Yael Naim à Tel Aviv : une nouvelle langue est née
Par Hélène David pour Guysen International News
Dimanche 3 août 2008 à 12:13
Ce samedi se produisait à Tel Aviv, dans le cadre charmant de l'amphithéâtre en plein air du Park Hayarkon, la pétillante franco-israélienne Yael Naïm, accompagnée de ses trois musiciens. Manifestement émue et ravie d'être de retour dans le pays où elle a grandi, en tant que chanteuse connue et reconnue, elle a déployé hier soir des trésors d'inventivité, une énergie hors du commun, une joie de vivre communicative et surtout a habité les lieux de sa voix envoutante.
Devant sa famille et ses amis qu'elle a salué à plusieurs reprises, elle s'est exprimée en hébreu, partageant des anecdotes concernant l'écriture de ses chansons, son quotidien ou son séjour en Israël –lors duquel, dit-elle, elle s'est fait des cloques en courant sur la plage…
C'est lorsque David Donatien fait la démonstration de ses talents d'hébraïsant et prend finalement la parole en anglais, qu'ils réalisent que près de la moitié du public est francophone. « On a pris l'avion pendant quatre heures, on est venu jusqu'ici et voilà le résultat ! » dira celui avec lequel Yael a écrit son premier album et qui sur scène, accompagne la chanteuse à la batterie et aux percussions.
Dans un premier temps plutôt réservé bien qu'enchanté, c'est debout et frappant des mains que le public a achevé ce concert. Preuve que derrière ce petit bout de femme ne se cache pas seulement une voix unique et un songwriting inimitable, mais aussi une véritable performeuse, qui n'hésite pas à se faire tour à tour clown, chef d'orchestre, danseuse.
Passant de la guitare, au piano ou au Yukulélé avec une virtuosité déconcertante, Yaël Naïm a joué son album éponyme, ses chansons caressantes, parfois mélancoliques, toujours malignes, nous a fait cadeau de la délicieuse reprise de Toxic de « sa copine » Britney Spears - dont on ne pensait pas que les chansons pourraient un jour nous donner la chaire de poule - et, pendant près de deux heures, a fait la démonstration, devant un public d'avance conquis, de l'étendue de son talent.
Née à Paris, elle quitte la France à l'âge de quatre ans pour s'installer, avec ses parents d'origine tunisienne en Israël où elle restera jusqu'à ses 22 ans. Pendant son service militaire, elle fonde le groupe Anti Collision, avec lequel elle parcourt les scènes des clubs israéliens.
Elle poursuit ensuite en France avec un album intitulé In Man's Wombs qui ne rencontrera pas son public. Et c'est dans le rôle de Miriam, dans la comédie musicale de Pascal Obispo et Elie Chouraquie Les 10 commandements qu'elle commencera à se faire connaître.
La suite est digne des plus belles success stories : un album composé de chansons écrites pendant des nuits blanches, suite à un chagrin d'amour, une rencontre avec David Donatien en qui elle trouve un alter-égo artistique, et quelques tubes, qui conquièrent à une vitesse folle le cœur du public français puis international.
Sa chanson New Soul est choisie pour illustrer une publicité pour un ordinateur Mac, et elle entre dans les charts internationaux, notamment à la dixième place du Billboard Hot 100.
Une telle réussite n'est pas due au hasard, mais à un talent et un charme auxquels on ne peut rester indifférent.
De sa voix aux accents jazzy, aux couleurs chaudes et à l'émouvante pureté, Yael Naïm a dessiné les contours d'un nouveau langage. Un langage de musique où l'on parle indifféremment l'hébreu, le français ou l'anglais et qui conduit, invariablement au frisson des harmonies parfaites, des sonorités gracieuses, des notes immaculées.