JERUSALEM (AFP) - Le président George W. Bush a été, peu après son arrivée mercredi à Jérusalem, confronté aux violences israélo-palestiniennes, alors même qu'il venait affirmer son espoir en un accord de paix malgré un pessimisme largement répandu.
Venu à la fois participer aux célébrations du 60ème anniversaire d'Israël et aider Israéliens et Palestiniens à conclure un accord de paix avant la fin de son mandat, en janvier 2009, M. Bush a parlé "d'espoir" et de "l'optimisme" que lui inspirait l'histoire d'Israël, comme seule véritable démocratie au Proche-Orient. "Ce qui s'est passé ici est possible partout ailleurs", a-t-il proclamé, s'attirant la colère des Palestiniens.
Mais sur le terrain, une roquette tirée de la bande de Gaza, territoire contrôlé par l'organisation radicale anti-israélienne Hamas, s'abattait sur un centre commercial d'Ashkelon (sud d'Israël) et faisait 14 blessés, dont quatre graves, selon les services de secours israéliens.
Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et les Comités de résistance populaire (CRP) ont revendiqué dans des communiqués cette attaque, saluée par la branche militaire du Hamas.
Quatre Palestiniens, dont trois membres du Hamas, ont été tués plus tôt lors d'opérations de l'armée israélienne à Gaza, selon les services d'urgence palestiniens.
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a qualifié l'attaque d'Ashkelon "d'absolument intolérable et inacceptable. Le gouvernement d'Israël est déterminé à ce que cela cesse et nous prendrons les mesures nécessaires jusqu'à ce que cela cesse".
Sans faire explicitement référence à ce tir de roquette, M. Bush a affirmé la nécessité de se montrer "fermes" et "forts face à ceux qui assassinent des innocents pour atteindre leurs objectifs". Il avait dit plus tôt l'intention des Etats-Unis de se tenir "fermement aux côtés d'Israël aussi bien qu'aux côtés des Palestiniens qui ne partagent pas (la) vision" du Hamas.
Un porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe, a clairement condamné l'attaque "terroriste" en l'imputant au Hamas que la paix "n'intéresse pas".
La visite de trois jours de M. Bush en Israël, la deuxième en quatre mois, s'annonçait déjà sous de sombres auspices, avec des négociations de paix qui piétinent, les nouveaux soupçons de corruption qui pèsent sur M. Olmert et d'alarmantes tensions chez le voisin libanais.
Mais elle s'est en plus accompagnée de réactions indignées chez les Palestiniens et les Arabes israéliens à la participation de M. Bush à l'anniversaire de ce qu'ils considèrent eux comme la "Nakba", la "catastrophe".
A l'occasion de ses entretiens avec le président israélien Shimon Peres et M. Olmert, M. Bush a décrit un accord de paix comme une "vision" à laquelle adhèreraient les Palestiniens "raisonnables", à la différence de ceux du Hamas dont "l'objectif déclaré (...) est la destruction d'Israël".
Il a inscrit un tel accord dans le contexte plus large de l'engagement des Etats-Unis en faveur de la démocratie au Proche-Orient.
Il a ainsi assuré le soutien des Etats-Unis, à Israël face à la "menace existante d'une arme nucléaire iranienne", et au gouvernement pro-occidental libanais face au Hezbollah, organisation soutenue par l'Iran et la Syrie.
"Le Hezbollah, qui est soi-disant le protecteur des Libanais contre Israël, s'est maintenant retourné contre son propre peuple", a dit M. Bush qui a dénoncé la situation au Liban comme une entreprise iranienne pour "déstabiliser cette jeune démocratie".
Le président ultraconservateur iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a dit à plusieurs reprises qu'Israël devait être "rayé de la carte", a affirmé que les peuples de la région "déracineront" l'Etat hébreu à la première occasion.
"Nous ne souhaitons pas la bienvenue à Bush et aux présidents hypocrites qui veulent faire plaisir au diable américain", a dit le plus influent des chefs du Hamas à Gaza, Mahmoud Zahar, lors d'une cérémonie à l'occasion de la "Nakba", la "catastrophe" que fut pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948.
Les Palestiniens ont prévu des manifestations jeudi à Gaza et en Cisjordanie pour marquer la "Nakba".
Le même jour, M. Bush prononcera son premier discours devant la Knesset, qui sera boycotté par les députés arabes israéliens.