Lutte contre les violences
Les mariages forcés
Données statistiques :
D'après le GAMS (Groupe pour l'abolition des mutilations sexuelles), on évalue à 70 000 le nombre d'adolescentes de 10 à 18 ans potentiellement menacées, toute communautés confondues, domiciliées en Ile-de-France et dans six départements à forte population immigrée (Nord, Oise, Seine-Maritime, Eure, Rhône, Bouches-du-Rhône).
Si le phénomène est difficile à recenser, car le sujet est tabou, toutes les associations constatent une hausse des mariages forcés dans toutes les communautés où ils sont pratiqués, qu'elles soient originaires de Turquie, du Maghreb, d'Afrique noire ou d'Asie. Pour le GAMS, cette augmentation s'explique d'abord pour des raisons démographiques mais aussi administratives : en effet, les jeunes filles nées de la politique de regroupement familial au début des années quatre-vingt arrivent aujourd'hui à l'âge du mariage. Pour les époux venus de l'étranger, c'est aussi une stratégie d'obtention des papiers.
D'après l'association ELELE, aujourd'hui 94% des garçons et 98% des filles d'origine turque ayant grandi en France sont victimes à l'âge de 18 ou 19 ans de mariages arrangés avec de jeunes Turcs. Il s'agit souvent d'unions avec le cousin germain ou la cousine germaine maternelle.
Selon la génération, l'intensité de la pratique religieuse* et la position sociale, selon le sexe de la personne, selon la région d'où ces populations ont émigré, selon le modèle d'éducation choisi, les relations matrimoniales différent, pouvant aller dans les situations extrêmes jusqu'à la séquestration ou le retour forcé au pays d'origine de la jeune fille.
L'immense majorité des filles acceptent le mariage parce qu'elles sont jeunes et redoutent la rupture avec la famille. Souvent quelques années après l'union, elles en ont assez et se rebellent, car les mariages forcés aboutissent souvent à des violences conjugales. Parfois, elles parviennent à divorcer et se réconcilient quelques années plus tard avec leurs parents. Mais certaines sombrent dans la dépression, multiplient les fugues ou les tentatives de suicide, voire finissent par se prostituer.
*la pratique religieuse : elle n'est pas nommée, mais il s'agit de l'islam
...