modifier la Loi du Retour ?
9 juillet 2008
Qui aurait osé penser un jour que notre pays aurait à voter une loi contre le nazisme ? Et bien voila, c’est fait !
Comment pouvait-on décemment accepter que le foyer juif possède en son sein une mouvance neo-nazie ? Il était presque impossible d’intégrer une telle idée. Et pourtant, aujourd’hui, en Israël et en 2008, le phénomène est bien vivant.
Avraham Lewin, traversait un parc de Petah Tikva lorsqu’il aperçut deux adolescents d’environ 15-16 ans, au crâne rasé. Il venait de terminer son étude dans son kolel. “Ils ont commencé à se moquer de moi et à faire des remarques sur les ‘yids’. Puis ils se sont mis à me lancer des pierres”. Avraham raconte qu’il ne s’est pas laissé faire, a renvoyé lui aussi des pierres, jusqu’au moment où l’un des deux garçons s’enfuit.
Quelques minutes après l’incident, Lewin se dirige vers une artère principale, blessé à la jambe. Il aperçoit alors les deux adolescents, courant vers lui, des battes en bois à la main. Les agresseurs le rouent de coups. La main fracturée, il hurle à l’aide, des personnes accourent à son secours et les deux responsables s’enfuient aussitôt. “
Avraham découvre, après de multiples investigations, qu’un “gang de Pétah Tikva”, sévit dans la ville, composé exclusivement de jeunes immigrants russes. Huit sont accusés de faire partie d’une organisation néo nazie, coupable de violences commises sur des étrangers, des homosexuels, des désœuvrés ou des harédim (orthodoxes). En outre, ce “gang” est déclaré responsable d’actes de vandalisme sur des synagogues proches de Pétah Tikva.
Les plaintes se multiplient, à travers le pays : graffitis dans la gare centrale de Tel Aviv, Haïfa et sa banlieue, quartiers de Jérusalem comme Armon Hanatsiv, Névé Yaacov ou Pisgat Zéev. L’Etat d’Israël se retrouve aujourd’hui face à un phénomène nouveau, qui remet surtout en question l’un des fondements mêmes de son existence : la loi du retour. “Il est tout simplement impensable qu’au sein même de notre pays, se trouvent des individus venus émigrer en Israël en vertu de la Loi du retour, qui ont profité de cet avantage pour menacer notre peuple dans ce qu’il a de plus intime et douloureux. Des profanations de synagogues ou de cimetières par des croix gammées. Nul doute qu’il s’agit à chaque fois d’un réel antisémitisme qu’il convient de combattre
La donne est donc claire, et sans risquer de tomber dans l’amalgame de la stigmatisation de toute la communauté d’origine russe.
Israël se place aujourd’hui devant une alternative des plus complexes : faut-il modifier une Loi du retour qui permet une immigration parfois dangereuse et dont l’origine juive fait souvent défaut, ou bien doit-on continuer à minimiser un phénomène pourtant grandissant ?
Par Raphael Aouate
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