peut on rire de tout?
Télévision israélienne : peut-on se moquer de tout ?
Shraga Blum
mardi 6 février 2007 - 12:57
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L’émission satirique «Erets Nehederet» («Un pays merveilleux») est l’une des émissions les plus suivies par le public israélien, et ceci pour trois raisons : elle est diffusée le vendredi soir, et elle est objectivement (à ce qu’on en dit) de bonne qualité, et elle répondrait à un besoin profond de la population. Selon les spécialistes de l’audiovisuel, elle constitue un «exutoire» national, un moment phare dans la vie de la collectivité israélienne qui lui permet de se défouler dans l’humour de tous les problèmes qui la taraudent au quotidien. Le choix de diffuser une telle «émission cathartique» un vendredi soir est déjà en soi un message inconscient selon lequel le monde religieux ne fait pas entièrement partie de la collectivité.
Mais en plus du moment, c’est le contenu de cette émission qui commence à poser problème : qui dit satire, pose inévitablement la question des limites du bon goût et de la sensibilité des téléspectateurs.
Bien que cette émission ne soit pas regardée par le public religieux, le site Internet du mouvement «Shass» publie actuellement une information selon laquelle de plus en plus de lettres de protestations arrivent au siège du parti, venant de personnes qui se sentent outrées ou blessées par certains passages de l’émission.
Sur son site, la formation d’Elie Yishaï déclare de manière catégorique «Cette émission bafoue les valeurs les plus sacrées du Judaïsme, et nous, cela ne nous fait pas rire». Certes, l’accusation principale concerne la raillerie de la tradition juive, comme la prononciation fréquente du nom de D-ieu ou la parodie d’une montée d’un Bar-Mitsva à la Thora, mais les griefs ne se réduisent pas au thème religieux : le site s’interroge aussi sur le fait de «parler de l’anorexie en termes élogieux, de comparer Avigdor Lieberman à Hitler, de montrer une parodie sur les soldats kidnappés» pendant des heures de si grande écoute, uniquement à des fins d’audience.
Cette réaction montre du doigt les limites de la liberté, et la responsabilité énorme qui se trouve entre les mains des détenteurs du pouvoir audiovisuel. Malheureusement, on constate que les notions de démocratie et de liberté sont systématiquement poussées à l’extrême en Israël, au point de porter préjudice aux valeurs qui ont fondé le Peuple juif. A cela, il faut rajouter la course effrénée au rendement entre les différentes chaînes de télévision, qui entraîne une surenchère constante dans le mauvais goût et la vulgarité de certains programmes.
Jusqu’à présent les organisateurs de cette émission n’ont pas daigné répondre aux questions d’éthique qui leur sont posées.
C’est vrai, on a l’habitude de dire que l’humour juif est fait d’autodérision, mais cet humour traditionnel et de bon goût ne tombe jamais dans le dénigrement de soi ou dans le piétinement des valeurs juives traditionnelles. Ceux qui détiennent depuis des décennies les rênes de l’audiovisuel exercent malheureusement une dictature politique, culturelle et intellectuelle sur la population à laquelle il n’a pas encore été trouvé de réponse satisfaisante.
Ceux qui rient de tout finiront pas renoncer à tout.
arouts7
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