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Pourquoi McCain peut gagner
Par Ivan Rioufol le 4 août 2008 0h01 | Lien permanent | Commentaires (149) | Trackbacks (0)
Dans mon dernier bloc-notes, je m’étonnais du peu d’empressement des médias à admettre la défaite d’al-Qaida en Irak (qui signe encore, néanmoins, quelques attentats) et donc la victoire des Etats-Unis. Or, l'évidence commence à ébranler les récitations sur le "chaos" et le "bourbier" irakien. Vendredi, Libération constatait, dans un papier en bas de page: "Il est trop tôt pour le dire de façon certaine, mais il semble bien que les Etats-Unis ont remporté la guerre contre al-Qaida en Irak (..)". Ce week-end, dans Le Figaro, mon excellent confrère Alexandre Adler, familier des solitaires chemins de traverse, titrait sa chronique: "Les bons points de George W. Bush", ce qui donne de l’urticaire à la légion des anti-bushistes convaincus que l’Histoire l’a déjà oublié.
Ceux-là assurent, dans la foulée, que le rejet de la politique "néoconservatrice" est tel que Barack Obama ne peut que gagner la présidentielle américaine. "Pourquoi je parie sur la victoire de Barack Obama", soutient Bernard-Henri Lévy, dans son bloc-notes du Point du 3 juillet. Nicolas Sarkozy déclare, accueillant à Paris le candidat démocrate: "Obama, c’est mon copain", ce qu’il s’est gardé de dire du républicain John McCain. La majorité des médias réagit comme si la victoire d'’Obama était acquise, en lui consacrant une place et une écoute prépondérantes. Les sondages, qui soulignent régulièrement l’écart entre les deux hommes, encouragent cette pensée unique, spécialité française que l'Europe semble vouloir adopter.
Pourtant, je persiste à penser que John McCain peut gagner. La "révolution conservatrice", qui porte les Républicains depuis Ronald Reagan, n’a probablement pas fini sa course, contrairement à ce que laisse entendre BHL. J’observe d’ailleurs qu’Obama, après s'être opposé à l'efficace renfort des troupes en Irak, est en train de se faire plus bushiste que Bush, en réclamant la peine de mort pour les violeurs d’enfants, en se disant favorable au port d’armes et aux écoutes téléphoniques, en reconnaissant le rôle des communautés religieuses dans les aides sociales ou, dans son discours de Berlin du 24 juillet, en appelant les Européens à renforcer leur combat ( "le travail doit être fait") contre les talibans et al-Qaida en Afghanistan. Obama, talentueux illusionniste?