Israël menace le Hamas mais hésite à lancer une grande opération à Gaza
2008-04-17 11:28:07
JERUSALEM (AFP)
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Des blessés palestiniens transportés sur des lits tirés par des ânes le 16 avril 2008 à Rafah, dans la bande de GazaIsraël a menacé jeudi le Hamas de lui "faire payer le prix" de la violence dans la bande de Gaza, où 18 Palestiniens et trois soldats israéliens ont été tués la veille, mais hésite à lancer une opération terrestre de grande envergure.
Adoptant un ton très ferme, le Premier ministre Ehud Olmert a réaffirmé qu'il considérait le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, comme le "seul responsable direct de ce qui se passe dans la bande de Gaza et nous lui en ferons payer le prix".
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, est "gravement préoccupé par l'escalade de violence à Gaza et dans le sud d'Israël", selon un communiqué. "Il condamne le fait que les opérations militaires israéliennes ont fait des victimes civiles parmi les Palestiniens, y compris des enfants, et appelle Israël à respecter ses obligations au regard du droit international".
"Il y a une guerre à Gaza. Nous agissons et nous agirons contre le terrorisme. L'an dernier, nous avons tué plus de 200 terroristes", a cependant martelé M. Olmert en guise d'avertissement.
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Décombres de maisons palestiniennes détruites par des frappes israéliennes le 16 avril 2008 dans la bande de GazaMercredi, 18 Palestiniens, dont une majorité de civils et un journaliste de l'agence de presse internationale britannique Reuters, ainsi que trois soldats israéliens ont été tués dans les affrontements les plus violents qu'ait connus la bande de Gaza depuis début mars.
Des centaines de personnes, dont des dizaines de journalistes, ont participé jeudi aux funérailles de Fadel Chanaa, le cameraman de Reuters.
Les participants, parmi lesquels les collègues du jeune homme tué, ont porté son corps, recouvert d'un drapeau palestinien, en quittant l'hôpital Chiffa de Gaza.
Ils avaient disposé sur un autre brancard sa caméra brisée et son gilet pare-balles encore couvert de sang. D'autres portaient un portrait du journaliste, âgé de 23 ans.
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Militaires israéliens rentrant en Israël après une opération dans la bande de Gaza le 16 avril 2008 dans la bande de Gaza"Non à l'assassinat de journalistes", "Les journalistes poursuivront leur travail", "L'assassinat de Fadel est une cicatrice sur le visage de l'occupation", indiquaient des banderoles en arabe et en anglais.
Des responsables politiques du Hamas, du Fatah et d'autres factions palestiniennes se sont joints aux funérailles.
Selon la radio de l'armée, les responsables israéliens hésitent à donner le feu vert à une vaste opération terrestre militaire dans la bande de Gaza de crainte que le Hamas tire en représailles "une pluie de roquettes" sur les localités du sud d'Israël durant la célébration de Pessah, la Pâque juive, qui débute samedi et dure huit jours.
D'autres responsables militaires cités par les médias affirment que le Premier ministre préfère attendre la fin de la visite du président américain George W. Bush, prévue à la mi-mai à l'occasion des célébrations du 60ème anniversaire de l'Etat d'Israël, avant d'envisager une offensive d'envergure.
Sur cette même longueur d'onde, le ministre de la Défense Ehud Barak a affirmé à la radio publique qu'Israël ne devait pas réagir "sous le coup de l'émotion, mais de façon réfléchie".
Le ministre des Affaires sociales et membre du cabinet de sécurité, Yitzhak Herzog, a lui aussi estimé à la radio de l'armée qu'Israël devait "faire preuve de beaucoup de retenue, de sagacité et de fermeté".
Le ministre a toutefois admis que le Hamas "est profondément implanté au sein du peuple palestinien" et reconnu que la mort des trois soldats israéliens tués lors d'une embuscade tendue par le Hamas constituait "un échec tactique".
"Il arrive que nous encaissions des coups, mais il ne faut pas se laisser aller au fatalisme", a-t-il poursuivi.
Le Hamas a de son côté appelé sa branche armée à frapper Israël "partout et par tous les moyens".
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La dépouille du journaliste de Reuters Fadel Chanaa est transportée par des collègues palestiniens le 16 avril 2008 à GazaLe Hamas appelle sa branche armée, les Brigades Ezzedine al-Qassam, à "frapper l'ennemi sioniste partout et par tous les moyens possibles en réponse aux crimes de Boureij (car) l'ennemi ne comprend que le langage de la force", a indiqué le Hamas dans un communiqué diffusé jeudi sur son site internet.
Le Hamas a appelé à répondre aux opérations "de la manière adaptée, à n'importe quel moment et n'importe où".
L'Autorité palestinienne a dénoncé les raids israéliens et décrété une "journée de deuil" pour jeudi.
Lors des affrontements, les combattants palestiniens ont fait usage de missiles antichars et d'obus de mortier alors qu'un appareil israélien a procédé à une frappe aérienne, ont indiqué le Hamas et l'armée israélienne.
Les attaques israéliennes se sont multipliées à la suite de l'opération commando menée le 9 avril par trois groupes armés palestiniens contre le terminal de Nahal Oz par où transitent les carburants livrés par Israël à la bande de Gaza. Deux gardes israéliens avaient été tués dans cette attaque.
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