commencez pas à râler!
Cet article est d¹abord la recension d¹un nouveau livre de l¹historien Benny
Morris sur la guerre de 1948. Or, tout nouveau travail de Morris représente
un événement, compte tenu du sérieux de son travail et des sujets sensibles
qu¹il traite, même si l¹on peut avoir des désaccords avec lui sur ses prises
de position récentes en tant que citoyen. Il est évident que le conflit
israélo-palestinien, et plus généralement israélo-arabe, est toujours marqué
par cette guerre et par ses conséquences, dont l¹exode palestinien et la
détermination des frontières d¹avant 1967. Morris analyse en détail
stratégies, diplomatie, faits militaires, massacres, expulsions, et tout ce
qui fait encore débat aujourd¹hui, souvent avec un ¦il nouveau. Il poursuit
son ¦uvre de déconstruction des "mythes fondateurs" (d¹un côté comme de
l¹autre) Mais Ben-Ami, auteur de l¹article, ne se contente pas d¹une
recension. Il critique certaines analyses, tire des conclusions politiques
et offre des perspectives, parfois en contradiction avec celles de
l¹historien, y compris sur la nature du sionisme, dont la pensée s¹est
"fossilisée", selon Ben-Ami. A lire absolument, qu¹on connaisse bien
l¹histoire de cette guerre fondatrice de tant d¹événements qui ont suivi ou
pas, car "le passé étend encore son ombre sur le présent de manière
troublante".
Compte tenu de sa longueur, sa lecture vous est proposée sur notre site :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1840
Et ne vous laissez pas rebuter par la longueur et la densitéŠ
Bonne lecture.
En voici tout de même les premiers paragraphes :
Depuis 60 ans, Israéliens et Palestiniens se servent du passé pour éclairer
le présent et conférer une légitimité aux mythes fondateurs de leurs nations
respectives. Bien sûr, les sionistes et les nationalistes palestiniens n¹ont
pas été les premiers à embellir l¹histoire de la naissance de leur nation ou
trouver des excuses à leur tragédie. Au fil de l¹Histoire, des nations sont
nées dans le sang, voire dans le péché. C¹est la raison pour laquelle, comme
l¹a écrit Ernest Renan, elles ont tendance à mentir sur leur passé.
La naissance de l¹Etat d¹Israël en 1948 a longtemps fait l¹objet d¹une
historiographie auto-congratulatrice de la part du vainqueur et d¹histoires
remplies de plaintes de la part de Palestiniens déshérités. Pour les
Israéliens, la guerre de 1948 fut une lutte désespérée pour la survie dont
l¹issue a été une victoire quasi miraculeuse. Dans le monde arabe, on tend,
pour expliquer cette même guerre, à avoir recours à des théories du complot
et à éviter toute responsabilité dans la défaite arabe. Des deux côtés,
l¹écriture de l¹Histoire a fait partie d¹une quête nationaliste et
non-critique de légitimité.
Refusant d¹admettre que le noble rêve juif d¹un Etat ait été entaché par les
méfaits commis lors de la naissance d¹Israël, et voulant à tout prix nier la
centralité du problème palestinien dans le conflit élargi du Moyen-Orient,
les Israéliens ont préféré s¹en tenir à leur lutte pour l¹indépendance
contre des armées arabes d¹invasion censées être supérieures. Or, c¹est sans
doute la guerre entre la population palestinienne « indigène » et le Yishouv
(communauté juive organisée de Palestine) qui a constitué la phase la plus
virulente de ce conflit. Ce fut pendant cette période, entre le 30 novembre
1947 et le 15 mai 1948, que le sort de l¹Etat juif encore à naître a semblé
ne tenir qu¹à un fil. Et pourtant, la pensée, répandue et cultivée depuis, a
refoulé le souvenir de cette bataille pour se focaliser sur la résistance
héroïque d¹un Yishouv minuscule face aux armées arabes d¹invasion, lors de
la deuxième phase du conflit, soit entre le 15 mai 1948 et le printemps
1949. Une fois la guerre terminée, le problème palestinien a pratiquement
disparu du débat public en Israël, ou alors, il était qualifié de termes
commodes comme un problème de "réfugiés" ou d¹"infiltrés". C¹était comme
s¹il n¹y avait jamais eu de conflit israélo-palestinien ou de peuple
palestinien. Comme l¹avait dit Golda Meir dans sa fameuse phrase, "ils
n¹existaient pas".
Pour lire la suite : http://www.lapaixmaintenant.org/article1840