les elections et les senegalais

LCI.fr : Bien que leur pays soit également en campagne électorale*, les Sénégalais s'intéressent-ils à l'élection présidentielle française ?
Barka Ba, journaliste au Nouvel Horizon : Oui. Les liens et les rapports entre notre deux pays sont anciens, affectifs et particuliers. Même si nous avons nos propres préoccupations -avec effectivement notre propre présidentielle-, tout ce qui se passe en France nous intéresse. C'est d'autant plus vrai lorsque vous élisez votre nouveau président.
LCI.fr : Quel regard portent les Sénégalais sur les thèmes de la campagne ?
B.B. : Le débat sur la politique intérieure française (fiscalité, éducation...) ne les intéressent pas. Ils se penchent surtout sur les propositions en matière d'immigration. Ils souhaitent que la France assouplisse les lois en la matière, qu'elle se montre moins frileuse et plus attractive. Et sur ce point de vue, Ségolène Royal, qui née au Sénégal, est leur candidate préférée. On a pu le voir quand elle est venue ici à l'automne dernier. Le pays est alors tombé dans la "Ségomania". A l'opposé, Nicolas Sarkozy fait peur. Sa personnalité est rejetée, il est perçu comme "l'empêcheur d'immigrer en rond". Dans les esprits, il a remplacé Charles Pasqua comme repoussoir des Africains alors que Ségolène Royal est celle qui les défend.
LCI.fr : Quel avis portez-vous sur le traitement médiatique de la campagne ?
B.B. : Je suis très dubitatif. Je ne comprends pas la manière dont les médias français se polarisent sur le débat Sarkozy-Royal. Les autres candidats ne sont pas entendus. Bayrou a ainsi un discours intéressant mais il est quasiment inaudible tellement le débat est concentré sur "Ségo ou Sarko". Cela donne l'impression désagréable que les médias veulent choisir à la place des électeurs.
Et cela induit un effet pervers dans notre pays : comme la plupart des médias sénégalais ne peuvent pas se payer le luxe d'avoir un correspondant à Paris, ils se reposent sur les dépêches. Or comme celles-ci sont focalisées sur Sarkozy et Royal, c'est aussi difficile pour nous d'échapper à ce duo.


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