PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy se fait le porte-parole d'un clan et s'attaque jour après jour à tout ce qui charpente la société française, armée, syndicats et service public, estime François Bayrou.
"Au lieu d'être l'homme de la nation, il se fait le porte-parole d'un clan. Il n'est plus la figure du rassemblement et de la réconciliation. Il devient une figure d'affrontement et de fracture", estime le président du MoDem dans une interview au Figaro, à paraître jeudi.
Pour François Bayrou, "c'est la fonction elle-même qui est ainsi mise en cause."
De même, le dirigeant centriste voit un "très mauvais signe" dans l'aggravation du déficit français "qui était en mai 2007 de 40 milliards d'euros - c'était déjà trop - et en mai 2008, après exactement un an de pouvoir, de 50 milliards.".
"Deuxièmement, jour après jour, on attaque tout ce qui charpentait solidement la société française, les fondations du modèle français", ajoute-t-il.
François Bayrou déplore "une série d'attaques blessantes contre l'armée, non seulement des mots très durs et offensants, mais une enquête de contre-espionnage pour identifier des officiers généraux qui ont livré au Figaro une analyse critique du livre blanc !".
"Le lendemain même, l'annonce d'un plan sans précédent de prise de contrôle de l'audiovisuel, l'arrêt des recettes publicitaires dirigées vers les chaînes privées et la décision de nommer le président de France Télévisions par le pouvoir. Enfin, le ricanement humiliant pour les syndicats et les grévistes", ajoute-t-il.
Prié de dire si tout cela pourrait le conduire à faire alliance avec le Parti socialiste qui a également reproché au chef de l'Etat de se comporter en "chef de clan", François Bayrou répond : "Pour proposer au pays un destin autre que celui vers lequel on l'amène, il faudra des alliances larges."
"Les socialistes sont aujourd'hui devant de grandes difficultés de ligne et aussi de leadership. Donc, pour l'instant, ils s'enferment. Mais un jour, ils seront bien obligés d'ouvrir les yeux", ajoute-t-il.
François Bayrou dit également penser aux gaullistes qui vont vivre "le choc du retour de la France dans le commandement intégré de l'Otan et le renoncement de ce qui faisait, symboliquement, l'originalité de la France dans le monde." "Un jour, tous ceux-là se ressaisiront", dit-il.
Gérard Bon