PARIS (AFP) - Le rejet, momentané, du projet de loi sur les OGM constitue, après toute une série de couacs, un nouveau coup dur pour la majorité et met en difficulté le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, qui est déjà critiqué jusqu'à l'Elysée.
La motion de procédure PCF a été votée à une seule voix de majorité,
signe que les députés UMP n'étaient pas assez nombreux dans l'hémicycle. Le groupe avait pourtant promis, à la mi-journée, d'être "mobilisé" sur le texte. Après ce coup de tonnerre, alors que la gauche exultait, les députés de droite et le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Roger Karoutchi, affichaient une mine déconfite.
Ils ont tenté de faire contre mauvaise fortune bon coeur en annonçant aussitôt que le texte reprendrait son cours au plus vite et serait définitivement voté dans les prochaines semaines.
Cette nouvelle tension dans la majorité intervient moins d'une semaine après le rappel à l'ordre lancé par Nicolas Sarkozy aux députés UMP qu'il recevait à l'occasion du premier anniversaire de sa victoire.
Sitôt le texte rejeté, la chasse au coupable a commencé et de nombreux regards se tournaient vers M. Copé, accusé de ne pas mobiliser suffisamment ses troupes.
"On va tous vous trancher la gorge", a ainsi lancé, dans un sourire figé, un ministre à l'un des proches de M. Copé dans les couloirs de l'Assemblée.
Selon plusieurs sources, M. Sarkozy et François Fillon ont aussitôt téléphoné à M. Copé pour "lui passer un savon". "Il y a quand même un problème de gestion du groupe", a déclaré à l'AFP une source gouvernementale.
"Si Sarkozy peut se débarrasser de Copé à cette occasion, il n'hésitera pas", a estimé une autre source.
Selon Le Canard Enchaîné, M. Copé avait déjà beaucoup agacé le chef de l'Etat, fin avril, en déclarant qu'il n'existait pas de majorité au sein du groupe UMP pour voter, en l'état, le texte sur la réforme des institutions.
A l'automne, l'Elysée n'avait pas non plus apprécié plusieurs "manquements" de la majorité sur les tests ADN, le financement du Nouveau Centre ou encore pendant les débats sur le projet de loi Sécu.
M. Copé avait toutefois réussi à redresser la barre en se faisant accepter par ses troupes au départ critiques et en s'imposant comme l'un des hommes forts de la majorité.
Le texte sur les OGM réussit décidément mal à la majorité. En première lecture, les déclarations de Nathalie Kosciusko-Morizet (Ecologie), accusant son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, et M. Copé de "lâcheté", avaient entraîné un psychodrame au Palais Bourbon.
Alors que son entourage semblait abattu, M. Copé a lancé: "j'assume mes responsabilités. Les blâmes, j'y suis habitué. La définition de +tenir son groupe+ est beaucoup plus complexe que certains ne le pensent".
"C'est une manoeuvre de l'opposition, même si j'ai bien compris qu'elle était de bonne guerre", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Les derniers décomptes faisaient état de 105 députés présents à droite et 75 à gauche. Nous n'étions donc pas inquiets. On ne comprend pas comment on arrive à ce résultat", a-t-on avancé dans l'entourage de M. Copé avant d'ajouter: "c'est la preuve que le groupe UMP est vraiment très divisé sur les OGM".
Cette passe d'armes gauche-droite tombe au plus mal à une semaine du débat sur la réforme constitutionnelle, qui nécessite un consensus ou du moins la neutralité bienveillante de la gauche.