Stress au travail: première négociation entre patronat et syndicats
07 avril 14:20 - PARIS (AFP) - Syndicats et patronat doivent lever lundi le tabou du stress au travail avec l'ouverture d'une négociation inédite sur le sujet, destinée notamment à transcrire en droit français un accord européen de 2004, qui insiste sur la prévention et les responsabilités de l'employeur.
Des agents de l'hôpital d'Enshisheim en cours de relaxation sur leur lieu de travail, le 12 septembre 2002
AFP/Archives - Olivier Morin
Le phénomène du stress au travail, souvent médiatisé par les cas de suicides de salariés, aurait dû faire l'objet d'une négociation déjà depuis plusieurs mois, mais le sujet reste difficile à aborder.
Les partenaires sociaux avaient en effet en principe trois ans pour adapter à la France un accord-cadre européen sur la lutte contre ce fléau, signé en octobre 2004. D'abord intégré à la négociation syndicats-patronat sur la pénibilité au travail, le thème a été dissocié par les partenaires sociaux.
"Certains ont beaucoup de mal à prendre le stress au sérieux, notamment comme facteur de pénibilité au travail", déplore Danièle Karniewicz (CFE-CGC).
Le ministre du travail Xavier Bertrand s'était inquiété en janvier, dans un courier aux partenaires sociaux, du retard pris, jugeant "urgent d'accélérer la transcription de l'accord européen, et d'étudier, le cas échéant, les moyens d'aller au delà de ce qu'il prévoit". En mars, soulignant le retard de la France il a annoncé le lancement d'une grande enquête nationale annuelle.
Daniele Karniewicz, du syndicat CFE-CGC, le 14 novembre 2007 au ministère du Travail
AFP/Archives - Olivier Laban-Mattei
Le coût du stress est évalué par le Bureau international du travail à "3 à 4% du PIB". Un quart des arrêts de travail de 2 à 4 mois sont dûs à des problèmes psycho-sociaux.
Echaudés par la négociation sur "la pénibilité au travail", qui s'enlise depuis trois ans, les syndicats souhaitent aboutir rapidement. "Tout le monde a l'ambition d'aller vite et bien", explique Jean-François Naton (CGT). "On a, dit-il, une obligation de résultat vis à vis des salariés (et) on peut espérer, au regard du retard pris, que le patronat va sortir du déni et être dans une dynamique de recherche d'amélioration du texte européen".
Même espoir pour la CFE-CGC: "tout dépendra de la volonté des employeurs", en général plutôt réticents à évoquer le thème du stress, qu'ils attribuent plus volontiers aux problèmes personnels des salariés qu'à l'organisation du travail.
Pour Jean-Louis Malys (CFDT), l'accord européen "formalise qu'il y a un vrai problème du stress au travail", que "le patronat ne peut plus nier". Le texte stipule en effet que "si un problème de stress au travail est identifié, une action doit être entreprise pour le prévenir, l'éliminer ou le réduire", et que "la responsabilité de déterminer les mesures appropriées incombe à l'employeur". Pour M. Malys, "le souci, c'est de bien réaffirmer l'aspect organisation du travail", tel que déjà explicité dans l'accord européen: "le stress lié au travail peut être provoqué par différents facteurs tels que le contenu et l'organisation du travail, l'environnement du travail, une mauvaise communication, etc".
Mais le texte ne donne aucune définition, se contentant de décrire le stress en général comme "un état accompagné de dysfonctionnements physiques, psychologiques ou sociaux", résultat de "l'impression" des individus de ne pas être à la hauteur des attentes et des exigences les concernant".
Pour la CFE-CGC, "ce n'est qu'un socle a minima. On a les moyens d'aller plus loin car le stress au travail est de plus en plus prouvé scientifiquement", assure Mme Karniewicz.
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