c'est peu: environ 18.000 dollars en moyenne pour chaque refugie palestinien contre l'abandon total et definitif de son reve de Retour. Et cette moyenne trompe aussi: ceux qui n'ont aucune revendication sur des biens ou des terrains en Israel (65% des refugies palestiniens n'ont aucune revendication de ce genre) ne recevraient que 5000 dollars par personne plus une certaine somme pour pouvoir se re-etablir dans sa nouvelle patrie palestinienne.

D'un troisieme cote, c'est beaucoup d'argent: le revenu annuel d'un refugie dans un camp ne depasse pas 1.200 a 1.800 dollars par personne.

Et d'un quatrieme et dernier cote, ce n'est absolument rien. Dans les annees 2005-2008, les pays arabo-musulmans du Proche-Orient gagneront de leurs revenus petroliers 2150 millards de dollars. Leurs reserves financieres sont estimees a 4200 milliards de dollars. 2% de cette richesse incommensurable suffirait pour financer l'ensemble des phases de dedommagement et de rehabilitation des refugies palestiniens.
Est-ce qu'une pareille option a-t-elle ete prise en compte?
"Nos conclusions ont ete ecrites avec soin et prudence" dit le professeur Arnon. "Nous ne sommes pas descendus dans l'arene des sources de financement. Ce role sera celui de la nouvelle Agence pour les Refugies. Elle sera chargee aussi de mobiliser les fonds, mais nous sommes tous d'accord que l'Etat d'Israel devra apporter sa contribution et supporter une partie de ce financement, seule ou avec des associes. Et vous savez quoi? Quand je vois ces chiffres, je me dis cela en vaut le coup, cela nous est profitable, comme cela est profitable aux Palestiniens et au monde entier".

Q: Cela contribuera-t-il a ce que les refugies palestiniens supportent ce plan?

R: Il n'est pas question d'acheter par l'argent le consentement des refugies palestiniens a un tel plan ou a un autre, mais de presenter un plan qui transformerait les refugies en citoyens ayant des droits egaux et une chance reelle de s'integrer dans les pays ou ils chisiront de s'etablir et d'y apporter leurs contributions au developpement de ces pays.

Fin de la traduction

Dans tout cela, 850.000 a 1 million de refugies juifs des pays arabo-musulmans ont ete deliberemment oublies.