Reuters - Jeudi 8 mai, 21h03PARIS (Reuters) - Le Parti socialiste a accusé jeudi Nicolas Sarkozy de "dérive" partisane, au lendemain des propos du président contre ses prédécesseurs, la presse et Ségolène Royal, rapportés par des députés UMP à l'issue d'un déjeuner la veille à l'Elysée.
L'avocat de la présidente de Poitou-Charentes a par ailleurs annoncé le dépôt "dans les jours qui viennent" d'une plainte pour diffamation contre l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui l'avait accusée de "délinquance sociale" après sa condamnation pour salaires non versés.
Lors d'un déjeuner-débat avec les parlementaires de l'UMP mercredi, Nicolas Sarkozy a sévèrement critiqué la presse, selon plusieurs participants, la jugeant trop clémente avec Ségolène Royal dans cette affaire et, plus globalement, partisane.
Pendant cette rencontre, le chef de l'Etat s'en est également pris à ses prédécesseurs, du général de Gaulle à Jacques Chirac qu'il a accusé, selon plusieurs participants, d'avoir "mal gouverné la France".
Pour Julien Dray, porte-parole du PS, le chef de l'Etat a transformé le palais présidentiel "en local de l'UMP".
Dans un communiqué, il dénonce des "propos qui traduisent une dérive préoccupante de celui qui devrait être le premier des Français, au-dessus des contingences partisanes et des intérêts personnels".
Un président de la République ne peut réduire "son discours et son analyse politique à une chicaya de basse-cour contre son prédécesseur et contre son adversaire à la dernière élection" présidentielle, poursuit-il.
Le porte-parole du PS demande à Nicolas Sarkozy "de se concentrer sur l'exercice de ses fonctions naturelles de modérateur et de régulateur, et de ne pas doubler les très graves difficultés économiques et sociales que traverse notre pays d'une crise politique et institutionnelle".
"FÉBRILITÉ"
"Plutôt que de se plaindre des médias et d'en faire les boucs émissaires de son impopularité, Nicolas Sarkozy ferait mieux de s'occuper des Français", juge de son côté Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal.
" Ces déclarations rapportées sont le signe de l'extrême fébrilité qui règne à la tête de l'Etat. La séquence 'calme et sérénité' que le président était censé avoir ouverte aura été bien vite refermée", ajoute le député des Alpes-de-Haute-Provence.
"Outre que le chef de l'Etat n'est pas le rédacteur en chef de la presse française, il n'est pas décent de sa part de réduire un arrêt de cour à un tract de son parti politique", souligne pour sa parti Jean-Pierre Mignard, avocat de Ségolène Royal en référence au jugement de la cour d'appel de Rennes du 10 avril.
Au terme d'une dizaine d'années de procédure, Ségolène Royal a été condamnée à verser plusieurs mois de salaires impayés à deux anciennes attachées parlementaires.
Jean-Pierre Raffarin, ancien président de Poitou-Charentes, avait alors réclamé la démission de Ségolène Royal dénonçant une "faute majeure" et un cas de "délinquance sociale".
Pour Me Mignard, ces qualificatifs sont diffamatoires "et utilisés avec l'évidente volonté de nuire".
L'avocat précise dans un communiqué que l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle va se pourvoir en cassation du jugement mais que ses anciennes collaboratrices "recevront l'intégralité de leur dû".
"La question de principe sera reposée au regard de cette pitoyable exploitation partisane", écrit-il.