LE PREMIER MINISTRE FRANCOIS FILLON A LA CEREMONIE DU BICENTENAIRE DU CONSISTOIRE : « Le Consistoire a su s’affirmer comme un interlocuteur stable et responsable de l’Etat »
Date : 16/04/2008 - Auteur : Président
15 avril 2008 – Grande Synagogue de la Victoire à Paris
La cérémonie célébrant le bicentenaire du Consistoire, placée sous le haut patronage du Président de la République Nicolas Sarkozy, s’est déroulée mardi 15 avril à la grande synagogue de la Victoire à Paris, en présence du Premier ministre, de nombreux membres du gouvernement, du Maire de Paris, du Préfet de la Région Ile de France, du Préfet de police, de l’Ambassadeurs d’Israël en France, du Président du Consistoire central, du Président du Consistoire de Paris, des Présidents des Consistoires régionaux, du grand rabbin de France, du grand rabbin de Paris, du Recteur de la mosquée de Paris, du Président de la fédération protestante, du représentant de l’Archevêque de Paris, et de nombreux parlementaires et d’élus.
Le Président du Consistoire de Paris Joël Mergui, en ouvrant la cérémonie, a tout d’abord indiqué que « la présence exceptionnelle du Premier ministre symbolise avec force la reconnaissance de l’attachement sans faille de la communauté juive de France à la République et des liens de fraternité qui nous unissent ». Après avoir rendu hommage « aux grandes figures marquantes du Consistoire, qui depuis 200 ans en ont fait cette institution juive unique au monde, la plus ancienne d’Europe, toujours forte, et en particulier à l’actuel Président Jean Kahn », Joël Mergui a précisé que « pendant ces 200 ans, les juifs de France ont fait preuve en toutes circonstances d’une fidélité totale à la République et à ses valeurs, à leur patrie, à leur foi et à leur Histoire ». Et de citer notamment la transmission et la défense du patrimoine, comme action forte à mener par le Consistoire pour cette page nouvelle qui s’ouvre. Aux pouvoirs publics et à l’Etat, Joël Mergui a lancé « qu’il s’agit avant tout de continuer à construire et à garantir les conditions d’une vie sereine et paisible des juifs de France dans leur pays. Nous avons là une responsabilité partagée, Monsieur le Premier ministre, pour la construction d’un avenir dans lequel les juifs de France n’aient plus jamais à se poser des questions ou avoir des doutes quant à leur avenir au sein de la nation et de la République. ». Et de conclure, « il y a 200 ans, Napoléon 1er créait avec le Consistoire la communauté juive d’aujourd’hui ; Au Consistoire de créer à présent, avec vous tous, la communauté juive de nos enfants, fière de ses valeurs, fidèle à la République, solidaire d’Israël et soucieuse de vivre, ensemble, un avenir commun et harmonieux ».
Le Président du Consistoire Central Jean Kahn a tenu lui aussi à rappeler la fidélité sans faille des juifs de France à la République, et le respect à ses valeurs et à ses lois, citant notamment comme symbole fort de cette fidélité la Prière pour la République récitée tous les Chabbat matin dans les 250 communautés juives de France. Jean Kahn a souligné que si les juifs sont présents en France depuis 2000 ans, c’est depuis 200 ans que « la communauté juive de France est structurée et organisée autour du Consistoire, créé en 1808 et qui existe encore aujourd’hui sous sa forme originale, devenu incontournable et partie intégrante de la République ».
Le Premier ministre François Fillon, pour la première intervention d’un Premier ministre à la grande synagogue de la Victoire a tout d’abord rappelé que « depuis 140 ans la communauté juive de France se rassemble ici dans la célébration et dans l’épreuve ». Soulignant l’importance du moment et de cette venue historique d’un Premier ministre à la tribune, François Fillon a indiqué qu’ « A travers moi, c’est toute la république qui répond à votre confiance. ». Après avoir survolé l’histoire de l’émancipation des juifs de France acquise en 1791, puis de leur intégration, de la convocation du Grand Sanhédrin par Napoléon, et enfin de la création du Consistoire; le Premier ministre a précisé que cette création a structuré les communautés, a donné son unité à la communauté juive sans nier sa diversité régionale ». Certes le système consistorial a été transformé depuis lors, mais le Premier ministre d’indiquer que « le Consistoire représente la plus vielle institution juive représentative d’Europe ». « Du premier grand rabbin David Sintzheim en 1808 jusqu’à Jean Kahn aujourd’hui, son efficacité ne s’est jamais démentie ». « Le Consistoire a permis l’insertion des juifs français dans le cadre politique et civil du pays sans reniement de leur foi ». « Le patriotisme de la communauté juive n’a jamais fléchi ». « Je vous rend hommage à vous qui n’oubliez pas que la République a restauré les juifs dans leur pleine dignité de citoyens et qui continuez à vous reconnaitre en elle dans la confiance et dans l’honneur». Pour preuve, « après la seconde guerre mondiale, la communauté juive de France est la seule en Europe à avoir crû en nombre et en vigueur ». François Fillon a alors ajouté que « La France s’honore d’accueillir aujourd’hui la première communauté juive d’Europe », avant de préciser que « le Consistoire ne cesse de veiller sur cette communauté diverse et multiple». A propos de l’institution bicentenaire, François Fillon a déclaré que « Le Consistoire Central a su s’affirmer comme un interlocuteur stable et responsable de l’Etat avec lequel il n’a cessé d’entretenir des relations de travail constructives ». « Tout le conduit à jouer un rôle majeur dans cette laïcité positive que le Président de la République appelle de ses vœux ». « 200 ans après la question posée reste la même : comment vivre pleinement votre foi dans le respect des lois de la République ? Et la réponse de la République hier comme aujourd’hui tient en un mot : la laïcité. Je vous sait profondément attaché à cette laïcité ». Concernant « les étudiants juifs qui souhaitent concilier les contraintes de leurs études avec celles de leur foi », le Premier ministre a déclaré que « des solutions de bons sens doivent et peuvent être trouvées ». S’agissant des carrés confessionnels dans les cimetières, le Premier ministre a souligné la nécessité de « combiner le principe de la neutralité des cimetières et l’indispensable prise en compte des volontés du défunt notamment en matière religieuse ». « L’Etat s’efforcera de relayer à travers des préfets vos préoccupations auprès des élus lorsque cela sera nécessaire ».
Se félicitant du recul des actes antisémites en 2007 grâce notamment « à la mobilisation des forces de police et une réponse judiciaire spécifique contre ces types d’exaction », le Premier ministre a rappelé que « votre vigilance ne faiblira jamais, elle reste entière et combative ».
Et en conclusion, « Rien dans la République ne doit inquiéter la communauté juive parce que l’avenir se décide avec elle. Je veux dire aux juifs de France qu’ils ont raison d’aimer la République. Je veux vous dire que vous êtres une des forces, l’une des armes, de notre maison commune, la France ».
Après que le grand rabbin de la synagogue de la Victoire Gilles Bernheim ait prononcé la prière pour la République, le grand rabbin de Paris David Messas a pour sa part déclaré que « c’est avec une grande émotion que je viens ici célébrer l’anniversaire d’un mariage qui dure depuis deux siècles. Deux siècles de rencontre de complicité, de combats communs. Un mariage qui continue à vivre et à se développer. La communauté juive de France et la République devaient se rencontrer, car elles expriment les mêmes valeurs. ». Et de préciser que « l’intégration ne signifie pas l’assimilation et l’émancipation n’est pas source de disparition, au contraire ».
Enfin, le grand rabbin de France Joseph Sitruk a exprimé son émotion face à cette « cérémonie profonde et historique ». Rappelant les propos du prophète Jérémie « Aimez le pays dans lequel vous êtes », il a précisé que les juifs de France ont été les disciples de Jérémie et qu’en retour les juifs ont été accueillis en France avec fraternité, dans la liberté et l’égalité. Mais les juifs ne sont pas venus les mains vides, ils ont apporté cette inspiration profonde des droits de l’Homme, son apport intellectuel et spirituel, et sa méthodologie – passer de l’universel au particulier ». Et de suggérer au Premier ministre d’aller plus loin dans cette méthodologie, « dans notre tradition juive, avant de parler des droits de l’homme, on parle des devoirs de l’homme ; si j’ai le droit d’être un homme, j’ai le devoir de le rester ». Et de conclure en déclarant que « les consistoires, comme l’école rabbinique de France, continuent d’incarner les valeurs de notre pays au quotidien dans la compatibilité nécessaire de l’homme et Dieu ». Cette cérémonie, marquée par une très grande solennité et une très grande émotion, a également permis d'apprécier un programme artistique composé de pièces classiques interprétées par Emmanuelle Souffan, organiste titulaire de la Victoire et de morceaux de musiques juives d'Europe par l'orchestre Sirba Octet. La grande synagogue de la Victoire a vibré au cours de cette célébration au son mêlé du souvenir des deux cents ans passés et de l'espérance d'une nouvelle page qui s'ouvre pour le Consistoire, la communauté juive de France et la République.
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